Les gènes dits «polycombs» sont les bonnes fées qui, normalement, veillent au développement de nos cellules sanguines immunitaires. Mais elles sont hélas! bien distraites. Il résulte de leurs distractions des mutations fréquentes et des cellules immunitaires très défectueuses: c'est la leucémie.

«On a répertorié jusqu'ici 600 types de leucémie, dont beaucoup sont attribuables à des mutations de gènes polycombs, explique Guy Sauvageau, directeur scientifique de l'Institut de recherche en immunologie et cancer (IRIC) de l'Université de Montréal. On ne sait pas du tout quel médicament convient à quel type de leucémie, et le taux de guérison reste trop bas. De 40 à 45% chez les moins de 60 ans.»

Guy Sauvageau et ses alliés à travers le monde ont pris le taureau par les cornes. Ils cultivent des colonies de cellules leucémiques, caractérisent leurs variantes génétiques et les soumettent à 5000 médicaments existants. «D'ici quatre ans, nous aurons un modèle complet de la maladie et de ses réactions à la médication», dit-il.

Le docteur Sauvageau souligne la contribution essentielle des travaux de Josée Hébert, chercheure à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, au développement de ce modèle.

Le financement obtenu dans le cadre du concours sur la génomique permettra au laboratoire du Dr Sauvageau de mener la recherche à terme.

«Nous avons aussi reçu de l'argent d'une société de capital de risque québécoise qui croit qu'on pourra commercialiser éventuellement un test qui couplera chaque patient au médicament qui lui convient, précise-t-il. Adelphi Values, une entreprise de Boston, calcule que ce test permettrait au système de santé canadien d'économiser 50 millions annuellement.»