L’exploration minière a un petit quelque chose d’énigmatique. Claude Pilote, directrice, exploration, chez Ressources Falco à Rouyn-Noranda, a accepté de répondre aux questions de La Presse pour démystifier son travail.

Quelles sont vos grandes responsabilités comme directrice, exploration, chez Falco ?

Je m’occupe de tous les titres miniers de Falco — plus de 2000 — situés dans un rayon de 25 kilomètres autour de Rouyn-Noranda. Nous effectuons des travaux dans le but de trouver le prochain gisement d’or ou de métaux de base, qui sont l’argent, le cuivre et le zinc. Je suis arrivée dans l’entreprise en 2015, au moment où nous commencions des études plus poussées pour notre projet principal de 1 milliard de dollars, Horne 5, sous l’ancienne mine Horne.

Qu’est-ce qui vous a amenée à faire ce choix de carrière et quelle est votre formation ?

C’était certain que j’allais aller dans les sciences. Je pensais d’abord aller en physique. Mais finalement, c’est ma passion pour les volcans qui m’a amenée à faire un baccalauréat en génie géologique à l’Université du Québec à Chicoutimi ; je suis originaire de Chicoutimi-Nord. Après mon baccalauréat, je suis allée faire ma maîtrise à l’Université Western, en Ontario. Mon terrain d’études était en Namibie, en Afrique, qui est une ancienne ceinture volcanique. Ensuite, j’ai décidé de faire un doctorat parce que j’aime le côté enseignement et partage des connaissances. Mais je ne l’ai pas terminé parce que j’ai commencé à travailler en exploration. On trouvait d’ailleurs des volcans sur le territoire de Rouyn il y a 2,7 milliards d’années.

Qu’est-ce qui vous motive au quotidien ?

Il faut être passionné pour réaliser mon travail. Plusieurs ingénieurs en géologie vont faire toute leur carrière sans trouver de gisement !

PHOTO FOURNIE PAR CLAUDE PILOTE

Claude Pilote

« Mais ce que j’aime, c’est de mettre ensemble toutes mes connaissances scientifiques pour trouver des indices qui permettront de trouver les meilleurs secteurs où faire des forages. Nous regardons par exemple l’altération des roches, leurs propriétés physiques et leur géochimie pour trouver les endroits où il y a de bonnes probabilités de trouver un gisement. »

Ce travail préparatoire est important, parce que chaque point de forage coûte cher. J’aime aussi prendre le temps d’expliquer aux gens comment fonctionne l’exploration. Parce que nous avons besoin d’un grand territoire pour trouver des indices qui nous permettront de trouver le prochain gisement, mais ce n’est vraiment pas parce que nous avons un titre minier sous votre maison que nous y ferons un forage et encore moins une mine ! Je m’implique d’ailleurs avec l’Association de l’exploration minière du Québec dans les communications publiques et pour créer la certification Écologo. Il y a eu des erreurs dans le domaine minier par le passé, mais il y a eu énormément d’évolution ces dernières années. Plusieurs entreprises adoptent une approche de développement durable qui va au-delà des normes à respecter. Cette certification s’inscrit dans cette optique, notamment du côté de l’environnement, de la consultation des Premières Nations et de l’achat local.

Comment vivez-vous avec le fait que vous travaillez dans un domaine majoritairement masculin ?

En exploration, il y a quand même une meilleure représentation féminine que dans les mines. Mais je m’implique tout de même pour promouvoir la place des femmes dans l’industrie minière, notamment avec Women in Mining Abitibi. J’aime présenter mon domaine aux jeunes. C’est important d’avoir des modèles féminins dans l’industrie.