Le grand public commence à peine à s’habituer à la 5G que déjà des chercheurs planchent sur la 6G. Au menu : forte fiabilité, faible latence et débits faramineux. Survol.

« Généralement, il y a une nouvelle génération de standards cellulaires tous les 10 ans », explique Martin Maier, chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et expert reconnu de la 6G. « Donc, en ce moment, on déploie la 5G, mais il faut déjà commencer à penser à la 6G. »

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la 6G n’est pas une nouvelle technologie en soi. C’est plutôt un ensemble de nouvelles normes, adoptées par une grande partie des acteurs de l’industrie des télécommunications, qui permettent de « mettre à jour » les réseaux cellulaires. À ce stade-ci, la 6G est encore très, très loin d’être déployée : en fait, on ne sait même pas de quoi elle sera faite. La recherche menée par Martin Maier et ses confrères dans le monde sert justement à déterminer ce qui pourrait être utile, et ce qui serait faisable à grande échelle.

Une plus grande fiabilité

Avant la 6G, chaque « génération » a significativement amélioré les propriétés des téléphones cellulaires. La 4G, prédominante depuis les années 2010, a par exemple grandement augmenté le débit de données, permettant une meilleure utilisation de l’internet sur les téléphones. La 5G, qui se déploie actuellement, a en plus grandement bonifié la latence, c’est-à-dire la vitesse à laquelle les données vont et viennent sur le réseau.

La 6G devrait permettre d’importants progrès en matière de fiabilité du réseau, en plus d’améliorer encore le débit et la latence. Les performances seront significativement plus constantes qu’avec la 5G – probablement 100 fois plus, selon les données transmises à La Presse par le professeur Maier.

Pour le commun des mortels qui utilise le réseau à des fins personnelles ou récréatives, cette amélioration ne changera pas grand-chose. Mais pour beaucoup d’applications industrielles ou professionnelles, la fiabilité est un facteur beaucoup plus critique. « Par exemple, un chirurgien qui opérerait à distance doit pouvoir compter sur un réseau parfaitement régulier, sinon il pourrait faire des erreurs fatales », explique le professeur Maier.

La fiabilité de la 6G sera aussi cruciale pour qu’elle puisse être utilisée par certains objets connectés, par exemple les voitures autonomes. « Notre cerveau est capable, parce qu’il est très évolué, de très bien fonctionner à partir d’informations incomplètes, explique Martin Maier. Mais ici, on parle de robots, d’ordinateurs ou même de voitures qui ont besoin d’une information complète en tout temps. »

Moins de transmission

Même si elle représente l’avenir, la 6G aura probablement l’inconvénient d’être plus difficilement transmissible que ses prédécesseurs. En effet, elle s’appuiera sur des fréquences plus élevées, de l’ordre des térahertz, presque à l’orée de la lumière visible. « C’est nécessaire pour transporter plus de données, explique Martin Maier, mais en règle générale, plus les fréquences sont élevées, plus la transmission est difficile. Les térahertz se comportent un peu comme la lumière visible, elles ne peuvent pas passer à travers des murs ou des arbres. »

Selon lui, les sociétés de téléphonie cellulaire auront besoin d’installer beaucoup plus d’antennes dans les villes, ou alors de développer des antennes beaucoup plus puissantes. Selon d’autres chercheurs, la 6G pourrait être secondée par d’autres technologies plus facilement déployables sur de longues distances, comme les fameux réseaux satellitaires mis en avant par Elon Musk, grand patron de Tesla Motors. On peut aussi s’attendre à ce qu’elle coexiste, au moins pour un temps, avec les réseaux des générations précédentes comme la 5G ou même la 4G.