Le pointage de crédit centralisé, lorsqu'il n'est pas complété par des renseignements recueillis localement sur les emprunteurs, serait moins efficace contre l'insolvabilité.

C'est ce que nous apprend une recherche publiée dans l'édition hiver 2011-2012 de la Revue de la Banque du Canada.

Au Canada, la fermeture d'un grand nombre de succursales bancaires a coïncidé avec la généralisation de décisions de prêts centralisées sur la base du pointage de crédit. Entre 1998 et 2007, environ 38% des succursales ont disparu du paysage canadien.

Or, les auteurs ont observé un lien entre la rareté des succursales dans certains quartiers et l'accroissement des faillites.

Les succursales qui montrent les taux d'approbation de prêts les plus élevés et qui, en raison de leur achalandage, recourent moins aux méthodes traditionnelles pour recueillir des données informelles sur les emprunteurs, sont celles dont les clients font le plus faillite.

«Ce résultat a d'importantes implications car il indique que les données objectives ne peuvent entièrement se substituer aux renseignements recueillis localement par les succursales», indique dans leur rapport les auteurs Jason Allen et Evren Damar, du département de la Stabilité financière.

Pour tirer ces conclusions, les auteurs ont étudié le taux de faillites personnelles dans divers quartiers, à l'époque où Toronto Dominion et Canada Trust ont fusionné, au début des années 2000. De nombreuses succursales avaient alors fermé leurs portes, dans un souci de rationalisation. Les quartiers où des succursales ont disparu ont connu ensuite davantage de faillites que ceux qui avaient conservé les leurs.

L'hypothèse des auteurs: le surcroît de clientèle dans les succursales restantes - toutes institutions confondues - les a obligées à couper court aux recherches de renseignements traditionnels sur les emprunteurs pour s'appuyer essentiellement sur le pointage de crédit centralisé.

Les auteurs estiment que ces résultats ont des implications majeures pour la stabilité financière: «Les institutions qui n'utilisent pas ces renseignements sont plus exposées que les autres à une détérioration de leurs portefeuilles de prêts.»