Plusieurs universités se sont lancées dans la construction de nouveaux bâtiments avant la pandémie. Après un passage forcé à distance et certaines expérimentations en matière de pédagogie en ligne qui resteront, l’appétit est-il encore présent pour l’expansion physique des universités ?

À l’École de technologie supérieure (ETS), la réponse est sans équivoque. « Oui, nous avons toujours des projets d’expansion, parce que nous avons encore des besoins immenses alors que nous avons pris l’engagement devant le gouvernement de doubler notre diplomation en 10 ans afin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre », indique Jean Belzile, qui est à la tête de la direction du développement stratégique et des ressources à l’ETS.

Pour augmenter le nombre de diplômés en génie, il faut avoir accès à des bâtiments dotés principalement de laboratoires.

Les étudiants doivent développer leur savoir-faire et cela se fait beaucoup plus difficilement à distance : c’est pour cette raison que nous avions vraiment besoin de revenir à l’enseignement en présentiel.

Jean Belzile, direction du développement stratégique et des ressources à l’ETS

L’ETS construit actuellement son pavillon F. Il comptera six étages et un sous-sol, pour une superficie de plus de 13 000 mètres carrés. Il comprendra principalement des laboratoires ainsi que des espaces pour les professeurs et les étudiants diplômés.

De plus, l’ETS travaille depuis des années sur le projet Dow. « Ce complexe aura une taille de deux à trois fois supérieure à celle de nos derniers bâtiments construits, indique Jean Belzile. La prochaine étape est que le gouvernement inscrive le complexe Dow dans son plan quinquennal des investissements. »

L’ETS travaille aussi à augmenter son offre d’appartements étudiants de façon à pouvoir en accueillir davantage de partout dans la province, mais aussi, de l’étranger. La proportion d’étudiants internationaux à l’ETS est d’ailleurs passée de 15 à 33 % entre 2017 et 2022.

« C’est particulièrement important d’avoir des endroits où loger nos étudiants, particulièrement alors que nous sommes en pleine crise du logement, indique Jean Belzile. Nous espérons pouvoir faire une annonce bientôt à ce sujet. »

Le centre-ville a encore sa pertinence

HEC Montréal est pour sa part en train de finaliser son nouvel édifice au centre-ville de Montréal qui accueillera ses premiers étudiants en 2023. Bien sûr, lorsque le projet a été lancé pour se rapprocher de la clientèle de professionnels en exercice, on était loin de penser que le télétravail serait adopté massivement.

C’est certain que les gens ne sont plus au centre-ville cinq jours par semaine comme c’était le cas avant, mais en même temps, lorsque les gens s’y rendent, ils ont envie que leur journée mérite le déplacement.

Federico Pasin, directeur de HEC Montréal

« Alors ils en profitent par exemple pour aller dîner au restaurant avec des collègues, puis pour aller voir un spectacle en soirée, ou, pourquoi pas, suivre un cours », précise M. Federico Pasin, directeur de HEC Montréal.

De plus, plusieurs programmes qui y seront offerts, comme le MBA à temps partiel, seront en mode hybride. « Les professeurs identifient la matière qui sera plus pertinente à enseigner en ligne et celle qui se prêtera mieux à la classe, explique Federico Pasin. Ainsi, les étudiants se rendront en classe seulement lorsque ça en vaudra vraiment le coup et, en même temps, cela leur permettra de réseauter. Et pour cette clientèle qui travaille au centre-ville, c’est plus facile de rester sur place après le travail que de se rendre à notre campus principal sur la montagne. »

Soulignons aussi que HEC Montréal manque cruellement d’espace en ce moment.

« Nos locaux sont pratiquement tous toujours occupés, précise le directeur. Nous avons très peu de marge de manœuvre si, par exemple, on veut accueillir un colloque, une activité liée à la recherche, etc. Or, nous devons pouvoir accepter de recevoir des évènements, parfois spontanés, pour avoir de la vitalité. Nous pourrons le faire dorénavant avec notre édifice au centre-ville. »