Une première cohorte de 16 entreprises annoncée

Le gouvernement du Québec a dévoilé jeudi les noms des 16 entreprises touristiques qui formeront la première cohorte d’un projet d’incubateur-accélérateur nordique doté d’un budget de 8 millions de dollars, annoncé en avril dernier. Neuf des seize jeunes pousses sont des entreprises autochtones.

Cet incubateur offrira un accompagnement personnalisé à ces promoteurs ainsi que des investissements directs dans le développement de leurs projets touristiques variés et tous situés au nord du 49parallèle, dans les régions d’Eeyou Istchee Baie-James, du Nunavik, de la Côte-Nord et du Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’enveloppe de 8 millions provient en parts égales du ministère du Tourisme et de la Société du Plan Nord, dans le cadre du Plan d’action nordique 2020-2023.

« Il y a un énorme potentiel touristique au nord du 49parallèle, et nous avons besoin de mieux structurer l’offre et d’attirer plus de visiteurs dans le respect des capacités d’accueil, avec des pratiques écoresponsables, et augmenter les dépenses touristiques, explique Caroline Proulx, ministre du Tourisme. C’est une première qu’un tel accompagnement pour des entreprises touristique soit déployé au nord du 49parallèle. L’accompagnement sera très ciblé et niché, avec, entre autres, de 100 à 200 heures de suivis individuels. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Caroline Proulx, ministre du Tourisme

La sélection s’est faite en collaboration avec la Fédération des pourvoiries du Québec, Tourisme autochtone Québec et Aventure Écotourisme Québec. Les 16 entreprises en démarrage ou en phase d’accélération prochaine sont actives dans le tourisme nature, d’aventure ou culturel. En tout, 33 organisations avaient posé leur candidature, et 25 ont été rencontrées dans le cadre du processus de sélection.

Les 16 entreprises choisies

Parcours démarrage : Chibougamau Aventure, Brousse Aventure, Aventures Jack Hume, Nation crie de Chisasibi et Nunawild

Parcours accélération : Pourvoirie Damville, Pourvoirie Nabisipi Uenapeu, Attitude nordique plein air, Corporation du Mushuau-nipi, Auberge Wedge Hills, Les Gérances de la Horde sauvage, Entreprises Munich-Watkins, Corporation Nibiischii, aWiinipaakw Tours, Coop de solidarité, Pourvoirie Broadback et Institut culturel cri Aanischaaukamikw.

La barrière du transport

Évidemment, la première objection que pourrait soulever un touriste potentiel à un séjour au nord du 49parallèle est le coût prohibitif des billets d’avion. Or, un autre programme, lancé avant la pandémie, propose des solutions. Il s’agit d’Explore Québec, qui offre des rabais allant de 25 % à 50 % selon la région de départ, pour des touristes à destination des régions éloignées qui achètent des forfaits.

« Les régions visées par l’incubateur sont toutes comprises dans les séjours du programme Explore Québec », dit la ministre Proulx.

Tourisme autochtone

PHOTO FOURNIE PAR PARCS NUNAVIK

Le tout nouveau parc Ulittaniujalik, dans le Nunavik

Le fait que 9 des 16 entreprises sélectionnées pour l’incubateur soient autochtones n’est pas le fruit du hasard. Le tourisme autochtone a le vent dans les voiles et un grand potentiel.

Au début des années 2000, on pouvait compter environ une centaine de possibilités d’expériences touristiques autochtones au Québec. En 2010, elles étaient 154 et en 2020, nous en sommes à 248.

Dave Laveau, directeur général de Tourisme autochtone Québec

« Évidemment, c’est un secteur de niche avec de très petites entreprises, mais c’est le secteur touristique le plus en croissance au Canada, selon ce que disait récemment la ministre fédérale du Développement économique, Mélanie Joly, ajoute M. Laveau. C’est un secteur qui a la cote avec la clientèle internationale, mais aussi auprès des Québécois. Avec la pandémie, on a recentré notre promotion sur le marché intérieur et on n’a jamais vu autant de solidarité. Le tourisme autochtone est un outil de rapprochement avec le reste de la population. »

Si les entrepreneurs autochtones vivent les mêmes enjeux et difficultés que les autres, ils font parfois face à des problèmes de financement, s’ils vivent sur des réserves. En effet, la Loi sur les Indiens fait en sorte que les biens qui se trouvent sur les réserves ne sont pas saisissables, ce qui rend les prêteurs traditionnels plus frileux. Un programme d’incubateur comme celui-ci, avec une enveloppe budgétaire substantielle, est une bouffée d’air frais pour le développement économique de ces communautés.