(Kyiv) L’Ukraine a revendiqué mercredi l’assassinat à la voiture piégée de Mikhaïl Filiponenko, un député et ancien haut responsable militaire dans la région ukrainienne de Louhansk (est) sous occupation russe.

« L’opération spéciale en vue de la liquidation du bourreau Filiponenko a été réalisée conjointement avec des représentants du mouvement de résistance » ukrainien dans cette zone, ont affirmé les services de renseignement militaire (GUR) au sein du ministère ukrainien de la Défense.

M. Filiponenko a été « impliqué dans l’organisation de chambres de torture » pour « prisonniers de guerre et civils » ukrainiens dans la partie occupée de la région de Louhansk et « a personnellement » participé aux tortures, a accusé le GUR sur Telegram.  

Les renseignements ukrainiens ont ainsi lancé une menace de « représailles » envers « tous les criminels de guerre et collaborateurs ».  

Plus tôt dans la journée, des médias et responsables russes avaient rapporté la mort de Mikhaïl Filiponenko dans l’explosion de son véhicule à Louhansk.

Le Comité d’enquête russe a diffusé des images montrant un véhicule de type 4X4 aux vitres soufflées et à la portière avant-gauche broyée, avec des traces d’un liquide rouge visibles sur la portière arrière.

Une enquête a été ouverte pour « acte terroriste », selon cette source.

Le dirigeant de l’administration d’occupation de la région de Louhansk, Léonid Passetchnik, a salué sur Telegram la mémoire d’un « vrai homme » qui, selon lui, avait encore « beaucoup de projets » pour « développer » la région sous occupation.

Un autre député local dans cette région occupée, Iouri Iourov, a affirmé sur Telegram que Mikhaïl Filiponenko avait déjà été visé par un attentat à la bombe à Louhansk contre son véhicule, le 21 février 2022.  

Il était sorti vivant « par miracle » de cette explosion, selon cette source, et seul son chauffeur avait alors été blessé.

Mikhaïl Filiponenko était l’un des fondateurs de l’armée séparatiste de Louhansk, en 2014, au début de la guerre entre Kyiv et ces troupes prorusses soutenues par Moscou.

Les quatre territoires ukrainiens dont Moscou revendique l’annexion (Donetsk, Louhansk, Kherson, Zaporijjia), sont régulièrement touchés par des attaques, parfois mortelles, visant des responsables de l’administration d’occupation russe.  

Plusieurs assassinats ou tentatives d’assassinats ont été imputés par les autorités russes à l’Ukraine depuis l’offensive de février 2022. Avant cette date, les territoires sous contrôle prorusse dans les régions de Donetsk et Louhansk avaient aussi déjà été touchés par des règlements de comptes mortels entre séparatistes.

La semaine dernière, les services de sécurité russes (FSB) ont accusé Kyiv d’être derrière la tentative d’assassinat fin octobre en Crimée d’un ancien député ukrainien passé côté russe, Oleg Tsariov.

Trois morts dans une frappe russe sur l’est de l’Ukraine

Trois personnes ont été tuées par une frappe russe sur une maison de la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, ont annoncé les autorités ukrainiennes mercredi.

L’attaque a touché le petit village de Bagatir, situé non loin du front dans cette zone où les combats font rage, a indiqué le service d’État ukrainien des situations d’urgence (DSNS).

Trois corps – ceux d’une femme et de deux hommes – ont été tirés des décombres de la maison, a-t-il ajouté sur Telegram.

Sur des images publiées par les autorités, des secouristes fouillent ce qui reste d’un bâtiment effondré, et en sortent un corps.

L’armée ukrainienne accuse la Russie d’avoir frappé un bateau civil

L’armée ukrainienne a accusé mercredi la Russie d’avoir frappé un bateau civil qui entrait dans l’un des ports de la région d’Odessa, dans le sud du pays, tuant le capitaine et blessant quatre autres personnes.

Un missile russe, « tiré à partir d’un avion », « a touché la structure d’un navire civil battant pavillon libérien », a affirmé sur Telegram le commandement Sud de l’armée ukrainienne.

« Trois membres d’équipage, des citoyens philippins, ont été blessés ; l’un d’entre eux a été hospitalisé. Le pilote a été tué et un autre employé du port a été blessé », a-t-il ajouté.

L’armée ukrainienne a dénoncé la politique de « terreur de la navigation civile » menée à ses yeux par Moscou en mer Noire.

Ce premier incident du genre si près des côtes ukrainiennes illustre les tensions croissantes en mer Noire entre l’Ukraine et la Russie, renforcées depuis juillet et la fin de l’accord céréalier qui permettait depuis l’été 2022 l’exportation des céréales ukrainiennes malgré la guerre.

Depuis août, l’Ukraine a mis en place son propre couloir maritime, malgré les menaces de Moscou de viser tous les bateaux naviguant au départ ou à destination des ports ukrainiens.

Fin octobre, Kyiv avait ainsi affirmé avoir exporté 1,3 million de tonnes de produits agricoles en moins de trois mois.

En parallèle, l’armée russe a mené en août et septembre une campagne appuyée de frappes sur les infrastructures céréalières et portuaires ukrainiennes, un moyen de bloquer toutes les exportations selon Kyiv.

Moscou a affirmé à plusieurs reprises, pour sa part, toucher uniquement des cibles militaires.

Malgré sa large domination numérique sur le papier, la Russie a vu son contrôle en mer Noire s’effilocher ces derniers mois, sous l’effet d’attaques ukrainiennes spectaculaires, notamment à l’aide de drones explosifs navals visant les navires russes.

En septembre, l’Ukraine avait lancé une attaque de missile sur le quartier général de la flotte russe de la mer Noire, dans la ville portuaire de Sébastopol, en Crimée.

Poutine signe un décret autorisant « l’échange » d’actifs étrangers saisis

Le président russe Vladimir Poutine a signé mercredi un décret autorisant « l’échange » d’actifs russes gelés à l’étranger contre des actifs étrangers saisis en Russie, nouveau pas dans l’arsenal législatif concernant les restrictions mises en place sur fond de conflit en Ukraine.

Fin août, le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, avait indiqué que plus de 3,5 millions de citoyens russes possédaient des avoirs bloqués à l’étranger pour une valeur estimée à 1500 milliards de roubles (22,35 milliards de dollars canadiens au taux actuel).

En réponse, la Russie a elle aussi bloqué depuis février 2022 des actifs d’entreprises étrangères dans le pays, dans des comptes dits « de Type-C ».

Le mécanisme approuvé mercredi par Vladimir Poutine concerne « les transactions sur des titres étrangers détenus par des résidents » russes, peut-on lire dans le décret publié sur un site gouvernemental.

À ce stade, les échanges d’actifs pourront être acceptés dans la mesure de 100 000 roubles maximum par investisseur (environ 1470 dollars canadiens).

Le titulaire du compte de type-C, normalement une entreprise étrangère, aura alors la possibilité de recevoir l’action étrangère détenue précédemment par l’investisseur russe à l’étranger.

Mais dans les faits, il n’existe aucune garantie que les organismes internationaux de dépôts – tels qu’Euroclear ou Clearstream – coopèrent et valident ces opérations.

Cette nouvelle mesure intervient quelques jours après que le Kremlin a défendu « le régime spécial » réservé aux entreprises étrangères voulant quitter le marché national, après la mise en place de nouvelles restrictions concernant la vente d’actifs.

Toute entreprise voulant vendre ses actifs en Russie doit désormais le faire en roubles obligatoirement, sous peine de voir de longs délais de paiement notamment, en plus d’une valeur de transaction déjà largement rabotée à base de taxe de sortie et de décote obligatoire.