L'augmentation du nombre de travailleurs temporaires pose un sérieux problème d'hébergement à Sept-Îles. Le printemps prochain, les chantiers de la mine Arnaud et de la troisième phase de l'aluminerie Alouette doivent amener de 800 à 1200 travailleurs de plus. Où les loger, alors que la ville est déjà remplie à capacité?

Luc Généreux, propriétaire d'un motel à Rivière-du-Loup, pensait avoir trouvé la solution idéale pour caser les travailleurs: un bateau de croisière. M. Généreux avait repéré un candidat, l'Ocean Pearl, alors au mouillage sur les côtes de l'Angleterre.

Le projet de Luc Généreux était basé sur l'attribution du contrat de construction du quai de Sept-Îles. Le contrat de 220 millions devait selon lui amener 1000 travailleurs. Mais seuls 150 travailleurs ont été embauchés pour les travaux du quai de Sept-Îles. La ville a pu tous les loger. Le bateau de croisière n'a jamais été dans les plans de Pomerleau, l'entreprise qui a obtenu le contrat. «Ça ne nous intéresse pas!», a tranché le vice-président de Pomerleau, Alain Roy.

Luc Généreux avait bon espoir qu'avec les futurs chantiers dans le secteur, d'autres entrepreneurs seraient intéressés à son idée de bateau de croisière. Après un an et demi de travail, le promoteur a dû s'avouer vaincu. Ni les entreprises en construction ni la ville de Sept-Îles n'ont retenu l'idée.

L'Ocean Pearl a depuis été vendu à des intérêts chinois et transformé en hôtel et casino de luxe.

Le problème du logement à Sept-Îles

Le problème du logement persiste toutefois à Sept-Îles. La ville peut difficilement accueillir plus de résidents qu'elle n'en a déjà. «Il y a une disponibilité des logements autour de 0%, évalue le président de Développement économique Sept-Îles, Luc Dion. En ce moment, les gens louent leur maison ou organisent leur sous-sol pour le rendre disponible.»

Le bateau de croisière est une idée qui pourrait être intéressante, reconnaît M. Dion. Elle permettrait d'empêcher l'inondation du marché de l'immobilier et son déséquilibre au départ des travailleurs. Le projet dépendrait toutefois des conditions climatiques et des travailleurs eux-mêmes, qui n'ont pas tous le pied marin.

«Il faudrait que le bateau soit amarré à quai, et je ne suis pas sûr que ce soit possible continuellement. Et ce n'est pas tous les travailleurs qui diraient: Yes, on embarque dans un bateau! «, illustre-t-il.

Luc Dion craint également que les commodités du bateau de croisière ne nuisent aux commerçants de la ville. «On est contre l'idée d'un hôtel flottant, qui constituerait une compétition directe et inacceptable pour les commerçants de Sept-Îles. S'il s'agit d'une entente entre l'entrepreneur et le promoteur, là ça va.»

Sans fermer la porte au bateau de croisière, Luc Dion préfère l'idée du camp de travailleurs. Plutôt que d'installer un coûteux camp de roulottes que l'on devrait démanteler au départ des employés, on conserverait les installations. «On transformerait le camp en habitations permanentes à coût modique, explique M. Dion. À Fermont, ils ont construit des maisonnettes pour huit travailleurs qu'ils modifient ensuite pour ajouter une cuisine et un salon.» Les maisonnettes auraient l'avantage de régler le problème de logement à Sept-Îles.

Un promoteur tenace

Luc Généreux ne perd toutefois pas espoir quant à son projet de bateau de croisière. Il a même paru à l'émission Dans l'oeil du dragon de Radio-Canada, où les participants soumettent des idées à des entrepreneurs. Il est reparti les mains vides. «Bonne chance, il y a quand même du potentiel là-dedans,» lui a dit l'ancien président de la SAQ et de Loto-Québec, Gaétan Frigon.

M. Généreux a un nouveau navire en vue, l'Ocean Star Pacific, qui appartient à une ligne de croisière mexicaine. «Mais trouver le navire n'est pas le problème, souligne le promoteur. C'est trouver le client qui aurait besoin d'hébergement, et présentement, il n'y en a pas.»