Peu connu, le génie de la santé est un immense secteur qui recoupe une multitude de spécialités. La majorité des ingénieurs qui y travaillent ont d’ailleurs une formation dans un domaine aussi varié que le génie mécanique, le génie électrique et le génie chimique, entre autres. Survol.

Un secteur en croissance

Selon le Bureau des statistiques du travail américain, le nombre d’emplois dans le secteur du génie biomédical devrait augmenter de 5 % entre 2019 et 2029 chez nos voisins du Sud. Une croissance plus forte que tous les autres domaines du génie et qui devrait être sensiblement la même chez nous. « Nous avons les mêmes possibilités de croissance en raison des besoins du milieu de la santé et du développement des nouvelles technologies, que ce soit les applications numériques, l’impression 3D, les dispositifs médicaux, etc. », soutient Carl-Éric Aubin, professeur titulaire au département de génie mécanique et à l’Institut de génie biomédical de Polytechnique Montréal. À cela s’ajoutent le vieillissement de la population et le désir de celle-ci de rester active. « Les gens cherchent des solutions biomédicales à leurs problèmes de santé, ce qui fait augmenter la demande pour des dispositifs et des procédures, comme les remplacements de la hanche et du genou. Tout cela sans parler des technologies d’assistance. »

Des employeurs multiples

À l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), qui comptait 64 351 membres en 2018, 771 des membres travaillent dans les domaines du génie biomédical et du génie biotechnologique. L’ordre estime qu’une quarantaine d’employeurs au Québec embauchent cinq ingénieurs ou plus dans ce domaine. Dans cette liste, on retrouve autant des centres hospitaliers que des entreprises pharmaceutiques, des PME et de grandes entreprises. « Cette diversité n’est pas étonnante quand on pense qu’il faut des ingénieurs partout dans ce domaine, de la conception d’un verre de contact, d’une orthèse, d’un lit d’hôpital en passant par les systèmes diagnostiques ou lors de la rénovation d’un centre hospitalier. Cela va aussi loin que la création d’un produit simple comme un diachylon », explique Carl-Éric Aubin.

Un petit nombre de programmes de formation

En ce qui concerne la formation, trois programmes pertinents ont été agréés par Ingénieurs Canada au Québec. Au 1er cycle, le génie biomédical est offert depuis 2009 à Polytechnique Montréal. Tandis que le génie biotechnologique est offert depuis 2008 à l’Université de Sherbrooke et le bio-engineering est offert à l’Université McGill. En tout, pour l’année 2019-2020, on compte 139 nouveaux diplômés en génie biologique et biomédical (1er, 2e et 3e cycles). Un chiffre qui est loin de tenir compte de l’ensemble des ingénieurs qui opteront pour cette avenue comme choix de carrière. « Cette donnée ne tient pas compte des ingénieurs formés dans d’autres disciplines et qui travailleront dans le secteur biomédical. Il est difficile d’avancer un chiffre, mais c’est probablement plusieurs fois celui rapporté », estime Carl-Éric Aubin.

Un domaine féminin

À l’instar de nombreuses professions dans le domaine de la santé, les femmes sont nombreuses dans le génie de la santé. Parmi les diplômés, 48 % sont des femmes, un chiffre plus élevé que la moyenne de 21 % pour l’ensemble des disciplines en génie. « Le domaine du génie est encore majoritairement masculin, mais les choses changent. Au cours des sept dernières années à Polytechnique Montréal, au niveau de l’inscription, les femmes étaient majoritaires à 57 % en génie biomédical », constate Carl-Éric Aubin. Selon l’expert, le fait d’être dans un domaine tourné vers l’humain, multidisciplinaire, qui demande une ouverture d’esprit, un bon esprit d’intégration et de communication, sans parler des nombreux défis qu’on y trouve, pourrait expliquer cet intérêt de la part des femmes.