En 1954, un jeune étudiant à l’Université de Chicago, Harry Max Markowitz, présente une thèse de doctorat portant sur un modèle de diversification efficiente des portefeuilles. Milton Friedman, célèbre pour ses théories monétaires, est membre du jury, et il refuse alors d’accorder à Markowitz un doctorat d’économie, prétextant qu’il ne s’agit pas de théorie économique.

Assez ironique quand on sait que la diversification des portefeuilles est aujourd’hui reconnue comme la règle d’or d’une saine gestion de portefeuille et un élément essentiel au succès des investisseurs.

Le concept repose sur le fait que la diversification permet de réaliser des rendements plus stables en diminuant la volatilité du portefeuille, explique David Truong, conseiller au Centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859. Et les épargnants-investisseurs qui ont vécu la crise boursière de 2008-2009 et la plus récente causée par la pandémie de COVID-19 savent ce que les excès de volatilité peuvent faire à la valeur des actifs financiers.

Les individus ont accès à quatre grandes catégories d’actifs, soit les actions, les obligations, l’immobilier et l’encaisse. Ces différentes classes d’actifs ont l’avantage de ne pas être corrélées entre elles, c’est-à-dire que la valeur de chacune ne fluctuera pas nécessairement dans la même direction. « Et pour diminuer la volatilité, c’est exactement ce que l’on veut. On recherche l’absence de corrélation entre les différents éléments du portefeuille », explique Fabien Major, associé principal pour Gestion de patrimoine Assante – Équipe Major.

L’impact psychologique

L’effet de la diversification chez l’investisseur est d’abord psychologique. En diminuant la volatilité, la diversification calmera l’investisseur lorsqu’en période de grandes fluctuations, celui-ci réalisera que son portefeuille n’a pas baissé autant qu’il aurait cru. Cela sert bien l’investisseur, car en gestion de portefeuille, c’est le facteur temps qui est important. « Il faut demeurer toujours investi, même durant les périodes de plus forte volatilité », dit Fabien Major.

C’est pour cette même raison qu’un portefeuille bien diversifié sera aussi important durant la retraite qu’en période d’accumulation, explique David Truong.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

David Truong, conseiller au Centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859

On a mis 30 ans pour accumuler le capital, et comme il en faudra 20 à 30 pour le décaisser, il importe de bien le protéger par une saine diversification.

David Truong, conseiller au Centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859

Peu ou pas de conseillers s’opposent au concept de la diversification du portefeuille. Mais certains vous diront toutefois qu’il ne faut pas non plus tomber dans un excès de diversification qui pourrait causer beaucoup de confusion dans la gestion et ainsi nuire à l’atteinte des objectifs de rendement.

Le rééquilibrage, un outil essentiel

S’il importe d’être bien investi dans tous les secteurs, il faut également rééquilibrer le portefeuille lorsque des fluctuations importantes ont modifié la diversification que l’on s’était fixée. L’exercice consiste par exemple à racheter des actions et à vendre des obligations après une chute comme celle de mars dernier. La baisse de valeur des actions faisait en sorte que la part des actions dans le portefeuille était devenue inférieure à l’objectif visé.

En plus de conserver la même diversification, cette opération permettait d’acheter à bon prix ce qui avait baissé et de vendre ce qui avait monté.

Fabien Major, associé principal pour Gestion de patrimoine Assante – Équipe Major

David Truong croit qu’une saine gestion de portefeuille passe par trois étapes. D’abord, on détermine son profil d’investisseur en fonction de sa tolérance au risque. Puis, on bâtit son portefeuille en diversifiant dans plusieurs catégories d’actifs conformément à sa tolérance au risque. Enfin, on rééquilibre régulièrement le portefeuille afin de s’assurer de maintenir la même diversification.