2021 : la Colombie-Britannique est aux prises avec d’importantes inondations qui ont fortement entravé les voies de transport, et une vague de froid au Texas entraîne la fermeture temporaire de 35 usines au Québec, selon le bilan du Forum d’orientation de la recherche sur les impacts économiques des changements climatiques. Quelles ont été les conséquences économiques de ces évènements ? Afin d’aider les chercheurs à chiffrer ces impacts, Québec a récemment accordé une nouvelle somme de 6 millions de dollars au Fonds de recherche du Québec–Société et culture (FRQSC). Le point avec sa directrice scientifique, Louise Poissant.

Quelle est la mission du FRQSC ?

Nous sommes un bailleur de fonds qui soutient la recherche en sciences sociales et humaines, en arts et lettres. L’un de nos buts est de mieux comprendre les défis actuels auxquels notre société doit faire face. Nos chercheurs travaillent sur des sujets aussi variés que la persévérance scolaire, la lutte contre les inégalités, les nouveaux médias, la cybersécurité, l’art et le mieux-être ou l’économie circulaire. En 2020-2021, 40 % de notre aide a été accordée à des étudiants et étudiantes, soit un total de 1235 titulaires de bourses.

Quel est le lien avec les changements climatiques ?

En décembre dernier a eu lieu le Forum d’orientation de la recherche sur les impacts économiques des changements climatiques. Le ministre responsable de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), Benoit Charette, a rapidement compris qu’on devait avoir des données scientifiques, afin de chiffrer l’impact des changements climatiques pour mieux orienter la prise de décisions. Ces données sont manquantes. Par exemple, si des assureurs cessent d’indemniser leurs clients en cas d’incendie de forêt, combien cela représente pour les contribuables ? Des questions de ce genre restent abstraites parce que, hélas, on manque de données.

Les sommes reçues serviront à quels mandats ?

Ces 6 millions s’ajoutent à une somme de 1,5 million qui nous avait déjà été accordée. Le MELCC [ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques] nous demande d’établir avec lui les thématiques qui feront l’objet d’appels de candidatures. Par la suite, c’est l’étape de l’ouverture du concours et des octrois. Il faut mesurer l’impact sur le portefeuille des entreprises et des consommateurs des changements climatiques. Il faut que les citoyens se sentent concernés pour prendre conscience de ce défi de société. Plusieurs secteurs ont été priorisés, dont agriculture, pêches et alimentation, transports et logistique, finance et assurance, tourisme, construction, secteur forestier, etc.

Dans combien de temps les chercheurs apporteront-ils des réponses ?

Il va falloir attendre un peu, car l’appel de propositions sera lancé l’automne prochain. Selon la nature des recherches, il peut se passer entre deux et trois ans. La synthèse des connaissances peut prendre, elle, six mois.

N’est-ce pas un peu long ?

Les ministères se basent sur la science pour prendre des décisions. Tout au long des travaux de recherche, il y a un suivi. Il arrive qu’au beau milieu d’un projet, lorsque des avancées donnent déjà des réponses, que des actions soient prises. Toutes ces recherches ne seront pas vaines et ne resteront pas sur les tablettes.

Est-ce qu’il y a des pistes de solution déjà envisagées ?

Je suis certaine que nous allons recevoir plusieurs offres de projets parce que plusieurs chercheurs travaillent sur ces sujets. D’ailleurs, l’économie circulaire est une avenue prometteuse. L’École de technologie supérieure est très dynamique en ce sens. Elle héberge un réseau de 120 chercheurs rattachés à 16 universités qui travaillent, par exemple, sur le prolongation du cycle de vie des objets. Il y a aussi l’équipe de Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, qui est très investie dans la décarbonation des transports, qui figure parmi les solutions.