Le grand public a découvert le rôle de l’acide ribonucléique (ARN) dans les vaccins contre la COVID-19 et les tests PCR, mais le chercheur Jonathan Perreault travaille quant à lui sur l’immense potentiel qui reste à exploiter avec cette empreinte génétique. Il œuvre à établir de nouveaux moyens de diagnostiquer les maladies dont la détection reste pour l’heure complexe et coûteuse.

C’est presque par hasard que Jonathan Perreault s’est lancé dans la recherche sur l’ARN. Étudiant au baccalauréat à l’Université de Sherbrooke, il souhaitait alors poursuivre ses études en s’orientant vers la recherche. C’est la visite d’un laboratoire qui sera déterminante : celui de Jean-Pierre Perreault, sans lien de parenté avec lui, un des pionniers de la recherche sur les propriétés des molécules d’ARN.

Son parcours dans le monde de l’ARN a mené Jonathan Perreault dans les laboratoires de l’Université de Yale pour son stage postdoctoral, avant qu’il occupe un poste de professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Laval. Devant le potentiel qu’offre l’ARN, le chercheur avoue avoir l’embarras du choix. « Il y a tellement de choses à faire ! », dit celui qui est à présent directeur de son laboratoire à l’INRS. « Le défi est de choisir sur quoi on va travailler. »

Faciliter les diagnostics

Son choix, il l’a porté sur la régulation des gènes par des ARN non codants chez les bactéries. En clair, cela consiste à mettre au point des biosenseurs pour aider à établir des diagnostics. « Ce sont de nouvelles approches permettant de faire de la détection de pathogènes de façon plus efficace », explique le professeur agrégé.

On connaît encore très peu de choses du plein potentiel de l’ARN. Nous n’en sommes qu’à la pointe de l’iceberg. C’est un domaine fantastique !

Jonathan Perreault, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS)

Le chercheur utilise les propriétés de l’ARN pour détecter les séquences caractéristiques d’une cible. « Ces biosenseurs permettent de faire de la détection sans passer par un laboratoire d’analyses », illustre Jonathan Perreault. Même si son laboratoire a déposé des demandes de brevets, ses biosenseurs ne sont pas arrivés sur le marché. Mais la demande a explosé ces dernières années. Et le potentiel de l’ARN ouvre de larges perspectives pour faciliter l’établissement de diagnostics rapides et peu coûteux, comparativement à ce qui se pratique actuellement.

Certains de ses travaux, en collaboration avec l’Université Concordia et l’Université McGill, ont permis de cibler des ARN responsables de maladies héréditaires. « Nous avons des résultats en main, mais qui n’ont pas été encore publiés dans des articles spécifiques », précise Jonathan Perreault.

Dans son laboratoire, la recherche fondamentale et la recherche appliquée travaillent côte à côte. « Le défi est de passer de la réalisation d’un test en laboratoire, dans des conditions contrôlées, à un produit standardisé qui fonctionne dans les mains d’un non-professionnel », souligne le directeur de laboratoire, intarissable dès qu’il s’agit de parler du potentiel de l’ARN. « Avoir une idée, c’est une chose, mais même si elle est bonne, il faut qu’elle soit applicable dans la vraie vie et avec des caractéristiques plus avantageuses que ce qui existe déjà. Sinon, il n’y a pas de raison que les gens changent leurs habitudes pour ce qu’on leur propose. »