La pandémie a porté un dur coup au bénévolat québécois, affirme l’Institut Mallet. Qu’à cela ne tienne, ce geste philanthropique n’est pas près de disparaître. Au contraire, le bénévolat évolue, se peaufine et séduit désormais les nouvelles générations. Compte rendu.

Selon Caroline Richard, directrice générale de l’Institut Mallet, dont la mission est de contribuer à l’avancement de la culture philanthropique au Québec, des milliers de bénévoles, surtout des personnes âgées, se sont retrouvés du jour au lendemain à ne plus pouvoir donner de leur temps à cause de la COVID-19.

« Le présentiel a pratiquement disparu pendant la pandémie, rappelle-t-elle. Les organismes ne pouvaient donc plus accueillir les bénévoles. Ils ont dû repenser leurs activités, dont leurs campagnes de financement. Pendant ce temps, les 65 ans et plus, très actifs en bénévolat, ont été invités à demeurer à la maison. Plusieurs d’entre eux n’ont toujours pas recommencé à faire du bénévolat. »

La pénurie de main-d’œuvre est également à montrer du doigt parmi les raisons expliquant le manque de bénévoles partout au Québec. Plusieurs retraités sont retournés sur le marché du travail soit pour se rendre utile, soit par nécessité à cause de la hausse du coût de la vie, résume Caroline Richard.

Pour des bénévoles heureux

Il y a toutefois de l’espoir, ajoute-t-elle. Selon un sondage commandé par l’Institut Mallet, 30 % des Québécois prévoyaient, en 2023, donner de leur temps ou de leur expertise à une cause sociale, communautaire ou humanitaire, contre 18 % l’année dernière.

Selon Louise Dontigny, directrice générale du Réseau de l’action bénévole du Québec (RABQ), l’un des plus grands défis en philanthropie demeure le recrutement et la rétention de bénévoles.

La meilleure façon de recruter, c’est quand un bénévole heureux en parle autour de lui. Le bénévolat fait du bien. C’est gratifiant. Et il a été démontré que cela a une incidence positive sur la santé mentale.

Louise Dontigny, directrice générale du Réseau de l’action bénévole du Québec (RABQ)

« Si on veut qu’un bénévole revienne, celui-ci doit vivre une expérience de bénévolat de qualité, dit-elle. Il faut prendre soin de ses bénévoles. Ça fait partie de notre mission de former les gestionnaires d’organismes en ce sens. »

Le RABQ, qui rejoint quelque 1,6 million de bénévoles (dans les secteurs communautaire, du sport amateur, de la culture, etc.), a également un mandat d’éducation auprès du public.

L’organisme se félicite que les écoles secondaires, où le bénévolat est de plus en plus intégré au cursus scolaire, jouent un rôle important dans la création d’une nouvelle génération de bénévoles. Idem dans un nombre croissant d’entreprises où l’action bénévole est fortement encouragée.

Même le gouvernement québécois, par l’entremise de nombreux gestes et initiatives, semble avoir compris plus que jamais combien il est important d’avoir une population prête à donner de son temps, note Louise Dontigny.

Nouvelle tendance

Le bénévolat de compétence, une tendance venue d’Europe, est en pleine émergence au Québec, soutient Nancy St-Pierre, directrice générale depuis 11 ans de Bénévole d’Expertise.

Cet organisme, le seul du genre au Québec, sinon au Canada, aide les OBNL à se professionnaliser et à mieux faire les choses.

Les organismes avaient besoin d’un service comme le nôtre pour mieux répondre aux exigences des bailleurs de fonds. On travaille avec les dirigeants d’OBNL. On est là pour les aider à améliorer leur gestion et leur gouvernance.

Nancy St-Pierre, directrice générale de Bénévole d’Expertise

Bénévole d’Expertise possède une banque de 160 bénévoles experts œuvrant dans neuf domaines allant des ressources humaines à la planification stratégique en passant par les finances. Ses services sont offerts gratuitement.

L’organisme de Québec est en croissance. Ses mandats d’accompagnement viennent de passer de 250 à 400. Actif surtout dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, Bénévole d’Expertise œuvre également depuis peu en Estrie.

« On aimerait éventuellement collaborer avec des organismes partout au Québec, reconnaît Mme St-Pierre. Mais il faudrait être reconnu par le gouvernement. On ne cadre dans aucun programme parce qu’on offre quelque chose qui sort des sentiers battus. »