Sonaca Montréal, une filiale du groupe belge Sonaca établie à Mirabel, met les bouchées doubles pour verdir ses procédés. Le fabricant de pièces d’avion s’affaire à augmenter son efficacité énergétique et à faire une meilleure gestion de ses produits chimiques.

En juillet et en août derniers, Sonaca Montréal faisait ses premiers tests en vue de se débarrasser du chrome hexavalent dans ses bassins d’anodisation.

C’est que ce processus, un traitement de surface visant à protéger l’aluminium contre la corrosion et à assurer une meilleure adhésion de la peinture, nécessite l’utilisation d’un acide. Et comme l’entreprise fabrique principalement de grandes pièces, comme des ailes d’avion, elle doit en utiliser de grandes quantités : elle en a un bassin de 45 000 litres, faisant 18 mètres de long sur 3 mètres de profond (60 pieds sur 10 pieds), le plus grand au pays dans son industrie.

« Jusqu’ici, on utilisait de l’acide chromique. Mais celui-ci contient du chrome hexavalent, très nocif pour la santé et l’environnement. Alors on veut utiliser plutôt de l’acide borique, qui est plus vert, moins dangereux et plus facile à disposer », explique Joseph Ojeil, chef de service en génie manufacturier. C’est lui qui est responsable, depuis l’an dernier, du virage vert de l’entreprise.

Sonaca Montréal doit maintenant valider les résultats de ces tests sur le plan de la performance et de la qualité, mais Joseph Ojeil estime que l’initiative est très prometteuse. Surtout dans un contexte où le processus est déjà employé depuis longtemps en Europe, où la réglementation est plus stricte.

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Joseph Ojeil, chef de service en génie manufacturier chez Sonaca Montréal

En Amérique du Nord, il n’y a pas d’obligation du gouvernement ou des donneurs d’ordres à faire ce changement, mais on ne veut pas être pris au dépourvu, à la dernière minute. Alors on se prend d’avance.

Joseph Ojeil, chef de service en génie manufacturier chez Sonaca Montréal

Filtrer pour réutiliser

Sonaca Montréal utilise un autre type d’acide, l’acide nitrique, pour traiter ses pièces. Mais jusqu’ici, l’entreprise devait vidanger son bassin six fois par année, puisque celui-ci finissait par être contaminé par du cuivre au fil des traitements.

L’acide était donc, chaque fois, vidé puis mélangé avec un type de béton spécialisé avant d’être enfoui, ce qui peut engendrer des conséquences négatives pour les sols et les boisés.

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Sonaca Montréal utilise de l’acide nitrique pour traiter ses pièces.

L’entreprise a donc pris l’initiative de filtrer l’acide contenu dans son bassin afin de pouvoir continuer de l’utiliser. Pour l’instant, le projet va bon train et l’entreprise, qui affirme être parmi les premières à adopter ce procédé, espère l’avoir terminé d’ici la fin de septembre. Elle vise ainsi à ne pas avoir à faire les vidanges qu’elle avait prévues en octobre et en novembre, de même que les suivantes.

« En filtrant notre bassin plutôt qu’en faisant une vidange régulièrement, on prévient l’enfouissement de plus de 200 000 litres d’acide nitrique par année », affirme Joseph Ojeil.

Peindre plus efficacement

Sonaca Montréal s’affaire aussi à améliorer son efficacité énergétique.

L’entreprise a par exemple apporté des changements dans son atelier de peinture, qui était auparavant chauffé en permanence à la température optimale pour peindre des pièces.

En réalité, nous ne peignons pas en permanence. Nous devons aussi masquer et démasquer nos pièces, sans compter que nous sommes parfois à l’arrêt.

Joseph Ojeil, chef de service en génie manufacturier chez Sonaca Montréal

L’entreprise a donc ajouté des modes de contrôle sur son système de gestion de la température, ce qui lui permet d’économiser gros en énergie.

« On sauve 270 000 mètres cubes de gaz naturel, dit le chef de service. Ça représente une baisse de 20 % de nos émissions de GES liées à cette source d’énergie. »