Incubateur-accélérateur, formations, routes, internet haute vitesse : c’est en investissant dans les milieux de vie qu’on a décidé de développer le territoire nordique du Québec, soit celui situé au-delà du 49e parallèle.

Dans son Plan d’action nordique 2020-2023 lancé en décembre, Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable de la région de la Côte-Nord, a mis en priorité 49 actions. Déjà, 26 ont été entamées, dont une qui est terminée, soit le branchement à l’internet haute vitesse sur la Basse-Côte-Nord.

« Il y aura un suivi annuel et une reddition de comptes réalisée par la Société du Plan Nord, précise le comptable de formation. Le plan de 1,4 milliard de dollars aura des résultats probants qui favoriseront les retombées économiques parce que nous créerons un écosystème favorable aux investissements avec, entre autres, des infrastructures routières, l’internet haute vitesse et la formation de la main-d’œuvre en milieu nordique. »

Ce virage, axé sur le développement socio-économique plutôt que simplement économique, il l’a pris grâce à l’Assemblée des partenaires qui représentent les collectivités locales et les principaux secteurs d’activité concernés.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable de la région de la Côte-Nord

[Les collectivités locales] nous ont dit qu’il ne faut pas développer le Nord, mais habiter le Nord. L’amélioration de la qualité de vie dans le Nord amènera le succès, parce que les gens qui y vivent feront du développement économique.

Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable de la région de la Côte-Nord

Accélérateur-incubateur en tourisme

Un projet récemment annoncé pour accroître le potentiel entrepreneurial sur le territoire nordique est l’accélérateur-incubateur en tourisme.

« Comme le territoire est immense, les entrepreneurs sont relativement isolés, alors nous voulons travailler avec les associations touristiques régionales pour mieux les accompagner », explique Marc Plourde, président-directeur général de la Fédération des pourvoiries du Québec, qui travaille de concert pour ce projet avec Tourisme Autochtone Québec et Aventure Écotourisme Québec.

Même avant la pandémie, un format d’incubateur-accélérateur nomade avait été choisi. « On ne peut pas demander à des gens de s’occuper de leur entreprise tout en venant passer trois semaines à Québec pour de l’accompagnement, indique M. Plourde. Les ressources du Sud doivent trouver des moyens d’aller vers le Nord. De plus, nous sommes en train d’identifier les ressources déjà sur place pour créer un réseau de collaborateurs. Plusieurs outils technologiques seront utilisés. »

La formule de coaching n’est pas encore précisée, mais elle sera sur le long terme. Le budget de 8 millions de l’accélérateur-incubateur permettra aussi d’investir dans des projets d’entreprises.

« Nous pourrons aussi les mettre en lien avec des organismes comme Investissement Québec, Filaction et la Société de crédit commercial autochtone [SOCCA] », précise M. Plourde, qui prévoit lancer l’invitation aux entrepreneurs nordiques en juin.

Rareté de main-d’œuvre

Satisfaite du Plan d’action nordique, Jessica Bélisle, directrice générale de la Chambre de commerce de Sept-Îles–Uashat mak Mani-utenam, explique qu’il y a toute une conjecture qui fait en sorte que le Nord a le vent dans les voiles actuellement.

« Le prix du fer est très haut, ce qui amène toujours un dynamisme sur la Côte-Nord, et le gouvernement a investi dans la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire [pour accueillir la production supplémentaire de la mine de fer du lac Bloom], donc ce sont des contrats de plus pour nos entreprises, indique-t-elle. Il faut aussi souligner que la région a été épargnée par la COVID-19 et notre tourisme en a bénéficié. »

La Chambre de commerce attend tout de même avec impatience la suite du prolongement de la route 138, qui est dans le Plan d’action nordique. « Il faut la compléter pour désenclaver complètement le Nord », affirme Mme Bélisle.

Elle se réjouit de voir qu’on investit pour maintenir un milieu de vie attractif. « C’est important, parce qu’on a vraiment une rareté de main-d’œuvre. Est-ce que l’immigration sera notre planche de salut ? Ou ce sera les partenariats avec les Premières Nations comme on le voit avec le parc éolien Apuiat réalisé par les Innus et Boralex ? Ces avenues font certainement partie de la solution. »