Malgré les difficultés économiques des derniers temps, l'industrie du jeu vidéo continue de gagner du terrain, à tel point que les experts lui prédisent une croissance de 45 % au cours des deux prochaines années, pour des revenus annuels de 23 milliards de dollars en 2014. Croissance causée en majeure partie par un seul phénomène : l'internet.

Le jeu social, forme de jeu grand public accessible à partir de sites de réseautage social à la Facebook, est la partie émergente de ce changement. Nul n'est un plus gros joueur, dans ce créneau, que l'éditeur californien Zynga, qui a créé la majorité des jeux de l'heure, sur Facebook. Au dernier trimestre, Zynga a généré des revenus de 311 millions de dollars.

Frima Studio, à Québec, connaît aussi du succès dans ce créneau. Avec ses 350 employés, son entreprise est le plus important concepteur de jeux vidéo à propriété entièrement canadienne au pays. Sa spécialité : des environnements de jeu social et des jeux mobiles.

Certains de ses titres les plus populaires ont atteint les millions d'abonnés en quelques mois à peine. Bearville, un jeu social pour enfants créé en partenariat avec la société américaine Build-a-Bear, en compte 20 millions.

Pour gérer cette croissance, Frima a adopté une infrastructure mixte, où l'infonuagique côtoie des bases de données traditionnelles.

« En fait, on a adopté l'infonuagique à une époque où cette expression n'existait pas encore », explique Steve Couture, PDG de Frima Studio. En hébergeant ses données sur les serveurs d'entreprises situées à proximité de ses clients, Frima peut ainsi offrir une meilleure expérience de jeu.

« C'est plus flexible, aussi : on peut ajouter ou réduire le nombre de serveurs en cinq minutes. »

Le nuage n'est toutefois pas la solution à tous les maux, prévient Luc Beaulieu, directeur technologique pour Frima. « Ce n'est pas toujours une solution abordable. Si la demande est stable et prévisible, aussi bien y aller avec un hébergement classique. S'il y a des creux et des pointes au courant de l'année, alors là, ça permet de réduire ses coûts au bon moment sans perdre des clients en heure de pointe. »

Le jeu ennuagé

Outre le jeu social, deux nouvelles formes de jeu sont en train de transformer la façon dont les joueurs accèdent à leur passe-temps favori. Le téléchargement de jeux via des plateformes comme Steam, de la société Valve, ou Origin, d'Electronic Arts, en est un autre changement important pour l'industrie.

Au cours de la dernière année seulement, ces deux services ont ajouté tout près de 45 millions de nouveaux joueurs à leurs plateformes. Origin a généré des revenus de 100 millions l'an dernier. Valve ne publie pas ses résultats financiers, mais les analyses établissent ses revenus entre 300 et 400 millions de dollars, en 2011.

Le jeu sur mobile est une forme de jeu lié à internet, et non la moindre : sa croissance est explosive, à un tel point que les études prédisent que son marché va tripler de taille, au fil des trois prochaines années, passant de 2,4 à 7,5 milliards de dollars, d'ici 2015.

Ces nouvelles formes de jeu doivent une partie de leur succès croissant à la technologie infonuagique. Frima Studio et Zynga sont des clients des services d'hébergement en nuage de sociétés comme Amazon.

Valve propose son propre service de stockage de jeux en nuage. Des sociétés comme Rovio, créateur du jeu Angry Birds, archétype du jeu mobile par excellence, recourent aux mêmes services.

Elles génèrent aujourd'hui près du quart des revenus de l'ensemble de l'industrie du jeu. Pas mal, pour des formes de jeu vidéo qui n'existaient pas il y a cinq ans à peine...