La Ferme Tournevent ne fait pas les choses comme les autres. En plus de produire des oléagineux (lin doré, chanvre cru, canola, caméline), l’entreprise du Saguenay–Lac-Saint-Jean les transforme en huiles biologiques et travaille dans une logique d’économie circulaire. Ses innovations n’ont d’ailleurs pas échappé à Fondaction et au Fonds d’économie circulaire, qui la soutiennent en investissant 750 000 $.

Parlant d’innovation, Tournevent fait pousser ses grains sans avoir recours au fumier animal. « Pour créer des engrais verts, on combine une légumineuse avec un oléagineux : la lentille va fixer l’azote au sol, ce qui va nourrir la plante, explique Audrey Bouchard, copropriétaire de la ferme avec son conjoint, Guillaume Dallaire. On possède aussi un centre de grains pour les séparer. Et on utilise le tourteau, le coproduit de la production d’huile, pour le retourner au sol. »

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Huiles biologiques de la Ferme Tournevent

Fondaction a été séduite par les actions faites afin de revaloriser les coproduits, plutôt que d’en faire des déchets. « Le tourteau peut être utilisé dans la production animale, de bières ou de farines, souligne Claire Bisson, chef adjointe, investissement d’impact, chez Fondaction. Cela s’additionne au fait que Tournevent offre des huiles intéressantes pour la santé avec un modèle agroalimentaire durable. »

Hybride

Ce soutien est un véritable sceau d’approbation pour l’entrepreneure.

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Audrey Bouchard est copropriétaire de la Ferme Tournevent avec son conjoint, Guillaume Dallaire.

C’est un signe que d’autres gens, qui ont observé énormément d’entreprises, ont vu notre potentiel. C’est la preuve qu’on va dans la bonne direction.

Audrey Bouchard, copropriétaire de la Ferme Tournevent

C’est d’autant plus vrai que Tourvenent est un hybride peu répandu. « La plupart des producteurs traditionnels se concentrent sur la production de lait ou de bovins, ajoute-t-elle. Les programmes de soutien aident généralement les producteurs ou les transformateurs. Nous, on fait les deux. Heureusement, Fondaction n’a pas peur des bibittes comme nous. »

En effet, l’organisation fouille le marché à la recherche d’entreprises innovantes. Spécialement quand il est question d’économie circulaire.

Le modèle linéaire qui consiste à exploiter, produire et jeter, ça n’a pas de sens. À nos yeux, toutes les entreprises qui intègrent l’économie circulaire sont innovantes.

Claire Bisson, chef adjointe, Investissement d’impact, chez Fondaction

Quatre grands indicateurs

Ancré dans le développement durable depuis sa fondation, Fondaction évalue la capacité d’innovation des entreprises en fonction de quatre grands indicateurs.

Le premier : la culture d’innovation. « On cherche à comprendre le processus d’innovation, si l’environnement est ouvert aux changements et aux idées des employés, et quelle est la mécanique interne pour que ça donne des résultats, explique Claire Bisson. Également, on évalue le temps que les cadres supérieurs accordent au développement de projets en comparaison avec les opérations. »

Le deuxième : les résultats. « La meilleure preuve d’innovation est le succès commercial, précise-t-elle. Est-ce qu’on assiste à la croissance du chiffre d’affaires grâce à l’innovation ? A-t-on atteint un nouveau marché ou de nouveaux segments de clientèle ? Est-ce que ça permet à l’entreprise de renforcer son emprise sur le marché existant ? » Fondaction s’intéresse également au succès opérationnel, afin de vérifier si de nouveaux procédés ont amélioré les marges opérationnelles. « Sans oublier la qualité d’innovation, en mesurant les bénéfices réalisés par rapport aux dépenses engagées. »

Vient ensuite l’évaluation de la croissance et de l’impact. « Si une innovation permet une économie plus verte, une alimentation plus durable et plus saine, ainsi qu’un impact social positif, ça nous parle. »

Puisque les innovations de la Ferme Tournevent ont été jugées prometteuses, la PME pourra accélérer son développement. « Fondaction nous a demandé à quoi on rêvait, se souvient Audrey Bouchard. Notre objectif est d’agrandir nos installations avec un nouvel entrepôt et d’automatiser nos chaînes de production, afin de déployer notre marque à la grandeur de la province et même au-delà. »