Le retour au bureau après deux ans de télétravail pourrait s’avérer chaotique. Nombreux sont ceux qui voudraient rester à la maison. D’autres, bien qu’heureux de revenir, pourraient trouver ardu de renouer avec les collègues et de retrouver un rythme de travail différent. Tout un défi pour les gestionnaires intermédiaires qui feront face à cette situation unique. Comment s’attaquer à ce défi ?

L’occasion d’une vie

« Nous entrons dans une nouvelle ère où nous vivrons un changement majeur dans la façon de travailler », dit d’entrée de jeu Stéphane Rochereau, associé chez Brio, boutique de management. « Ce sera l’occasion de modeler une nouvelle façon de travailler, probablement l’occasion d’une vie pour les gestionnaires », dit-il. L’idée d’avoir à faire face à de gros changements risque toutefois de créer beaucoup d’anxiété chez les employés, et les gestionnaires doivent en être bien conscients. D’abord en gardant bien en tête qu’il s’agit d’une expérience tout à fait nouvelle, et que de nombreux ajustements seront nécessaires, de part et d’autre. « Les gestionnaires doivent s’attaquer à ce défi comme ils l’ont fait pour le télétravail. C’était un énorme changement, et ils ont su s’y s’adapter », note-t-il.

Sondage, flexibilité et clarté

Pour vous assurer d’un bon retour en présentiel, sondez d’abord vos employés sur la façon dont ils voient la chose, recommande fortement aux gestionnaires Geneviève Desmarais, présidente et fondatrice du cabinet de consultation spécialisé Resolys.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Geneviève Desmarais, présidente et fondatrice du cabinet de consultation spécialisé Resolys

« Vous devrez être flexible, mais ne laissez rien à l’improvisation », dit-elle. Le mode hybride pourrait bien être la formule la plus fréquemment utilisée à l’avenir. Il vous faudra être clair en ce qui concerne les présences au bureau et le travail en virtuel. « Expliquez bien à vos gens à quoi servent l’un et l’autre », précise-t-elle. Essentiellement, il faut réserver le temps en présentiel pour les réunions, pour faire le point sur les dossiers. « Somme toute, bien réfléchir aux effets du retour au bureau avant de l’amorcer pour de bon », dit-elle.

Pas de retour en arrière

« Il faut se faire à l’idée que le milieu de travail ne sera plus jamais le même », dit Stéphane Rochereau. On ne reviendra plus à la situation que l’on connaissait avant la pandémie. Nous sommes maintenant en mode hybride, et il est là pour de bon. Même que bien des façons de faire demeureront 100 % virtuelles, selon lui. Les gestionnaires doivent le comprendre et s’adapter. Mais ils doivent être bien conscients que ce sera difficile pour bon nombre d’employés de s’adapter aux nouvelles façons de faire. « Ils devront être à l’écoute de leurs employés et être compréhensifs », dit Stéphane Rochereau. L’agenda est à refaire, et ce ne sera pas facile, autant pour les gestionnaires que pour l’ensemble du personnel. « Et tout cela doit se faire en évitant la tentation de vouloir retourner en arrière », insiste le consultant de Brio.

Ne pas jouer au superhéros

À bien des égards, la pandémie s’est avérée une bonne occasion pour les gestionnaires de démontrer leur capacité à faire face au changement. Ils doivent maintenant se faire confiance et croire en leur habileté à affronter les nouveaux changements. Pour faire face aux nouveaux défis que posera la réorganisation du travail, le gestionnaire doit prendre soin de lui également et ne pas se cacher qu’il aura aussi ses propres difficultés à surmonter. « Même qu’il pourrait sentir à certains moments qu’il manque d’oxygène », dit Stéphane Rochereau. « Il doit alors se recharger en allant chercher le coaching dont il a besoin, et surtout, ne pas se présenter comme le superhéros qui peut tout régler par lui-même », croit-il.