Le Québec minier, c’est 22 mines en exploitation, 29 projets sur l’écran radar du gouvernement, des entreprises de tailles variées, allant de la PME à la grande entreprise de plus de 1000 salariés. Au total, ce secteur emploie 17 000 personnes (exploitation, exploration et investissement), mais la rareté de la main-d’œuvre oblige l’industrie à innover en matière de recrutement.

Selon les données du Conseil des ressources humaines de l’industrie minière (Conseil RHiM), plus de 70 % des départs prévus dans la prochaine décennie sont dus à la retraite, un chiffre qui représente 60 000 travailleurs au Canada, soit 25 % de la main-d’œuvre actuelle. Près de la moitié (47 %) des emplois miniers à pourvoir au Québec d’ici 2023 le seront dans la région du Nord-du-Québec.

Si le secteur minier représente des dizaines de types d’emplois différents, certains professionnels sont plus demandés. « Les emplois sont variés parce qu’une mine, c’est quasi une miniville. En ce moment et pour les années à venir, l’industrie cherche notamment des foreurs, des opérateurs de camions et de chargeuses-navettes, des mécaniciens de machinerie lourde et des mécaniciens d’équipements lourds mobiles », soutient Katie Deneault, directrice service-conseil ressources humaines à l’Association minière du Québec (AMQ).

Penser à la famille

Bonis d’éloignement, prime de nuit et salaire moyen de 104 000 $, les avantages sont nombreux pour ceux qui désirent faire carrière dans le domaine.

Le système de fly in/fly out attire encore parce qu’il représente un mode de vie, mais combler des postes dans les lieux qui n’ont pas ce système est désormais plus long. La pénurie varie selon les régions.

Katie Deneault, directrice service-conseil ressources humaines à l’Association minière du Québec

La famille est l’un des principaux enjeux quand vient le temps de recruter un travailleur originaire d’une autre région, comme l’explique la spécialiste de l’AMQ : « Un employé qui s’installe dans une ville comme Val-d’Or va déménager avec toute sa famille. Il est important de l’accompagner, car parfois, trouver un logement, une garderie, un emploi pour le conjoint, par exemple, peut constituer un défi en raison de la disponibilité. Les comités d’accueil régionaux sont bénéfiques à cet effet. »

Opération séduction

Si le milieu minier est encore majoritairement masculin à 87 %, les employeurs font de plus en plus de place aux femmes, aux autochtones et aux immigrés. Entre 2014 et 2018, le nombre de femmes a d’ailleurs augmenté de 35,8 % et le nombre d’employés autochtones a progressé de 77,9 % pour la même période. Évidemment, la COVID-19 a mis un frein au recrutement à l’étranger, mais dès l’ouverture des frontières, les efforts reprendront en ce sens. « La conception des installations minières est faite pour accueillir tout le monde et répond aussi aux besoins des femmes », affirme Katie Deneault. Autres initiatives, depuis 2018, la mine Raglan a mis en place l’école-mine Tamatumani destinée aux Nunavimmiuts désirant devenir mineurs sous terre, mais ne détenant pas encore l’expérience requise.

Certaines minières ont aussi des lieux pour permettre aux autochtones de pratiquer des activités en lien avec leurs traditions.

Katie Deneault, spécialiste de l’AMQ

Vers une mine intelligente

Les développements technologiques et la venue d’une industrie 4,0 vont assurément donner un coup de pouce au recrutement. « Il y a un maillage entre l’industrie minière et la technologie. Les emplois sont en train d’évoluer parce que les mines deviennent de plus en plus automatisées », explique Valérie Dubreuil, conseillère aux communications pour le comité sectoriel de main-d’œuvre, le CSMO Mines. Selon un rapport de l’AMQ, du CSMO Mines et de l’Institut national des mines du Québec (UNMQ) de 2019, une dizaine de postes seraient d’ailleurs appelés à changer radicalement au cours des prochaines années. À titre d’exemples, les emplois dans les salles de contrôle et ceux des opérateurs sous terre. « Le rôle des opérateurs est un exemple, car ils vont pouvoir contrôler à partir d’une télécommande depuis la surface et non plus sous terre », confirme Valérie Dubreuil.