Certains donnent pour respecter leurs traditions familiales ou religieuses. D’autres pour s’investir dans leur communauté. Pour Claude Mongeau et Guylaine Leduc, les dons sont un moyen de créer un meilleur équilibre en société.

Figurant parmi les grands donateurs de Centraide, qui dispose des sommes amassées auprès de plusieurs organismes, les conjoints ont également lancé la Fondation Famille Mongeau pour donner directement aux causes qui leur tiennent à cœur. « On choisit des organismes qui aident les femmes et les enfants avec des besoins spécifiques, ainsi que les organisations impliquées dans le développement durable », dit Mme Leduc.

Se sachant privilégié financièrement, le couple tient à redonner. « Ça fait partie de nos valeurs, affirme l’ancien PDG du Canadien National. On pourrait se concentrer sur nos succès personnels, mais c’est important pour nous de garder un lien avec notre communauté. Depuis que je suis en semi-retraite, la philanthropie prend encore plus de place. Je trouve ça extrêmement gratifiant ! »

Les bienfaits humains des donations poussent de nombreux citoyens à ouvrir leur portefeuille. « Face à la souffrance d’autrui, on sait qu’on ne peut pas l’effacer complètement avec un don, mais on peut l’atténuer par un geste qui ne nous coûte pas grand-chose, explique Jean-Marc Fontan, professeur expert en philanthropie à l’Université du Québec à Montréal. On ressent une satisfaction d’avoir aidé quelqu’un en détresse. »

Très souvent, les motivations à donner sont d’ordre moral. « Plusieurs personnes appartiennent à un ordre religieux qui valorise la générosité et ce type de comportements, car ça rend les personnes meilleures, ajoute le spécialiste. Parfois, on donne en fonction de notre idéologie : ceux qui soutiennent l’écologie vont consommer le moins possible et donner leurs avoirs en trop, dans une optique de bienfaisance. »

De génération en génération

Certains individus donnent par tradition, après avoir vu leurs parents et grands-parents faire de même. « Pour eux, le geste est naturel, et il contribue indirectement au sentiment d’appartenance à leur famille », souligne M. Fontan.

Si le geste s’inspire de la tradition, les plus jeunes peuvent néanmoins se le réapproprier.

Après avoir vu ses parents donner à Centraide, un jeune adulte peut donner aux projets de ses pairs en sociofinancement, parce qu’il a l’impression d’avoir un impact plus direct.

Jean-Marc Fontan

Les Mongeau-Leduc font partie de ceux qui enseignent à leurs enfants l’importance de donner. « Quand nous étions plus jeunes, chaque année, on passait faire un don à Jeunesse au soleil durant les Fêtes, se souvient M. Mongeau. On insistait pour que chacun de nos enfants amène un de ses toutous préférés pour le donner. »

Des incitatifs à donner encore plus

Si de nombreux croyants sont convaincus de « gagner leur ciel » en donnant, d’autres donnent pour s’impliquer dans la société ou pour bénéficier des incitatifs fiscaux du gouvernement. « Ce n’est pas notre première motivation », précise Mme Leduc. « On ne voit pas ça tant comme un bénéfice financier après avoir donné, mais comme un moyen de nous aider à donner encore plus, grâce aux crédits d’impôt », renchérit son mari.

M. Fontan atteste que nombre de donateurs donnent encore plus grâce aux règles fiscales avantageuses. « Quand on sait que 50 % du don nous revient et qu’on voulait investir 100 $ dans une cause au début, on va peut-être donner 200 $ au lieu de 100 $ », souligne-t-il.

Certains donateurs apprécient également l’effet de leur générosité sur leur image. « On devient soudainement plus grand, parce qu’on a donné, illustre le professeur. Je ne pense pas, cependant, que ça touche uniquement les personnes très fortunées. »

Il soutient son impression en évoquant les occasions où un groupe d’amis croise une personne itinérante et que l’un d’eux choisit de donner. « On se demande alors si on doit donner aussi ou non, et quelle image ça va donner si on ne donne rien, alors que nos amis savent qu’on a de la monnaie dans nos poches et qu’on pourrait donner. La décision relève de chaque personne, de son rapport à l’argent et de sa vision du don en argent à des personnes sans-abri. »

Claude Mongeau et Guylaine Leduc ciblent certains organismes de manière bien réfléchie. « On soutient moins d’organismes, de façon à les aider en faisant une réelle différence. Je me sens récompensé personnellement d’avoir l’impression que nos dons ont un impact important », dit M. Mongeau.