La hausse récente du prix de l’or est une très bonne nouvelle pour la filière aurifère québécoise. Surtout pour les entreprises d’exploration qui voient à nouveau les investisseurs s’intéresser à elles. Sans pour autant parler de ruée, on peut dire que les signes d’engouement sont palpables. Explications.

« Ça n’explique pas tout, mais la hausse du prix de l’or y est pour quelque chose. C’est un facteur à considérer. Il ne faut évidemment pas voir cela à court terme, mais disons que depuis la fin de 2018, la courbe a recommencé à monter », explique Valérie Fillion, directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec.

Selon elle, tout semble indiquer que le secteur minier est dans un « bullish market » (marché haussier).

Il y a un climat qui s’installe. Les investisseurs retrouvent confiance dans le marché. Les grandes minières comme Osisko ou Franco-Nevada investissent dans des projets d’exploration. Les petits joueurs recommencent également à avoir accès à des capitaux pour faire avancer leurs projets.

Valérie Fillion, directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec

Au début du mois de septembre, le prix d’une once d’or a atteint son plus haut niveau depuis 2013, soit 1555 $US. Depuis, il se maintient autour de 1500 $US.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, environ 100 entreprises d’exploration minière sont actuellement actives ou détiennent des claims dans la Belle Province. En 2018, sur les quelque 500 millions investis en exploration et en mise en valeur, 316 millions sont allés au secteur des métaux précieux.

Modèle à revoir

Le prix de l’or n’est toutefois pas le seul facteur qui favorisera une forte relance de l’exploration minière au Québec et ailleurs dans le monde, soutient Michel Jébrak.

Selon le professeur émérite en géologie économique de l’UQAM, l’exploration minière souffre d’un manque de visibilité auprès des investisseurs.

Il y a un problème de mise en marché des juniors. Elle n’est pas adéquate. Les projets sont mal vendus, mal présentés. Il y a un effet de faible visibilité.

Michel Jébrak, professeur émérite en géologie économique de l’UQAM

« En ce moment, le prix de l’or a un effet positif sur les gros producteurs. Mais les [sociétés minières] juniors, surtout celles où les ressources ne sont pas encore prouvées, ont encore du mal à trouver du financement », poursuit M. Jébrak.

Cela n’aide donc en rien à bâtir une nouvelle génération d’investisseurs, soutient-il. « En ce moment, les milléniaux n’investissent pas dans les mines », selon le professeur Jébrak.

Il y a certes eu un effort qui a été consenti d’un point de vue environnemental, les minières ayant fait leurs devoirs à cet égard. « Il faut maintenant effectuer le même exercice, mais d’un point de vue de mise en marché », croit le professeur émérite.

Au Québec, il existe toutefois un modèle dans lequel on aide les petites entreprises d’exploration, ajoute-t-il dans la foulée. « Des organismes comme Ressources Québec, SOQUEM et SIDEX donnent un coup de main aux entreprises. Ils les crédibilisent. »