La pénurie de main-d’œuvre frappe et on s’arrache les diplômés de nombreux programmes. Que peuvent faire les universités pour recruter davantage d’étudiants afin de mieux répondre aux besoins des employeurs ?

Alors que les universités ont un grand rôle à jouer afin de former suffisamment de gens capables d’investir le marché du travail pour aider le Québec à se sortir de la pénurie de main-d’œuvre, elles subissent un effet pervers de cette demande du marché.

« Lorsque le taux de chômage baisse, l’attractivité des cursus d’études diminue pour une certaine partie des jeunes en âge de commencer leurs études parce qu’ils peuvent se trouver un emploi sans formation longue et que dans certains domaines, les employeurs les embauchent même s’ils n’ont pas obtenu leur diplôme », remarque Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Sciences infirmières

Mais les universités poursuivent leurs efforts pour tenter de mieux répondre aux besoins. Par exemple, l’Université McGill offre depuis l’automne son baccalauréat intégré (deux années d’études après les trois du diplôme d’études collégiales) en sciences infirmières complètement en ligne, excepté les stages.

« Il y a aussi des simulations virtuelles avec des acteurs qui jouent le rôle de patients standardisés et le facilitateur qui fait les gestes demandés par l’étudiante, comme placer le stéthoscope à tel endroit », explique Annie Chevrier, directrice du baccalauréat intégré en sciences infirmières, modalité en ligne, à l’Université McGill.

L’objectif de cette initiative est d’aider davantage d’infirmières qui entrent sur le marché du travail après leurs études collégiales partout dans la province à poursuivre leur formation en éliminant la difficulté du transport. « Si elles étudient en ligne, c’est aussi plus facile pour les employeurs de les garder à temps partiel, et une fois qu’elles auront terminé leur baccalauréat, elles pourront poursuivre à la maîtrise pour devenir infirmières praticiennes spécialisées, indique Mme Chevrier. Le gouvernement a comme priorité d’en former davantage. »

La première cohorte compte 75 étudiants et on augmentera graduellement ce nombre pour atteindre 126 l’an prochain et 145 par la suite. « Notre baccalauréat intégré a vu son nombre de demandes d’admission augmenter de 250 % cette année avec l’arrivée de la cohorte en ligne », se réjouit Mme Chevrier.

Enseignement

Le Québec souffre aussi d’un manque d’enseignants. C’est pourquoi beaucoup sont tolérés même s’ils n’ont pas de brevet. Les universités proposent de plus en plus de programmes pour les qualifier.

Alors que l’UQAM offre ce type de maîtrise depuis une dizaine d’années, elle a ajouté une cohorte cet automne à celle en enseignement des arts. « Ces maîtrises mènent au brevet qui pourra leur donner accès à un poste », explique M. Pleau.

L’an dernier, l’UQAM a aussi lancé un cheminement à temps partiel du baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire pour les enseignants en exercice qui ne détiennent pas de brevet.

Sciences, informatique et génie

Pour répondre à des besoins émergents, l’Université de Sherbrooke (UdeS) travaille actuellement à un projet de baccalauréat en sciences quantiques.

L’informatique et le calcul quantique sont au cœur du projet de baccalauréat en sciences quantiques qui vise le développement d’une foule d’applications très performantes dans différents domaines.

Christine Hudon, vice-rectrice aux études de l’Université de Sherbrooke

On pense notamment à l’analyse de données, aux capteurs quantiques et à la cryptographie quantique.

Selon le Conseil national de recherches du Canada, l’industrie de la technologie quantique pourrait employer 229 000 personnes en 2040.

Dans ce type de programmes, comme c’est le cas en génie également – autre secteur où les besoins sont importants –, on cherche à attirer des femmes. « Nous faisons beaucoup d’efforts pour en attirer, par exemple en embauchant des professeures », affirme Christine Hudon.

La faculté de génie de l’UdeS a d’ailleurs comme objectif pour 2022 d’atteindre 20 % de femmes dans son corps professoral. « Ce sera atteint », précise Mme Hudon. L’objectif sera de 30 % en 2030.