Aux États-Unis, les gaz de schiste représentent une option attrayante dans un contexte où la majeure partie de l'électricité est générée par les centrales au charbon.

Il en va de même pour l'Australie, la Chine ou l'Amérique du Sud, selon Mark Zoback, professeur de géophysique à Stanford et expert des gaz de schiste.

«Ce gaz peut représenter une solution de rechange plus sobre en carbone et jouer un rôle transitoire vers des sources d'énergie renouvelables», dit-il. À condition, ajoute-t-il, que l'industrie soit très bien encadrée.

En plus de l'encadrement, la gestion des énormes quantités d'eau nécessaires au procédé de fracturation pose un autre problème. On doit trouver des façons de recycler ou de disposer de manière acceptable de ces eaux résiduelles.

Pour l'instant, elles sont soit enfouies dans des puits d'injections ou encore elles sont traitées. «Bon nombre de technologies sont explorées pour recycler les eaux, mais elles ne sont pas encore au point», dit M. Zoback.

«Les deux aspects les plus importants qu'il faut réglementer sont les normes de sécurité dans le cimentage des puits, et la façon de disposer des eaux résiduelles issues de la fracturation», ajoute le professeur.

Le cas du Québec

Mais qu'en est-il du Québec, où la presque totalité de la production d'électricité est déjà propre grâce à l'hydroélectricité?

«Si vous avez déjà une source d'énergie propre, vous n'avez probablement pas besoin d'un carburant de transition, dit Mark Zoback. Mais dans un contexte mondial, ces réserves de gaz non conventionnel sont d'une grande importance stratégique et doivent être développées là où elles peuvent remplacer des énergies plus polluantes comme le charbon.»

Selon Équiterre, qui demande un moratoire sur la prospection et l'exploration des gaz de schiste au Québec, le développement de cette industrie pourrait alourdir le bilan des émissions de GES de la province.

«Avec les informations dont nous disposons actuellement, nous ne voyons pas comment cette filière pourrait être bénéfique pour le Québec du point de vue du développement durable», dit Steven Guilbeault, coordonnateur adjoint d'Équiterre.

De nombreuses questions restent en suspens et une analyse complète du cycle de vie des gaz de schiste s'impose avant de conclure à la pertinence de leur exploitation, selon lui.

«C'est au gouvernement et à l'industrie que revient le fardeau de la preuve», conclut Steven Guilbeault.