Dans différents domaines d’études, des arts à l’enseignement en passant par la communication, la pandémie a laissé sa marque. Des contenus ont été ajoutés ou adaptés, des cours et des programmes courts ont été créés. Aperçu.

Les interprètes en langue des signes n’ont jamais été aussi présents dans la société québécoise que pendant la COVID-19. « Mais, au début de la pandémie, il n’y avait pas d’interprètes dans les conférences de presse et il a fallu que la communauté sourde et ses alliés se mobilisent et revendiquent l’accessibilité communicationnelle : c’est une question d’équité sociale », explique Véronique Leduc, professeure au département de communication sociale et publique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Depuis son embauche en 2017, la première professeure sourde employée dans une université québécoise travaille avec des collègues sur la création du programme court de deuxième cycle Handicap et sourditude : droits et citoyenneté, qui a été lancé cet automne. L’hiver prochain, elle donnera pour la première fois le cours Handicap et sourditude : stratégies de communication, de recherche et d’action.

Elle y abordera notamment la question des masques qui empêchent les personnes sourdes de lire sur les lèvres. « Pourquoi le masque transparent n’est-il pas la norme, alors qu’il y en a qui sont approuvés par Santé Canada ? Cela aurait un impact majeur. Mais un changement de société ne tombe jamais du ciel : il faut se mobiliser et utiliser différentes stratégies pour le susciter. »

Bouleversements chez les enseignants

Alors qu’il manque d’enseignants dans la région de Montréal depuis plusieurs années déjà, la COVID-19 n’a rien arrangé, et l’Université de Montréal (UdeM) tente d’en former davantage en pigeant dans un autre bassin de candidats que les finissants du collégial. L’UdeM a donc lancé cet automne la maîtrise qualifiante en éducation préscolaire et en enseignement primaire – celle pour le secondaire est arrivée en 2009. Elle est offerte à temps plein ou partiel, les soirs, les fins de semaine et l’été pour permettre aux enseignants non légalement qualifiés (sans brevet) de s’inscrire.

« Nous avons reçu 940 demandes d’admission et nous pensions en prendre 120, mais devant cet engouement, nous sommes allés jusqu’à 225 », affirme Pascale Lefrançois, doyenne de la faculté des sciences de l’éducation à l’UdeM.

Cette année, le programme, comme tous ceux des cycles supérieurs, est offert en ligne, mais dès l’automne prochain, il sera hybride.

La pandémie a d’ailleurs aussi montré l’importance de savoir enseigner à distance au primaire et au secondaire.

On est plus conscients de l’importance d’une bonne utilisation des technologies, que ce soit pour enseigner complètement à distance ou pour une activité complémentaire à ce qui se fait dans la salle de classe.

Pascale Lefrançois, doyenne de la faculté des sciences de l’éducation à l’UdeM

Des programmes sont aussi créés pour aider les enseignants à se perfectionner. Par exemple, le microprogramme de deuxième cycle en intégration pédagogique du numérique a été refait dans le contexte pandémique.

Améliorer la résilience en arts et en culture

Particulièrement frappés par les conséquences de la pandémie, les gens du milieu des arts et de la culture ont été nombreux à se poser des questions sur leur avenir. Pour ceux qui ont voulu se réorienter, ou profiter de cette période pour améliorer leurs compétences, l’Université Concordia a créé deux microprogrammes : un en scénarisation, offert l’été dernier, et un en conception de sites web, offert cet automne. Ils comprennent chacun quatre cours crédités et se terminent en 13 semaines.

Celui en scénarisation sera offert de nouveau l’hiver prochain les soirs et les samedis pour mieux accommoder les travailleurs.

« Les gens du milieu artistique et culturel ont beaucoup souffert pendant cette période », affirme Annie Gérin, doyenne de la faculté des beaux-arts de l’Université Concordia. « Avec ces programmes, nous voulons améliorer leur résilience et celle de tout ce secteur d’activité. »