Quand les grandes minières chinoises débarquent chez vous pour creuser des trous dans le pergélisol, c'est comme dans la vieille blague: une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, ce sont les emplois directs. La mauvaise, c'est que votre industrie métallurgique nationale peut fondre comme le métal dans le creuset.

En Australie, la société minière chinoise Gindalbie Metals a importé de Chine pour 2,6 milliards de dollars australiens d'acier afin de construire ses installations minières de Kamara. Ses raisons de ne pas faire affaire avec l'industrie locale? Trop chère. Un désastre quand on sait que l'industrie australienne de l'acier ne tourne actuellement qu'à 50% de sa capacité.

«Ça menace tout bonnement la métallurgie australienne, craint Frédéric Chevalier, directeur général du Réseau de la transformation métallurgique du Québec. Dans ce boom minier qu'est le Plan Nord, l'État québécois doit se placer dans une situation où il peut obtenir un fort contenu québécois dans les investissements que feront les minières étrangères. Sinon, on se fera passer une Australie.»

M. Chevalier rappelle que dans le secteur de la production de l'aluminium, l'État réussit à obtenir ces retombées. D'abord parce qu'il est actionnaire à 13,3% d'Alouette, la plus importante aluminerie d'Amérique du Nord. Et ensuite parce que sans notre électricité, les coûts de production seraient prohibitifs.

Dans ces conditions, 23% de l'aluminium de première fusion produit au Québec y est aussi transformé, ce qui procure 5000 emplois directs. «L'État doit avoir une approche "aluminium" pour les mines du Plan Nord», conclut M. Chevalier.