L'image de la femme d'affaires manquant d'ambition pour faire croître son entreprise s'estompe tout doucement. Une initiative de nos voisins du Sud, étonnamment, pousse des Canadiennes à se lancer à l'international.

«Aux États-Unis, une mesure incite les grandes entreprises à inclure un programme qui les amène à diversifier leurs fournisseurs et à effectuer 5% de leurs achats dans des entreprises minoritaires, dont celles détenues par des femmes», dit Ruth Vachon, PDG du Réseau des femmes d'affaires du Québec (RFAQ). Or, comme elles peinent à y parvenir, elles se tournent vers des Canadiennes pour atteindre cet objectif. Une occasion intéressante pour plusieurs entrepreneures.

Depuis un an, le RFAQ s'est allié à l'organisme canadien WEConnect afin de certifier des entreprises québécoises à propriété féminine (51% et plus). D'ici juin prochain, 75 entreprises québécoises devraient l'être. «Leur nom se retrouve ensuite dans une base de données où vont puiser toutes les entreprises ayant un programme de diversité en matière de fournisseurs», explique Ruth Vachon. Leurs besoins y sont aussi affichés. Le Réseau peut donc aider des femmes à se certifier pour y répondre.

Des clients potentiels

De plus, le RFAQ leur offre l'occasion de rencontrer des clients potentiels importants. En juin, par exemple, le fabricant de vêtements et accessoires pour enfants Perlimpinpin a pu présenter ses produits à Disney et Macy's. L'organisme et ses partenaires sensibilisent également des entreprises d'ici. Ils ont notamment obtenu une oreille attentive des dirigeants de Bureau en gros. Depuis, le fabricant de sacs à main et d'étuis pour outils technologiques Joanel vend ses produits dans plusieurs magasins de la chaîne.

Contrairement aux entrepreneures du reste du pays, les Québécoises sont aussi actives que les hommes à l'extérieur de leur région et de leur province. Le hic, c'est qu'elles le sont surtout à des fins d'approvisionnement, selon l'Indice entrepreneurial québécois (IEQ) 2012 de la Fondation de l'entrepreneurship. La nouvelle certification en aidera plusieurs à développer de nouveaux marchés.

Par ailleurs, seulement 5,5% des femmes étaient propriétaires d'une entreprise en 2009. Cette proportion est passée à 9,7% en 2013. Quant aux hommes, 13,2% d'entre eux en possèdent une actuellement, selon l'IEQ 2013. «Le passage des intentions aux démarches est plus présent chez les femmes», ajoute Rina Marchand, directrice principale au développement des contenus et innovation à la Fondation de l'entrepreneurship.

Intérêt grandissant

Du côté de Femmessor, une association de soutien aux entrepreneures, on remarque aussi un intérêt grandissant des femmes pour les affaires. «Elles sont plus nombreuses qu'avant sur les bancs d'université, observe Gloria Lemire, présidente du conseil d'administration de Femmessor. Je pense aussi que l'entrepreneuriat est de plus en plus considéré comme une profession en soi. Auparavant, on choisissait davantage cette voie par hasard ou par défaut. De plus, les femmes ont davantage de modèles qu'auparavant. Nous avons nous-mêmes mis sur pied un cercle d'ambassadrices.»

Malgré tout, plusieurs pensent que la progression féminine dans le monde des affaires est encore trop lente. Les femmes occupaient seulement 18% des postes de cadres supérieurs dans les 470 plus grandes sociétés canadiennes, selon l'enquête Catalyst 2012. «Les femmes montent dans la hiérarchie, mais rendues à un certain niveau, c'est dur, constate Ruth Vachon. Leurs salaires sont aussi beaucoup plus bas.»

Selon l'enquête, elles détenaient 7% des postes de cadres supérieurs les mieux rémunérés dans les sociétés ouvertes. Mais il y a pire, juge Mme Vachon. Les grandes entreprises effectuent à peine 2% de leurs achats auprès d'entreprises à propriété féminine.