Les trois dernières années ont été mouvementées aux Serres Sylvain Cléroux, mais cette fin d’année s’annonce plus festive avec l’acquisition de nouvelles serres. Un investissement qui permettra à la PME de produire ses boutures et de développer de nouveaux marchés comme celui des fines herbes. Une façon de s’adapter aux hauts et aux bas de cette industrie.

Après le feu, la salutaire pandémie

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Un incendie a ravagé les Serres Sylvain Cléroux, le 19 février 2019.

Le 19 février 2019 est marqué d’une pierre noire chez un des plus importants producteurs de fleurs du Québec. Louise Arcand et Sylvain Cléroux ont vu des années de travail partir en fumée, lors d’un incendie qui a détruit leur entrepôt, leurs bureaux administratifs et leur garage. « C’est l’épreuve de ma vie. On a vécu l’enfer, nous avons travaillé comme des fous sept jours sur sept pour relancer notre entreprise », se souvient Louise Arcand.

Avec le recul, l’entrepreneure considère qu’ils ont été chanceux malgré tout. À peine un an après cet évènement, la pandémie a frappé et le gouvernement du Québec a décrété que le secteur horticole faisait partie des services essentiels. La popularité de l’horticulture a été poussée par l’intérêt pour l’achat local.

Les gens se sont mis à acheter des plantes pour leur bureau à la maison. Les gens sont devenus fous des variétés tropicales, les ventes ont augmenté de plus de 30 % et nous sommes passés d’un choix de 15 à 75 types de plantes.

Louise Arcand, copropriétaire des Serres Sylvain Cléroux

« C’est sans parler de l’engouement pour les petites plantes et les pots décoratifs. Il y a aussi eu une forte demande pour le marché des légumières », affirme Louise Arcand.

L’inflation version poinsettia

Les vents ont toutefois tourné cette année, amenant avec eux les nuages gris de l’inflation. L’entreprise qui vend aussi en gros à de nombreux détaillants, soit près de 900 000 paniers suspendus, a constaté une baisse des ventes des produits de l’horticulture de 10 à 15 %. Les précommandes pour l’année prochaine sont également en baisse de 15 à 20 %. « Nous devrons innover pour remplir nos pieds carrés de serres, mais on est bien conscients que les fleurs ne sont pas aussi essentielles que la nourriture. »

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, LA PRESSE

Le copropriétaire Sylvain Cléroux, au milieu de ses poinsettias

À l’approche de Noël, les Serres Sylvain Cléroux, c’est aussi un tapis rougeoyant de poinsettias. L’année dernière, la production avait atteint 110 000 pots, mais cette plante est aussi victime de l’augmentation des coûts. « Il y a de moins en moins de producteurs qui en font parce que c’est une plante fragile et coûteuse à produire notamment en raison de la facture de chauffage. Ce n’est pas non plus le produit le plus lucratif. Cette année, les consommateurs devront s’attendre à débourser au moins 15 % de plus. »

Développer le tourisme des fleurs

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, LA PRESSE

En plus de servir sa clientèle, les Serres Sylvain Cléroux offrent des visites guidées qui font partie d’un circuit touristique.

Pour faire face à tous ces défis, l’entreprise, qui est ouverte à l’année, va continuer d’innover et de miser sur sa variété de produits. Louise Arcand travaille aussi sur un plan de développement du tourisme des fleurs. Déjà l’été dernier, l’entreprise a proposé des activités comme des cours de yoga dans les serres et une séance de sérénité sonore. « C’était exceptionnel comme évènement avec une harpe et des hamacs suspendus. On veut faire plusieurs activités différentes par an. » Les serres offrent aussi des visites guidées qui font partie d’un circuit touristique. Pour Noël, la femme d’affaires entrevoit quelque chose de spécial, mais elle désire garder le secret. « Ici, c’est un peu comme le Jardin botanique, mais à Laval. On veut que les gens viennent chez nous et découvrent la beauté des lieux, mais j’aime aussi leur offrir quelque chose de différent. »