Les deux pieds sur le terrain, Mireille Lavigne, conseillère en développement philanthropique chez Mission Inclusion, vit au quotidien avec les effets de la pandémie sur la philanthropie. L’augmentation des besoins des personnes démunies, la diminution des dons, la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation compliquent son travail. Témoignage.

Alors que les organismes communautaires ont besoin plus que jamais de la générosité du public pour réussir leur mission, la philanthropie vit elle-même une crise. « Notre réseau de bénévoles s’est effrité, souligne Mme Lavigne. Les revenus tirés des évènements-bénéfice sont moins grands et les partenariats corporatifs sont un petit peu moins généreux. »

L’inflation des derniers mois accentue les défis au quotidien. « On vit des moments difficiles et ça va continuer d’être ardu dans les prochains mois. Il faut travailler fort et revoir nos façons de faire. »

Les vieilles méthodes

Forcées de s’adapter, les organisations philanthropiques sont nombreuses à renouer avec de « vieilles » procédures : publipostage, appels téléphoniques personnalisés, rentes viagères, etc. « Ce sont des méthodes qui assurent un meilleur rendement sur l’investissement. »

Elles permettent aussi des économies substantielles dans un contexte où les coûts de main-d’œuvre montent en flèche. « J’ai discuté avec plusieurs personnes du secteur et on a environ 25 % de dépenses supplémentaires cette année. »

Autre moyen de renverser la tendance : se reconnecter sur les donateurs individuels, qui semblent plus nombreux que jamais.

On vit présentement l’un des plus gros transferts de richesse intergénérationnels, car il y a davantage de personnes âgées que de personnes jeunes, et donc plus de gens qui lèguent aux prochaines générations que jamais dans l’histoire. Les organisations peuvent en bénéficier.

Mireille Lavigne, conseillère en développement philanthropique chez Mission Inclusion

Il est cependant moins aisé de convaincre les jeunes de donner au suivant. « C’est une génération qui croit que son bénévolat vaut pour un don. Ce n’est pas nécessairement inné pour eux de donner des sous. »

Les débuts d’une vocation

Mireille Lavigne a adhéré aux vertus de l’entraide au milieu de l’adolescence. « À 14 ans, je faisais de l’animation à l’École de cirque de Verdun et cette expérience a ancré une valeur communautaire très forte en moi. C’est d’ailleurs là-bas que j’ai fait mes premières petites collectes de fonds. »

Effectuant ensuite ses premiers pas dans le secteur privé, elle s’est heurtée à un mur. « J’ai senti immédiatement que ce n’était pas ma tasse de thé de travailler pour un employeur qui veut juste faire de l’argent sur mon dos. Je me suis dirigée vers la philanthropie par la suite. »

Après 10 ans à s’investir auprès de la Fondation Sablon, elle a fait sa place dans l’équipe de Mission Inclusion. « Je sollicite les fondations privées, je gère les dons majeurs individuels et ceux des organisations religieuses. »

Et surtout, elle fait œuvre utile. « Mon travail me permet de changer le monde à ma façon et de laisser un monde plus équitable après moi. »