Alors qu'elle peine à percer le marché québécois, la Montréalaise Développement Effenco pourrait sous peu décrocher un contrat avec New York afin d'intégrer sa nouvelle technologie au parc de camions de collecte des matières résiduelles de la métropole américaine. Son dispositif pourrait réduire jusqu'à 25% de la consommation de carburant des véhicules.

Le marché new-yorkais donne le vertige. Près de 2200 camions assurent la collecte des matières résiduelles que produisent les 8,3 millions habitants. New York est la ville la plus populeuse des États-Unis.

«À elle seule, la ville est un marché immense qui dépasse celui de la province», dit Collin Ryan, PDG d'Effenco. En comparaison, le parc de Montréal compte une soixantaine de véhicules.

New York est sans conteste le plus important défi que relèvera la jeune entreprise créée en 2006. À ce jour, la technologie d'Effenco qui réduirait jusqu'à 25% de la consommation de carburant des véhicules lourds n'a été intégrée qu'à une quinzaine de véhicules.

«Il va falloir trouver le fonds de roulement pour assurer la production», dit-il, soulignant que la ville de New York remplace son parc au rythme effréné de 300 véhicules par année. «Nous ne pouvons nous permettre un échec.»

Technologie: un arrêt rentable

La technologie d'Effenco permet l'arrêt du moteur d'un camion lorsque celui-ci s'immobilise, ce qui représente entre 40 et 50% du temps d'utilisation de ce type de véhicule.

Le dispositif récupère également l'énergie du freinage afin d'assister les pompes hydrauliques qui compressent les déchets et, ultérieurement, le redémarrage du moteur.

Chaque appareil - dont le coût gravite autour de 30 000$ - permettrait la réduction d'émissions de gaz à effet de serre de 19 à 28 tonnes, correspondant aux émissions de six voitures. Selon Effenco, la réduction annuelle cumulée d'émissions de GES pourrait atteindre 24,6 kT d'équivalent CO2 au Canada.

Difficile percée au Québec

Si la technologie peut faciliter l'atteinte des objectifs de réduction de GES du Québec - une diminution de 20% d'ici 2020 par rapport au niveau de 1990 -, force est de constater que l'entreprise peine à percer le marché québécois.

Le processus d'homologation de la province est plus laborieux qu'en Europe, aux États-Unis et dans le reste du Canada, indique Collin Ryan. «Ici, ce n'est pas la technologie ou le type de camion qu'on doit certifier, mais chaque unité, chacun des camions.»

Voilà qui explique en partie les ambitions européennes de l'entreprise. Au Royaume-Uni, les géants Biffa et Véolia ont respectivement intégré la technologie d'Effenco à un véhicule. «Ils sont actuellement à l'essai», dit Collin Ryan.

Panda Waste Management, le plus important exportateur irlandais de matières résiduelles, intégrera à son parc de Dublin cinq camions munis de la technologie Effenco au cours de l'automne.

Effenco estime être en mesure de prendre 50% du marché mondial. «Le marché est jeune et émergent. Peu d'entreprises offrent des technologies similaires à la nôtre. Ce n'est que le début. Il s'agit de bien se positionner», estime M. Ryan.

Les principaux concurrents d'Effenco - l'allemande Bosh Rexroth et l'américaine Eaton Hydrolics - se sont retirés du secteur. Le principal concurrent d'Effenco reste donc Parker Group, entreprise américaine de l'Ohio dont le chiffre d'affaires dépasse les 10 milliards.

«Nous sommes conscients que nous avons moins de marge de manoeuvre que Parker, qui peut investir massivement en marketing. Nous avons l'approche du commando alors que lui, celui du bulldozer», conclut Collin Ryan.