Pour bien développer sa relève, il faut évaluer toutes les situations. Ce dernier texte d'une série de six porte sur un cas singulier de relève.

Michel Champoux, président de l'entreprise montréalaise Cre-O-Pack, aime bien raconter à la blague qu'en affaires, comme en amour, «il faut se fiancer avant de se marier».

Or, c'est exactement ce que cet entrepreneur de 49 ans a fait avant de vendre un premier bloc d'actions la semaine dernière à Jean-Sébastien Comtois.

La majorité des cas de relève se ressemblent plus ou moins. Bien souvent, ce sont les enfants du fondateur qui reprennent le flambeau. Sinon, c'est un employé ou un cadre qui évoluent au sein de l'entreprise qui en devient le grand patron.

Mais chez Cre-O-Pack, les choses ne se sont pas passées ainsi. Jean-Sébastien Comtois, 36 ans, est un «étranger». Il a été recruté en 2007 à l'extérieur de l'entreprise.

Après trois ans de «fiançailles», le jeune homme a réussi à gagner la confiance de Michel Champoux.

Il se retrouve aujourd'hui actionnaire de cette PME de 75 employés. Cre-O-Pack est spécialisé dans la fabrication d'emballage sur mesure pour le transport terrestre, aérien et maritime.

L'entreprise tire 50% de ses revenus (qui totalisent environ 10 millions) du secteur de l'aéronautique. Sinon, on fait appel à elle pour créer des emballages pour les équipements médicaux, les produits de haute technologie ou tout autre bien manufacturier nécessitant beaucoup de soins lors de son transport.

Singularité

Le cas de relève chez Cre-O-Pack détonne de par sa singularité. Même si Jean-Sébastien Comtois a été choisi comme dauphin - ce qui, dit-on, a irrité certaines personnes en poste depuis longtemps dans l'entreprise -, Michel Champoux préfère y aller de façon graduelle. Il se laisse une marge de manoeuvre.

Il se pourrait en effet que les deux enfants du président de la PME (âgés de 18 et 21 ans, et actuellement aux études) décident de se joindre à l'entreprise. «Je ne veux pas leur mettre de pression», dit M. Champoux.

L'homme d'affaires a choisi avant tout de préparer sa relève pour alléger sa tâche. Bref, pour ne plus avoir à travailler 100 heures par semaine comme il l'a trop longtemps fait, reconnaît-il.

«J'ai mis trop de temps à commencer à déléguer», confie l'entrepreneur qui joue au tennis deux ou trois fois par semaine. Le président de la PME peut ainsi passer plus de temps auprès de sa conjointe (et cofrondatrice de l'entreprise), Jacynthe, frappée par la maladie et actuellement en rémission.

Une dizaine de jours par mois, le président de Cre-O-Pack se rend en Floride avec sa conjointe. Il y coule des jours heureux, mais garde néanmoins un lien étroit avec ses collaborateurs et autres subalternes.

Il revient ensuite au Québec pour une vingtaine de jours, puis repars vers le Sunshine State pour dix jours.

Trouver son compte

Tout le monde semble trouver son compte dans la présente aventure. Michel Champoux peut enfin respirer et mieux se concentrer sur ses proches, mais aussi sur l'avenir de Cre-O-Pack.

Quant à Jean-Sébastien Comtois, il concrétise une partie de son vieux rêve: celui de devenir propriétaire d'une PME.

M. Comtois a travaillé une dizaine d'années pour son père, lequel était propriétaire d'une entreprise spécialisée dans l'emballage.

«Mais c'est devenu une multinationale. Il n'y avait pas beaucoup de place pour la relève. Je voulais revenir dans un contexte de PME. J'ai tenté ma chance ailleurs et ça n'a pas marché. Puis, je suis tombé sur Michel, que je connaissais depuis longtemps, et ça a cliqué», explique Jean-Sébastien Comtois, père de trois enfants et adepte de course à pied.

Le tandem d'entrepreneurs est tellement sur la même longueur d'onde qu'il a mis la dernière touche à un investissement de cinq millions entrepris il y a quatre ans et par lequel Cre-o-Pack a complètement redéfini ses façons de faire.

L'entreprise mise fortement sur la production à valeur ajoutée (PVA) et la gestion à valeur ajoutée (GVA).

La PME, qui possède également un bureau à Toronto, souhaite exporter son savoir-faire, par le biais de partenariats, aux États-Unis, de même qu'au Mexique.