Montréal joue dans la cour des grands en ce qui a trait à la recherche en intelligence artificielle, en particulier en ce qui concerne l’apprentissage automatique. En quoi consiste cette technique, et quel est l’état de l’écosystème ? Tour d’horizon.

En mars dernier, une étude réalisée par la firme Tortoise Media plaçait le Canada au 4e rang mondial en intelligence artificielle (IA), derrière la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Le classement évaluait notamment la quantité de recherche de même que sa qualité, ainsi que d’autres facteurs comme la valeur totale des investissements publics.

Et le Québec, lui ? Toujours dans ce même classement, la province se classe au 7e rang mondial, devant nombre de pays comme la France, les Pays-Bas et l’Australie.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Valérie Pisano, présidente et chef de la direction du Mila

« Comment on est arrivé là ? Tout commence avec le talent », explique Valérie Pisano, présidente et chef de la direction du Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle. Elle note que lorsque l’IA et l’apprentissage automatique ont commencé à véritablement prendre leur essor, il y a quatre ou cinq ans, le Québec avait déjà certains des meilleurs chercheurs au monde. Une réalité rendue possible notamment par les investissements publics et universitaires.

Des chercheurs de renom

Aujourd’hui, l’apprentissage automatique continue d’être un champ de recherche florissant au Québec et dans la métropole. Un coup d’œil au palmarès AI 2000 Most Influential Scholars, qui présente la liste des meilleurs chercheurs du domaine, permet de le confirmer.

Yoshua Bengio, par exemple, y est reconnu comme une sommité de l’apprentissage automatique aux côtés d’Aaron Courville, professeur à l’Université de Montréal.

Le Mila rassemble une centaine de professeurs. De ce groupe, de 30 à 40 ont une large notoriété qui donne un magnétisme puissant à l’écosystème.

Valérie Pisano, présidente et chef de la direction du Mila

Légion d’applications

L’apprentissage automatique est une forme d’IA qui permet à un système d’« apprendre » à réaliser une tâche, soit de la réaliser de mieux en mieux, grâce à l’analyse de données.

L’apprentissage automatique est très utilisé pour la traduction ou la reconnaissance de textes et d’images. On peut par exemple s’en servir pour générer des diagnostics à partir de radiographies et même des suggestions de traitement.

Cette technique a de nombreuses autres applications, entre autres dans le domaine des recommandations.

« C’est le genre d’algorithme, sur les sites commerciaux, qui déterminera quels produits et services vous suggérer pour répondre le mieux possible à vos besoins, illustre Valérie Pisano. Ou encore le genre d’algorithme qui vous suggérera un itinéraire routier en fonction du trafic. »

Transmettre le savoir

Alloprof, par exemple, a récemment travaillé sur un projet en collaboration avec l’Institut de valorisation des données (IVADO), un centre montréalais de recherche, de formation et de transfert d’expertise spécialisé en données massives.

Le projet consistait à développer un moteur de recommandation qui propose automatiquement des explications en lien avec les questions posées par les élèves.

« De la très grande entreprise aux plus petites organisations comme Alloprof qui aident les élèves en difficulté, on veut aider les organisations à adopter l’intelligence artificielle », explique Luc Vinet, directeur général de l’IVADO.

« Car les données, couplées à des algorithmes d’apprentissage profond, sont très porteuses pour la prise de décision. »

Un pilier de l’IA

L’IVADO, créé en 2016, est un pilier important de l’IA à Montréal.

« On est en quelque sorte des facilitateurs, on met l’industrie en contact avec l’apprentissage automatique et la recherche opérationnelle, résume Luc Vinet. On rassemble toutes les forces, tous les acteurs du milieu, pour aider les entreprises à découvrir le potentiel de l’IA et de la donnée. »

Depuis sa fondation, l’IVADO a notamment accordé 41 millions de dollars en soutien à la recherche par l’entremise de bourses et de subventions. Au total, l’Institut a ainsi accordé un total de 522 bourses, dont 120 entre 2021 et 2022.

En ce qui a trait à sa mission de transfert technologique, l’IVADO a lancé 114 nouveaux projets de recherche collaborative impliquant 58 organismes à but non lucratif, jeunes pousses et PME. Au total, ce sont 548 projets du genre qui ont été entrepris depuis 2017.

« On est des instigateurs, dit Luc Vinet. Et on va continuer d’être à l’avant-scène pour orchestrer les grands acteurs du milieu de sorte qu’on puisse tirer tous ensemble un maximum de bénéfices de l’intelligence artificielle. »