La Caisse de dépôt et placement du Québec annonce mercredi le lancement d'Ambition ME, une offre qui vise à donner aux moyennes entreprises d’ici les moyens de leurs ambitions. Par cette offre, elle recentre ses cibles et clarifie ses engagements envers les moyennes entreprises afin de mieux appuyer le développement économique du Québec.

En entrevue avec La Presse, Geneviève Bouthillier, vice-présidente, moyennes entreprises privées et investissement durable, explique que la Caisse de dépôt invite avec cette offre toute moyenne entreprise ayant un produit, ainsi qu’une certaine maturité de gestion professionnelle, et qui aurait besoin d’un investissement de 5 à 75 millions de dollars à s’adresser à elle.

Le programme Ambition ME consiste pour la Caisse à prendre des participations au capital-actions des moyennes entreprises, et non pas de leur faire des prêts. « On vise des participations entre 15 et 30 % du capital de la firme », dit Mme Bouthillier.

Le but de ce recentrage est aussi d’accompagner les moyennes entreprises et les amener à grandir. « On cherche les moyennes entreprises d’aujourd’hui qui deviendront les grandes entreprises de demain », dit-elle. La Caisse veut les accompagner, et pour cela, elle a déjà à son service une équipe à temps plein d’anciens gens d’entreprise qui connaissent bien la façon de gérer la croissance.

Des clauses de sortie

La Caisse de dépôt est actionnaire de la majorité des grandes entreprises québécoises et peut aider bien du monde à grandir, explique Mme Bouthillier. « Les entreprises québécoises de toutes tailles ont réalisé 285 acquisitions hors Québec depuis cinq ans, et la Caisse a participé à plusieurs de ces transactions », dit-elle.

Est-ce qu’une participation de 30 % n’est pas un peu élevée ? peut-on se demander. La vice-présidente de la Caisse rappelle qu’il existe toujours des clauses de sortie lorsque les entreprises se sentent prêtes à voler de leurs propres ailes.

La voie vers une entrée en Bourse ?

Ambition ME pourrait donner l’impression d’une offre servant à amener éventuellement les entreprises à être inscrites en Bourse. Mais ce n’est pas le cas. Bien qu’il n’est pas exclu que cela se produise dans certains cas.

Ambition ME se veut beaucoup plus un fonds d’investissement privé qui prend des positions dans un certain nombre d’entreprises à qui il veut fournir un bon accompagnement autant sur le plan financier que sur celui de la gestion, et ce, à moyen et long terme.

Geneviève Bouthillier, vice-présidente, moyennes entreprises privées et investissement durable

« On a vraiment la volonté d’être actifs avec ces entreprises et de travailler avec elles pour les amener à un stade de croissance supérieur », ajoute-t-elle.

Faut-il alors comprendre que les entreprises seront forcées de participer à un processus d’accompagnement fourni par les experts de la Caisse de dépôt ? Non, s’empresse de répondre Mme Bouthillier. « Si l’entreprise voit ça comme une obligation, on n’est pas le bon partenaire », dit-elle. « Certes, la Caisse sera actionnaire et jouera son rôle comme tel », ajoute-t-elle toutefois.

Le budget

On sait que la Caisse possède d’importantes ressources financières, mais il n’y a pas de budget prédéterminé pour l’offre Ambition ME. La Caisse détient déjà 50 milliards en investissements dans des entreprises québécoises. Il y a 10 ans, c’était 20 milliards.

Il y a presque un an que l’on se prépare à la Caisse à lancer l’offre Ambition ME. « Nous sommes allés évaluer les changements survenus au cours des dernières années et la façon dont travaillent maintenant les jeunes entreprises afin de déterminer comment on allait remodeler notre offre », dit Geneviève Bouthillier.

Au nombre des grands changements, on note la technologie et l’innovation, bien sûr, mais aussi une grande préoccupation pour les critères environnementaux, sociétaires et de gouvernance (ESG).

« Des méthodes de gestion plus inclusives des critères ESG sont aujourd’hui dans l’ADN des moyennes entreprises », constate Mme Bouthillier. C’est pourquoi la Caisse a une équipe de 30 personnes pour accompagner les moyennes entreprises dans l’application des critères ESG. « Avant, il fallait courir après les entreprises pour leur parler de ce sujet, maintenant, tout le monde s’y intéresse, dit-elle. Les entreprises comprennent que si elles ne s’y intéressent pas, elles auront de la difficulté à recruter. »