Investissement Québec contribue pour 25 millions au financement de 75 millions recueilli par l’entreprise montréalaise vouée à la décarbonation massive de l’atmosphère.

Le ciel s’éclaircit pour Deep Sky. L’entreprise montréalaise, qui nourrit l’ambitieux objectif d’éliminer le carbone atmosphérique à coup de milliards de tonnes, vient de s’en donner un peu plus les moyens : elle a recueilli un total de 75 millions de dollars dans son financement de série A.

Le financement comprend la conversion de la note convertible de sa ronde de démarrage de 17,7 millions et 57,5 millions en nouveaux capitaux. Par l’entremise d’Investissement Québec, le gouvernement du Québec apporte une contribution sous forme de souscription à des actions privilégiées d’un montant maximal de 25 millions de dollars.

La ronde était dirigée conjointement par Brightspark Ventures et Whitecap Venture Partners, avec l’apport, outre Investissement Québec, d’OMERS Ventures et du Fonds Technologies pour le climat de la Banque de développement du Canada (BDC).

« C’est définitivement une des plus grosses rondes de financement pour une entreprise en démarrage au Canada », commente le cofondateur et président du conseil de Deep Sky, Frédéric Lalonde.

Je pense que ça envoie le signal extrêmement important que non seulement le gouvernement, mais aussi les acteurs privés au Québec et au Canada comprennent l’importance du problème.

Frédéric Lalonde, cofondateur et président du conseil de Deep Sky

L’annonce en a été faite aujourd’hui en présence de Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), et de son collègue Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

« Ce n’est pas juste une question de capital », souligne Frédéric Lalonde.

« Le MEIE est le ministère qui a juridiction sur l’énergie et la géologie. Il faut comprendre qu’on a ici un partenariat qui est intégré, qui nous permet de passer à l’exécution. Ça change complètement la donne. Il n’y a aucune autre compagnie dans le monde qui a l’appui du gouvernement, et je pense que ça va être la clé de notre succès. »

Réunir les meilleures technologies

Cette pluie de dollars sur Deep Sky va lui permettre d’entreprendre la mise en place en 2024 de la première phase de son usine pilote, « dont l’objectif est d’aller chercher toutes les meilleures technologies de capture de carbone atmosphérique et océanique », décrit l’entrepreneur.

« On a au moins 15 compagnies avec lesquelles des ententes vont être signées. »

L’entreprise montréalaise vient de conclure un partenariat avec la firme californienne Equatic, pour la mise en place en 2024 d’une installation pilote qui capture le CO2 dans l’atmosphère et l’emprisonne dans l’océan.

En août, une entente avait été signée avec la toute jeune entreprise québécoise Exterra Solutions Carbone pour un projet de séquestration de quelques centaines de tonnes de carbone dans les résidus miniers de la région de Thetford Mines.

« Ce qui est important, ce n’est pas tant le nombre de tonnes qu’on capture au début », fait valoir Frédéric Lalonde.

Alors que les besoins de décarbonation atmosphérique se chiffrent en milliards de tonnes, « un site qui en capture 3000, c’est parfaitement insignifiant à l’échelle du problème. Mais parce qu’on va opérer en continu toutes les meilleures technologies de la planète, on va développer une compréhension intime des technologies qui fonctionnent et qui peuvent être amenées à pleine échelle. Et ça va nous permettre d’accélérer le passage d’un site qui traite quelques milliers de tonnes à plusieurs millions de tonnes. »

Des illustrations qui excitent

Fondée en septembre 2022, Deep Sky compte maintenant une vingtaine d’employés, dont une bonne proportion d’experts scientifiques.

Les illustrations prospectives de plus en plus élaborées qui ornent son site internet sont elles aussi des indices des ambitions croissantes de l’entreprise. De véritables cités futuristes vouées à la décarbonation y apparaissent maintenant.

IMAGE FOURNIE PAR DEEP SKY

Fondée en septembre 2022, Deep Sky compte maintenant une vingtaine d’employés, dont une bonne proportion d’experts scientifiques.

Elles sont issues de l’imagination du directeur de création Carl Robichaud, ami d’enfance de Frédéric Lalonde, avec lequel il avait fondé une agence de publicité web au milieu des années 1990.

« C’est un peu romantique, mais il y a un point important », indique celui-ci.

Deep Sky affrontait la difficulté d’évoquer ses projets publiquement sans tomber dans les projections apocalyptiques ou la technologie absconse.

« Il y a un problème d’acceptabilité sociale parce que les gens pensent qu’on s’apprête à installer une raffinerie dans leur cour. Alors que ce n’est pas le cas du tout. »

Outre le design de ses produits, Apple a soigné l’architecture de ses magasins et de son siège social, donne-t-il comme exemple.

« Les Américains ont compris ça depuis longtemps. Si les choses ont l’air d’un progrès technologique et donnent un aperçu du futur, les gens sont excités par ça. Si elles ont l’air rétrogrades ou industrielles, les gens sont méfiants. Et avec raison. »