Elle a déjà commencé à faire une différence parmi les manufacturiers de la région de Victoriaville, où elle fera bientôt construire, pour 30 millions, son nouveau quartier général. Mais à terme, c’est partout au Québec que la Cité de l’innovation circulaire et durable (CICD) souhaite être active.

Victoriaville aime à se présenter comme le berceau du recyclage au Québec. C’est en effet dans cette ville du Centre-du-Québec que la collecte sélective a vu le jour. Les premiers bacs bleus y font leur apparition au début des années 1980. La vision de gens comme Normand Maurice, mais aussi des frères Lemaire, de Cascades, a également permis à la région de se démarquer, entre autres dans le recyclage du carton et d’autres matériaux comme la peinture.

C’est pourquoi le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) a choisi de désigner Victoriaville « Cité de l’innovation circulaire et durable ».

« Le gouvernement a identifié quelques zones d’innovation au Québec. Le terme “cité” vient juste après les zones d’innovation. On est là pour accompagner ces zones », explique Frédérik Boisvert, directeur général par intérim de la CICD.

Notre objectif est de structurer le mouvement industriel régional, puis d’étendre nos collaborations partout au Québec. On veut agir comme bougie d’allumage et mutualiser les connaissances de chacun afin de favoriser l’économie circulaire.

Frédérik Boisvert, DG par intérim de la Cité de l’innovation circulaire et durable

La Cité de l’innovation circulaire et durable travaille à la construction de son siège social à Victoriaville, lequel devrait lever de terre en 2025. Ces nouvelles installations de 40 000 pi⁠2 seront aménagées sur le terrain du cégep local. La moitié du nouvel immeuble de 30 millions sera consacrée à la recherche.

Entre-temps, la CICD collabore déjà avec des multinationales et des PME, dont l’une, originaire de Lévis, est installée dans l’incubateur de la Corporation de développement économique de Victoriaville. Cette entreprise fabrique du cuir végétal à partir de résidus de pommes. « C’est le plus beau symbole d’économie circulaire », s’enthousiasme M. Boisvert.

Il faut être capable de réduire les intrants et de valoriser les extrants. L’économie circulaire est désormais un marché mondial. À terme, les déchets et leur valeur vont entrer dans les bilans financiers des entreprises. On est au cœur de la prochaine révolution économique.

Frédérik Boisvert, DG par intérim de la Cité de l’innovation circulaire et durable

Dans la région de Victoriaville, des PME du secteur du meuble, de la machinerie industrielle, voire de l’agroalimentaire, s’intéressent à l’économie circulaire, dit M. Boisvert. Elles ont en commun d’utiliser l’intelligence artificielle.

L’entreprise Updata, acteur important dans la CICD, est un expert-conseil dans l’intelligence artificielle.

« On met en place des algorithmes pour minimiser les pertes et accélérer les processus », explique Maor Zaltzhendler, président d’Updata.

L’homme d’affaires dit entre autres travailler avec Armatures Bois-Francs. Cette dernière fabrique de l’acier d’armature pour le secteur de la construction. Grâce à l’IA, l’entreprise est capable de mieux calculer les besoins de ses clients et donc de réduire les pertes.

Idem avec la Boulangerie St-Méthode qui, avec l’aide d’algorithmes, cherche à réduire la quantité de pains déclassés, soit parce qu’ils sont trop petits ou trop gros. Le déclassement peut parfois atteindre 3 %, ce qui est énorme quand on sait que la boulangerie d’Adstock produit jusqu’à 4500 pains à l’heure.

Machinex, un fabricant connu mondialement pour ses équipements destinés aux centres de tri, est également dans le viseur de la CICD et d’Updata.

En savoir plus
  • 4 %
    Taux de circularité des biens au Québec, comparativement à 6 % au Canada. Bref, 96 % des ressources utilisées dans l’économie québécoise ne sont pas circulaires.
    Sources : Circle Economy et Recyc-Québec