L’industrie aérospatiale au Québec est un poids lourd, tant au niveau de sa contribution économique que des 100 000 emplois directs et indirects qu’elle génère. Pas étonnant que la crise qui secoue ce secteur inquiète les dirigeants de PME, qui ont vu leurs activités ralentir considérablement au cours des derniers mois. Portrait.

4500 emplois

Depuis le début de la crise sanitaire, 4500 emplois directs – sur un total de 43 400 – ont été supprimés au Québec. « C’est tout de même une perte de 10 % de l’effectif ; il faut s’attendre à d’autres coupes [au cours des prochains mois] », soulève Suzanne Benoît, PDG d’Aéro Montréal. Elle concède que la subvention salariale consentie par Ottawa a quelque peu « masqué la réalité » en permettant aux employeurs de maintenir en emploi l’ensemble des travailleurs. Mais elle ajoute : « Il y a lieu de se demander comment les choses vont évoluer si Ottawa met fin à cette subvention. »

200 entreprises

Au Québec seulement, on dénombre 200 PME qui gravitent au sein de l’industrie aérospatiale. Ces entreprises font partie de la chaîne d’approvisionnement de pièces et de composantes pour le compte des Bombardier, Airbus, Bell Helicopter, ou encore Pratt & Whitney. Or, avec la crise qui a cloué au sol les appareils des sociétés aériennes telles qu’Air Canada, Air Transat, ou encore WestJet, les maillons de la chaîne se sont noués, réduisant au silence bon nombre d’ateliers d’usinage et de production de pièces pour les appareils. « L’aérospatiale dépend du transport aérien, observe David Chartrand, de l’AIMTA-FTQ. Quand on n’achète plus d’avions, on reporte des commandes, les aéroports sont désertés et les mises à pied s’accumulent. »

50 %

Le bilan de santé des entreprises québécois varie en fonction des marchés – et des ententes commerciales négociées. Il n’en demeure pas moins, selon les estimations d’Aéro Montréal, que la baisse d’activité, dans son ensemble, atteint 50 %, en moyenne, depuis le printemps dernier. Pour faire face à la tempête, des entreprises commencent à considérer des alliances ou des partenariats d’affaires. Cela pourrait donner lieu à un mouvement de consolidation où des PME plus fragiles vont migrer vers des entreprises en meilleure position financière.

1,3 %

Tandis qu’en Europe, aux États-Unis, et même en Asie-Pacifique, les gouvernementaux délient les cordons de la bourse pour soutenir l’industrie aéronautique et aérospatiale à coups de milliards, au Canada, le « soutien financier » demeure famélique, à 1,3 %. « [Cette faible contribution] crée de l’inquiétude au sein de notre industrie », relève Mario Gauthier, PDG de la firme Placeteco. Ce que confirme Suzanne Benoît, PDG d’Aéro Montréal : « Partout dans le monde, les gouvernements ont annoncé publiquement leur soutien. En France, à titre d’exemple, on parle d’une contribution de 15 milliards d’euros. » Le soutien à l’industrie, dans ce pays, se situe à 36,1 %. Aux États-Unis, il se situe à 32,6 %. Au Japon, il atteint 22 %.