Il est difficile de recruter et de garder de la main-d’œuvre partout à travers le Québec. Et cela ne date pas d’hier. C’est pourquoi la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL) travaille depuis un bon moment déjà sur des solutions à court, à moyen et à long terme.

On parle souvent de l’automatisation/robotisation comme la solution pour se sortir de cette pénurie de main-d’œuvre. Mais les choses ne sont pas aussi simples aux yeux de Caroline De Guire, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL).

« Les entreprises ne changeront pas leurs façons de faire instantanément, puis plusieurs entrepreneurs s’apprêtent à transférer leur compagnie pour prendre leur retraite, alors ils ne veulent pas se lancer dans un grand projet technologique, sans compter que plusieurs nous disent que leurs tâches varient trop pour s’automatiser. »

La CCIL travaille donc sur différentes pistes de solution à court, à moyen et à long terme pour trouver de la main-d’œuvre.

Élargir son bassin de candidats

Pour répondre aux besoins immédiats de main-d’œuvre, la CCIL invite les entrepreneurs à élargir leur bassin de candidats. On pense par exemple aux stagiaires, aux immigrants déjà installés au Québec et aux gens qui ont des limitations fonctionnelles.

Oberson, spécialisée dans les skis et les planches à neige, utilise toutes ces stratégies. « C’est important d’être actif sur plusieurs fronts pour trouver non seulement du monde, mais aussi des gens disponibles dans les différents quarts de travail, parce que cela est plus difficile qu’avant », affirme Daniel L’Écuyer, vice-président d’Oberson.

Il donne l’exemple des jeunes retraités qui veulent travailler souvent trois jours par semaine, mais pas l’été. « C’est certain que cela demande de la flexibilité, mais ce sont les meilleurs employés que je ne peux pas avoir, affirme-t-il. Ils retournent souvent travailler pour le plaisir après avoir eu une grosse carrière, alors ils ont une belle expérience, on n’a pas besoin de leur dire quoi faire, ils sont heureux de venir travailler et super fiables. »

C’est la même chose avec les personnes autistes. « Au début, il y avait des inquiétudes dans l’équipe, se souvient Daniel L’Écuyer. Les gens se demandaient si elles feraient des crises. Mais lorsqu’on comprend bien leurs besoins, on peut leur trouver l’emploi qui leur convient et cela se passe très bien. Par exemple, j’en ai un qui fait de l’entrée de données et il est extraordinaire. Il est heureux de faire partie de l’équipe, il se sent apprécié et il veut travailler. »

L’Étape, un organisme financé par Services Québec, aide justement les personnes en situation de handicap à s’intégrer et à se maintenir en emploi à Laval et à Montréal. La majorité de sa clientèle est autiste ou a un déficit intellectuel.

« Chaque personne est unique et encore plus lorsqu’elle a une limitation, alors nous connaissons notre monde et nous nous assurons de les placer dans le bon type d’emploi et environnement de travail pour que cela fonctionne à long terme », indique François Huard, directeur général de L’Étape.

Si une personne autiste a de la difficulté à travailler avec un fort éclairage et à gérer les changements d’horaire, on tamise la lumière, on lui donne un horaire stable et c’est réglé. Dans le bon environnement, ces personnes sont aussi productives que celles sans limitation.

François Huard, directeur général de L’Étape

Cette année, L’Étape a admis 185 personnes, en a placé 145 et 134 étaient toujours en emploi après 13 semaines.

Mutualisation des employés

À moyen terme, une piste de solution ciblée par la CCIL est la mutualisation de la main-d’œuvre non spécialisée.

Plusieurs entreprises ont des périodes plus occupées et d’autres, plus creuses, mais elles ne veulent pas mettre des employés au chômage et risquer de les perdre, alors elles voudraient partager des employés avec des entreprises qui ont des besoins complémentaires.

Caroline De Guire, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval

Prox-Industriel, une communauté d’affaires essaimée par la CCIL, a monté une base de données, réalise maintenant des jumelages entre entreprises et travaille sur les questions qui entourent les contrats et la Commission des normes de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pour faciliter la mutualisation.

Faire venir des travailleurs d’autres pays

Des entreprises de Laval regardent aussi à l’étranger pour faire venir des travailleurs.

« Tout le monde est d’accord qu’il faut simplifier et accélérer le processus, alors nous discutons avec les gouvernements fédéral et provincial, indique Caroline De Guire. De plus, le Programme des travailleurs étrangers temporaires est très cher, alors c’est peu adapté aux métiers non spécialisés qui sont grandement recherchés à Laval. On entend depuis 20 ans que les programmes doivent être plus accessibles et plus rapides : il est temps de passer à l’action. »