La tendance est claire: depuis le début du millénaire, les entreprises québécoises délaissent progressivement les États-Unis pour se tourner vers d'autres marchés internationaux. Cette semaine, nous faisons le point sur la vente de soya québécois à l'étranger.

Reconnus pour leur production de maïs, les agriculteurs québécois ont progressivement fait une place à un autre type de culture au cours des dix dernières années: celle de la fève de soya.

En l'espace de dix ans, la superficie allouée au soya a doublé au Québec, atteignant les 288 500 hectares en 2012. C'est six fois la superficie de l'île de Montréal. Une production essentiellement vendue à l'étranger.

Qu'est-ce qui a conduit à ce changement? «Les prix, répond Ramzy Yelda, analyste principal des marchés à la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec. Les propriétaires agricoles cherchent à produire ce qui est plus rentable pour eux tout simplement.»

Ainsi, au cours de la dernière décennie, la demande mondiale pour la fève de soya a fait un bond prodigieux, hissant sa valeur par plus de trois fois sur les marchés.

Selon Richard Villeneuve, directeur grains Élite à la Coop fédérée, les Chinois ne consomment pourtant pas plus de tofu et d'huile de soya que par le passé. Si leurs besoins ont augmenté autant, c'est avant tout pour soutenir leur production de bétail, alimenté en partie par le tourteau de la fève de soya, la partie restante de la fève une fois son huile extraite.

«Les Chinois mangent de plus en plus de viande, explique-t-il. C'est donc l'industrialisation de la Chine qui est derrière cette hausse de la demande.»

Les Québécois au rendez-vous

Les producteurs québécois de soya ont sauté sur l'occasion que leur offrait la Chine. Du coup, la valeur du soya expédié en sol chinois est passée de 1,4 million de dollars en 2002 à 213,5 millions l'an dernier !

Malgré cette hausse fulgurante, l'Europe représente encore le principal marché d'exportation du soya québécois. Ainsi, aux Pays-Bas seulement, le fret maritime de l'oléagineux a permis des livraisons dépassant les 250 millions de dollars l'année dernière.

Selon Richard Villeneuve, de la Coop fédérée, l'accès rapide à la voie maritime du Saint-Laurent représente un avantage marqué pour les producteurs québécois face à leurs vis-à-vis du Brésil ou de l'Argentine. Un accès qui simplifie l'acheminement de la fève en Europe.

Ramzy Yelda, de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec, abonde dans le même sens. " Environ 80 % de la production de grains se fait à moins de 2 heures de route en camionnage d'un port au Québec ", dit-il.

Cela dit, même si les agriculteurs québécois ont doublé leur production de soya au cours des dernières années, à 825 000 tonnes métriques, le Québec demeure un petit joueur à l'intérieur même de son pays, loin derrière l'Ontario (3,3 millions de tonnes).

Principaux marchés d'exportation

Bon an mal an, c'est un peu plus de 75% de la production québécoise de soya qui est destinée aux exportations. En 2012, celles-ci rapportaient près de 850 millions de dollars. Les Pays-Bas, porte d'entrée maritime pour les pays membres de l'Union européenne, sont en tête des acheteurs.

Pays 2012 (millions de dollars)

1e RANG

Pays-Bas

258 M

2e RANG

Chine

214 M

3e RANG

Japon

103 M

4e RANG

Allemagne

87 M

5e RANG

Belgique

42 M

6e RANG

Égypte

36 M

7e RANG

Norvège

34 M

8e RANG

États-Unis

32 M

9e RANG

Iran

22 M

10e RANG

Danemark

21 M



Principaux pays producteurs de soya



Bien que le soya soit originaire d'Asie, et qu'une partie du marché se trouve en Chine et au Japon, l'essentiel de la production se fait dans les Amériques. Le Canada est un petit acteur sur l'échiquier mondial. Pour leur part, les Américains perdent, d'année en année, des parts du marché international au profit des Brésiliens et des Argentins.



Pays : Production en 2011 (millions de tonnes métriques)


États-Unis : 84

Brésil : 75

Argentine : 49

Chine : 15

Inde : 12

Paraguay : 8

Canada : 4

Source: Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture