Dans le sud du Québec, des fournisseurs actuels et potentiels des donneurs d'ordres du Nord pourraient obtenir des contrats intéressants.

Les 10 minières en exploitation font actuellement des achats d'une valeur de 1 milliard au Québec, et leurs fournisseurs actuels sont déjà débordés. Voilà l'analyse faite par Frédéric Chevalier, directeur général du Réseau de la transformation métallique du Québec.

«Imaginez ce qui est en train de se passer avec la revitalisation de certaines mines de fer et l'arrivée massive de géants comme ArcelorMittal et Tata Steel. Les fournisseurs immédiats du secteur minier n'en pourront plus ou alors leurs prix vont grimper anormalement. Il y a là, de toute évidence, une porte largement ouverte pour une relève qui viendra du Sud. Il ne s'agit pas de remplacer les fournisseurs du Nord, mais de compléter leur offre.»

Même constatation chez PricewaterhouseCoopers. «À Fermont, par exemple, il y a déjà pénurie d'équipements lourds, comme les camions géants et les très grandes excavatrices, note Nochane Rousseau, associé et leader sur le Plan Nord. Et il y a le problème de trouver les constructeurs disponibles pour les logements des employés.»

Ajoutons à cela que deux des très grands nouveaux venus du secteur, ArcelorMittal et Tata Steel, n'ont pas de fournisseurs habituels qui ont déjà l'expérience de répondre à tous leurs besoins.

«Ils veulent se lancer dans l'exploitation du minerai de fer pour se libérer du marché spot où ils ont traditionnellement fait leurs achats de métal gris, explique M. Chevalier. Les Québécois, dans le Nord comme dans le Sud, doivent s'imposer comme leurs fournisseurs de choix, ici d'abord, et pourquoi pas ailleurs.»

La petite maison dans la toundra



Certains n'ont pas attendu la venue du Messie et ont déjà annoncé leur conversion au Plan Nord. Et ça se passe à l'extrême sud du Québec, à Saint-Romain, à une vingtaine de kilomètres de Lac-Mégantic.

«En fait, depuis 2006, nous avons commencé à adapter les roulottes et autres habitations préfabriquées et déplaçables, campements, cuisines, dortoirs, etc., que nous construisons pour qu'elles soient conformes aux conditions climatiques extrêmes du Nord», explique Martin Lagacé, directeur administratif et associé chez RG Solution.

En 2008, par exemple, RG Solution a construit un campement pour 500 hommes à Fermont. En novembre dernier, l'entreprise a fait une présentation pour Cap Nord, à Sherbrooke. Cap Nord est en quelque sorte la caravane du gouvernement québécois à propos du Plan Nord.

RG Solution va récidiver en avril en tant qu'exposant au Salon Plan Nord.

«Le carnet de commandes se porte bien, mais il ne sera jamais trop bien nourri. Et puis, comme nous sommes à l'extrême sud et que certains de nos clients sont à l'extrême nord, il y a là, au salon, une belle occasion de renouer en face à face.»

Boulets de broyage

Pour extraire le minerai, il faut concasser des tonnes de roches chaque jour. Ce broyage extrême requiert, entre autres choses, des boulets de broyage, qui ressemblent à de grosses boules de quille destinées à pulvériser la roche dans des concasseurs.

Magotteaux, multinationale d'origine belge, se spécialise dans ce genre de produits, et son usine de Magog est la seule au Québec à fabriquer de la boule à broyer la roche.

Le 21 octobre dernier, Magotteaux Magog a annoncé un investissement de 4,5 millions pour faire face à la musique boréale anticipée. «On se prépare à répondre à la forte demande des mines de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec», a confirmé le directeur des opérations de Magotteaux, Jean Gaudet.

De quoi maintenir ou augmenter la brigade de 140 employés à Magog.