C'est dans les municipalités touchées par un boom minier que la hausse du coût de la vie se fait sentir dans les régions touchées par le Plan Nord. Au banc des accusés: l'arrivée massive de travailleurs qui cause une pénurie de logements.

Depuis plusieurs années, Gérard Duhaime, sociologue et professeur à l'Université Laval, s'intéresse de près à la hausse du coût de la vie dans certaines zones du Nord québécois. «La hausse du coût de la vie n'est pas répartie également dans tout le territoire du développement du Nord, affirme-t-il. Dans les villes et villages où il y a une activité intense reliée au boom minier, il y a des hausses de prix causées par des pénuries et par la concurrence», observe-t-il.

Selon le professeur, le Plan Nord n'a rien à voir avec cette situation. «Le boom minier est arrivé avant cette propagande politique qu'est le Plan Nord. Mais aujourd'hui, il y a une confusion qui s'est installée, alors qu'on prend l'effet pour la cause.»

Seulement en 2011, l'industrie minière a fracassé les records en investissant 3,9 milliards de dollars au Québec une hausse de 35% par rapport à 2010, selon l'Institut de la statistique du Québec. Parmi ces investissements, la Côte-Nord en recueille 36,2% et le Nord-du-Québec, 33,5%.

D'Havre-Saint-Pierre à Baie-James

Si les effets de ce boom sont bien visibles à Sept-Îles (voir autre texte), ils se font aussi sentir d'Havre-St-Pierre à la Baie-James.

En Minganie, des projets miniers comme TIO 2050 de Rio Tinto et le projet hydroélectrique de la rivière Romaine ont amené une pénurie de logements et de main-d'oeuvre. «Le marché de l'habitation est très affecté par une croissance démographie rapide, constate Jonathan Turbis, analyste financier pour le CLD de Minganie. Cette pression conduit inévitablement à une augmentation importante des coûts. L'effet de la hausse des coûts de la main-d'oeuvre et de l'accès à l'habitation ont eu un effet d'inflation. C'est une roue qui tourne».

À la Baie-James, le maire René Dubé constate également une hausse du prix des maisons - qui se vendent entre 90 000$ et 100 000$ à l'heure actuelle. Mais, assure qu'il n'y a pas eu «d'exagération», même si la ville profite d'une pleine occupation de ses espaces d'habitation.

«Nous avons été dans un creux de vague les dernières 25 années après la fermeture de la mine Noranda. Le développement de nouvelles mines - dont une mine d'or qui devrait entrer en exploitation en 2013 - a eu un effet certain sur la demande», relate-t-il.

Autrement, le coût de la vie n'a pas augmenté, selon le maire. Il n'y a que l'essence qui se détaille trois cents de plus cher qu'à Amos, située à 182 km.

À Baie-Comeau, qui est moins touchée par le boom minier, le coût des maisons et de la vie sont restés les mêmes, tandis que la pénurie de logements et de main-d'oeuvre ne se fait pas sentir, nous assure-t-on à Développement et Innovation Manicouagan.

Des salaires plus élevés

Ce boom, s'il fait augmenter les prix et ajoute de la pression sur la construction résidentielle - souvent assurée par les compagnies minières elles-mêmes, comme à la Baie-James, où la compagnie Xstrata a fait construire récemment huit maisons - a aussi un bon côté pour les travailleurs: l'augmentation des salaires dans plusieurs branches de l'économie.

À Sept-Îles, la pénurie de main-d'oeuvre fait en sorte que «le salaire minimum n'existe presque plus», affirme Russel Tremblay de Développement Économique Sept-Îles. Au McDonalds, par exemple, le salaire commence à 12,50$ l'heure. «Les travailleurs ont le gros bout du bâton», résume-t-il.

Même constat à la Baie-James et à Havre-St-Pierre, où le manque de main-d'oeuvre dans le secteur des services se fait sentir, alors que plusieurs se voient offrir des emplois alléchants dans le secteur minier. Si cette situation cause bien des maux de tête aux employeurs, les travailleurs, eux, ont bien l'intention de profiter de la manne.