Ils voulaient mettre la main à l’appât.

Les ingénieurs Hubert Simard et Jean-Nil Poirier Morissette, de la firme d’architecture navale Navanex, ont passé dix jours dans l’Atlantique Nord en janvier 2023 comme équipiers sur un navire de pêche de leur conception, afin de bien s’imprégner de la vie à bord.

« On avait une bonne compréhension de la façon dont les pêcheurs pêchent, raconte Hubert Simard, gestionnaire de projet chez Navanex, mais on a décidé d’aller faire une expérience terrain pour vraiment le comprendre et le sentir. »

Ils ont senti.

Dix jours de labeur et de Gravol. Des vents de 55 nœuds. Une houle jusqu’à 7 mètres.

Et ils ont appris. Beaucoup.

« Ça nous a pris une couple de jours pour s’en remettre, mais après ça, on savait de quoi on parlait. »

Ces enseignements sont concrétisés dans le nouveau navire multipêche qui est en cours de construction au Chantier naval Forillon, à Gaspé.

Temporairement nommé Optimum, le bateau de 27 mètres sera livré à Pêcherie Turbide, aux Îles-de-la-Madeleine, au printemps prochain.

« On l’a baptisé Optimum parce qu’il est vraiment optimal pour la capacité de pêche, la diminution des émissions de carbone, le rendement, l’ergonomie, indique Hubert Simard. On a mis beaucoup d’énergie pour améliorer plusieurs éléments qu’on avait identifiés. »

L’Optimum est un navire dit multipêche : il pourra pêcher le crabe des neiges au printemps, modifier son équipement de bord et se transformer en chalutier en hiver.

« Ce sont des bateaux qui sont faits et pensés pour pêcher toute l’année sans arrêter, informe l’ingénieur. On pense que c’est le type de bateau qui est nécessaire pour l’avenir. Les ressources sont changeantes, donc les bateaux ont besoin d’être les plus polyvalents possible. »

Il a été spécialement conçu pour le sébaste, qui est de retour en abondance dans le golfe et dont la pêche, sous moratoire depuis 1994, pourrait être réautorisée sous peu.

Navanex le présente comme « le premier bateau moderne dédié à la reprise de cette pêche ».

Ses cales sont équipées de nouveaux systèmes d’arrosage, de tri sans contact et de congélation qui conserveront aux sébastes morts leur belle couleur rouge vif.

« Je suis persuadé que ça va être une nouvelle référence de bateau de pêche dans le golfe », affirme l’ingénieur.

Des observations mises à profit

La firme d’architecture navale Navanex a été créée en 2019 comme division de Chantier naval Forillon, qui voulait offrir son expertise à l’externe.

Située à Gaspé, elle compte cinq employés – ingénieurs, technologues, architecte naval.

La conception de l’Optimum, quatrième d’une série lancée en 2016, a été entreprise à l’automne 2021.

« Quand on part au début, quand on dessine la coque, là, c’est vraiment le fun, commente joyeusement Hubert Simard. On lisse chaque petit point, un peu comme des tripeux. »

La coque de l’Optimum et son bulbe d’étrave ont été soigneusement raffinés avec des analyses d’écoulement de fluide pour réduire la consommation de carburant et, par conséquent, les émissions de gaz à effet de serre.

Le bulbe – rien à voir avec l’horticulture – est la protubérance arrondie qui prolonge l’étrave, à la surface de l’eau. Il procure de grands bénéfices hydrodynamiques, mais sur l’Optimum, il peut également être lesté d’eau pour servir de ballast.

« On peut ajuster la stabilité longitudinale du bateau. Si tu as trop de poids sur l’arrière, tu peux utiliser le bulbe d’étrave comme contrepoids. »

Les ailerons stabilisateurs latéraux, qui s’abaissent sous la ligne de flottaison pour réduire le roulis, s’encastrent dans la coque quand ils sont relevés, pour réduire la traînée.

L’ergonomie et la sécurité du pont de pêche, sur l’arrière de l’Optimum, ont fait l’objet de nombreuses améliorations issues des observations en mer des deux ingénieurs.

« En un seul voyage, on a vécu beaucoup de situations auxquelles les pêcheurs ne portent plus attention », explique Hubert Simard.

Ils ont également noté l’importance du champ de vision sur le pont arrière depuis la timonerie, qui a été configurée pour réduire les angles morts.

« Toutes les opérations de mise à l’eau et de remontée du chalut et de traitement du poisson, ça se fait tout à l’arrière », souligne-t-il.

Oh ! le beau bateau !

L’esthétique du navire – comme pour Picasso ou Braque, il faut éduquer son œil pour l’apprécier – n’est pas un aspect négligeable.

« On veut faire de belles réalisations, on ne veut pas juste que les bateaux soient efficaces, fait valoir Hubert Simard. Il y a beaucoup de fierté là-dedans. Les propriétaires sont super fiers de leur bateau. Nous, on est fiers de notre conception. Le chantier est fier de la qualité. »

Les couleurs du bateau ne sont pas les détails les moins disputés par le client.

« Les couleurs, c’est tout le temps long, ça », souligne Hubert Simard en riant.

« À un moment donné, on n’a pas le choix, il faut que je tranche. »

Un concepteur naval doit savoir mettre son pied à terre.

Deep Sky s’associe avec Equatic

IMAGE FOURNIE PAR DEEP SKY

Une illustration d’un projet pilote d’élimination du dioxyde de carbone et de production d’hydrogène d’Equatic à Singapour, dont la mise en train est prévue à Singapour d’ici 2025.

Deep Sky poursuit sa moisson de technologies et de partenariats. L’ambitieuse entreprise montréalaise, qui développe des projets tout aussi ambitieux d’élimination du dioxyde de carbone à l’échelle du milliard de tonnes, vient de conclure un partenariat avec la jeune entreprise californienne Equatic pour l’installation au Québec d’un système qui capture le CO2 dans l’atmosphère et l’emprisonne dans l’océan. Le procédé électrolytique le fixe de façon permanente sous forme d’ions bicarbonate dissous dans l’eau de mer et de carbonates minéraux solides. Le processus produit également de l’hydrogène. Equatic livrera une unité d’électrolyse qui sera exploitée dans l’installation pilote de Deep Sky au Québec en 2024. Le dispositif sera en mesure d’éliminer 365 tonnes de dioxyde de carbone par an (une tonne par jour, peut-on penser). Il s’agit de démontrer le potentiel de la technologie d’Equatic avant un déploiement à plus grande échelle – on vise 100 000 tonnes et plus par an. Créée et développée à l’Institut de gestion du carbone de l’université UCLA, la technologie d’Equatic figure dans la liste des 200 (!) meilleures inventions de 2023 publiée en octobre par le magazine Time.

Le Groupe Dimension Multi Vétérinaire est bien en selle

PHOTO FOURNIE PAR LE GROUPE DMV

Fondé à Montréal en 1993, le Groupe DMV se spécialise dans la gestion d’établissements vétérinaires.

Le Groupe Dimension Multi Vétérinaire (DMV) a les dents longues. Il vient de conclure un partenariat financier avec un groupe d’investisseurs québécois dirigé par la Corporation Financière Champlain, parmi lesquels Fondaction. Fondé à Montréal en 1993, le Groupe DMV se spécialise dans la gestion d’établissements vétérinaires. Le remplissage de son écuelle financière lui permettra notamment d’étendre dans la province son réseau de cliniques vétérinaires indépendantes Passionimo, qui compte déjà une trentaine d’établissements. Le Groupe DMV détient également les centres de soins vétérinaires spécialisés et d’urgence 24/7 CENTREDMVET, en partenariat avec 30 vétérinaires locaux. Il ouvrira son cinquième centre à Québec en décembre. Avec ce financement, le Groupe DMV entend également renforcer son programme de soutien au développement professionnel et entrepreneurial des vétérinaires du Québec.

Les Fermes AquaVerti récoltent un prix de 125 000 $

PHOTO FOURNIE PAR LES FERMES AQUAVERTI

Georges Aczam et Stephen Moss, cofondateurs des Fermes Aquaverti

C’est peut-être un appel de TELUS qui leur a appris la bonne nouvelle. Les Fermes AquaVerti ont remporté un des cinq grands prix d’une valeur de plus de 125 000 $ décernés à l’occasion de la quatrième édition du programme #AidonsNosPME de TELUS. L’entreprise fondée en 2017 par Georges Aczam et Stephen Moss fait croître les profits et les légumes hydroponiques à la verticale dans sa ferme intérieure de 30 000 pi⁠2 (2800 m⁠2), située dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Ses laitues et salades sont distribuées dans plus de 200 magasins à travers le Québec et le nord du Nouveau-Brunswick. Les deux entrepreneurs veulent mettre ce prix à profit pour poursuivre la phase 2 de leur mégaferme et atteindre leur objectif d’une production annuelle de 300 tonnes. Les 20 finalistes de ce concours mené à l’échelle canadienne avaient été annoncés le 27 septembre. Sur les cinq entreprises grandes lauréates, deux venaient du Québec. L’entreprise de dermocosmétiques Omy Laboratoires, fondée par Rachelle Séguin et Andrea Gomez, a remporté elle aussi 125 000 $ en financement, en publicité et en outils technologiques.

Le chiffre

85 %

Selon un sondage éclair mené à la mi-septembre par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), 85 % des propriétaires de PME (comparativement à 52 % en 2022) aimeraient que la taxe fédérale sur le carbone soit modifiée ou éliminée.