L’image traditionnelle du forage va prendre un coup de vieux : Groupe Rouillier s’apprête à mettre sur le marché une foreuse autonome, capable de récupérer des données au fur et à mesure de son travail, permettant une automatisation qui était encore impensable il y a quelques années.

Développé depuis plusieurs années et à l’essai depuis deux ans à Val-d’Or, un prototype de foreuse autonome pourrait bien révolutionner la manière d’explorer les profondeurs du sous-sol.

Dans quelques semaines, Groupe Rouillier mettra sur le marché cette foreuse intelligente, capable de numériser les informations et de s’ajuster automatiquement à l’évolution des conditions du forage. L’enjeu est de taille pour Forages Rouillier, spécialisée dans le forage à diamant, qui permet de retirer des carottes géologiques jusqu’à 3000 mètres sous terre, afin de déceler des métaux précieux, tels que le nickel, les terres rares et l’or.

« La foreuse autonome récupère des données sur la pression, la dureté de la roche, la présence d’eau… tout est colligé », explique Mario Rouillier, président de Groupe Rouillier. L’entreprise de 500 employés, qui regroupe les firmes Forages Rouillier et MBI Global, est spécialisée dans la fabrication de matériel de forage, qu’elle distribue dans 30 pays.

Cette collecte de données permet d’abord à la foreuse de s’adapter automatiquement en temps réel aux conditions trouvées dans le sous-sol.

Elle peut ainsi s’arrêter à temps. « Cela évite qu’elle reste coincée ou qu’elle casse », souligne Mario Rouillier. Sur les foreuses traditionnelles, il n’est pas rare que des bris surviennent en raison de couches rocheuses imprévues, ou d’erreurs humaines. « Cette foreuse coûte moins cher en réparations », se félicite-t-il.

La foreuse autonome, bien plus précise et plus stable que les foreuses classiques, supprime l’erreur humaine. « Tout se fait à la programmation de la foreuse », pointe Mario Rouillier. Deux programmeurs, l’un établi à Québec et l’autre à Val-d’Or, préparent les forages. Les données sont lues immédiatement à la surface, transmises par un réseau à haut débit LTE. Le président de l’entreprise peut désormais, assis à son bureau du siège social à Amos, suivre l’avancée de la foreuse à l’œuvre à Val-d’Or.

Grâce à son autonomie, la foreuse, pour laquelle Groupe Rouillier a déposé un brevet, est menée par un seul opérateur plutôt que deux. Entre les quarts de travail, elle peut même forer seule. Cet atout est loin d’être négligeable alors que Forages Rouillier peine à trouver toute la main-d’œuvre dont elle a besoin. L’engin intelligent répond aussi à des préoccupations de santé et de sécurité au travail. Elle évite désormais aux opérateurs de manipuler des tiges de forage pesant 50 livres.

Les avantages de cette foreuse autonome ne se limitent pas au forage immédiat. Dans un deuxième temps, les données seront interprétées. Groupe Rouillier travaille toujours à cette tâche titanesque. « Nous serons devant quelque chose d’incroyable quand nous arriverons à interpréter ces données ! s’exclame Mario Rouillier. Nous pourrons aller jusqu’à prédire la formation rocheuse qui s’en vient. »

Cela fait maintenant deux ans que la foreuse est en service à la mine d’or Goldex de la firme Agnico Eagle à Val-d’Or.

Avant même sa mise en marché, prévue en janvier 2023, la foreuse suscite l’intérêt, y compris au-delà des frontières. À l’issue de l’entrevue, Mario Rouillier se rendait à Val-d’Or pour accompagner un visiteur étranger intéressé par l’acquisition d’une vingtaine de foreuses autonomes.