La pandémie frappe durement les secteurs de la restauration, des hôtels et du tourisme. Laval ne fait pas exception à la règle, mais son économie est la moins touchée de toutes les régions du Québec, selon une récente étude de Desjardins. Cette relative bonne nouvelle cache toutefois les nombreux défis auxquels ont dû faire face la plupart des 11 500 entreprises établies sur le territoire.

La croissance économique de Laval devrait rebondir en 2021 avec une croissance de 7,2 %. Sur le plan des emplois, la ville comptait 227 000 travailleurs à temps plein en septembre dernier comparativement à 213 000 en février, une croissance de 6,6 %. Les emplois à temps partiel ont toutefois connu une baisse de 3 %. Comment expliquer ces résultats ? « Les emplois à temps partiel sont plus fréquents dans les secteurs les plus touchés par la pandémie. Malgré les incertitudes, l’économie de la ville est en bonne position parce qu’elle est diversifiée », explique Lidia Divry, directrice du service de développement économique de la Ville de Laval.

Priorité à la transformation numérique

Pour soutenir les entreprises face aux enjeux qu’occasionne la pandémie, la Ville a mis en place un plan de relance économique. Ce dernier se concentre sur deux piliers : aider les entreprises à s’y retrouver dans l’éventail des mesures d’aide et développer des projets structurants. « Les problématiques sont variables d’une entreprise à l’autre, mais il faut vraiment faire une avancée au niveau de la transformation numérique et du soutien à la productivité et l’innovation », explique Lidia Devry.

Oberson : éviter la file d’attente

Pris d’assaut par les amateurs de vélo, de ski et de planche à neige, Oberson a vu ses ventes en ligne exploser depuis le début de la pandémie. « Je n’ai jamais vendu autant de vélos », explique le propriétaire, Daniel L’écuyer. Loin d’envisager une accalmie, l’homme d’affaires prévoit même que son secteur sera encore aux prises avec une pénurie l’an prochain. « Ce type d’équipement est fabriqué en Europe et beaucoup d’entreprises ont fermé pendant des semaines. Mon défi est d’avoir suffisamment d’inventaires pour répondre à la demande. Je n’ai pas le choix de réagir vite. D’un autre côté, il ne faudrait pas que les stations de ski ferment le 15 janvier parce que cela me mettrait en mauvaise posture. »

Les ventes en magasin ne sont pas en reste, si bien que de longues files se forment à l’extérieur de l’établissement. « La gestion de la clientèle n’est pas toujours simple. J’embauche 150 employés, mais j’ai besoin de personnel supplémentaire. La transformation de la PCU en prestation de chômage ne nous a pas aidés. » Pour régler une partie du problème, l’homme d’affaires a recours depuis deux semaines à une application qui permet aux clients d’attendre bien au chaud dans leur voiture.

Mon modèle d’affaires a changé et la gestion informatique y compte pour beaucoup.

Daniel L’écuyer, propriétaire d'Oberson

Revoir sa stratégie de stocks

SMT Hautes Technologies produit annuellement près de 15 millions de circuits électroniques qui se retrouvent dans bon nombre de produits de notre quotidien. La pandémie a fait bondir les commandes. Pour éviter la pénurie de pièces, l’entreprise a dû revoir sa stratégie d’affaires. Elle est passée d’un modèle juste à temps à une production planifiée à long terme. « On a été obligés de se constituer des inventaires de pièces. On a loué un entrepôt et réservé des pièces à long terme à un de nos fournisseurs. On a aussi revu notre logistique de transport pour une livraison par bateau au lieu de l’avion », explique Serge Beaulieu, vice-président du développement d’affaires chez SMT Hautes Technologies.

Pour Serge Beaulieu, cette nouvelle façon de faire a l’avantage d’éliminer les intermédiaires et permet de réduire les coûts de production. À la fin de la crise, il croit que cette stratégie va demeurer.

La planification pour se sortir de cette crise est la clé.

Serge Beaulieu, vice-président du développement d’affaires chez SMT Hautes Technologies

Et pourquoi ne pas profiter de la crise pour investir ? « Nos installations sont très automatisées, il y aura prochainement des petits robots pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre et aussi l’assemblage mécanique, ce qui correspond à 10 millions d’investissements. Cette automatisation nous rend compétitifs par rapport à la Chine et assure une qualité hors pair », affirme l’homme d’affaires.