Deux firmes d’avocats conviennent d’une entente à l’amiable afin que l’une avale l’autre.

Très à l’amiable.

En fait, c’est l’acquise, Novalex, qui a contacté l’acquéreuse, Delegatus, pour proposer la transaction. Et la façon très particulière qu’ont toutes deux de pratiquer le droit des affaires a joué un rôle fondamental dans cette heureuse négociation.

Réunis dans une salle de conférences chez Delegatus, les trois protagonistes, Pascale Pageau, présidente fondatrice de Delegatus, et Ryan Hillier et Sophie Tremblay, les deux cofondateurs de Novalex, sont manifestement radieux.

« C’est Delegatus qui fait l’acquisition de Novalex, explique Pascale Pageau. C’est le cabinet complet qui fait le saut chez Delegatus. Pour Delegatus, c’est vraiment un honneur, une chance extraordinaire. Vous avez devant vous, je pense, trois grands entrepreneurs qui avaient des rêves en commun. On a tous commencé par les grands cabinets d’avocats. Mais tous les trois, on avait à l’intérieur de nous le désir de changer les choses, de moderniser un peu la façon dont se pratique le droit des affaires. »

Ils l’ont fait avec un décalage de quelques années.

Pascale Pageau a fondé Delegatus en 2005. « J’ai adoré mes premières années en travaillant très fort comme avocate, confie-t-elle, mais je ne me retrouvais plus au niveau des valeurs. » Notamment celle qui veut qu’un avocat d’affaires sacrifie sa vie personnelle pour gravir la voie pavée d’innombrables heures facturables menant au cénacle des associés.

« Je me suis dit : OK, je pars un modèle qui serait axé sur l’entrepreneuriat, la flexibilité et l’autodétermination, avec des avocats d’expérience qui amènent leur bagage. »

Confessons un préjugé : dans un cabinet d’avocats d’affaires situé dans un vieil immeuble du Vieux-Montréal, on aurait pu s’attendre à voir de sombres murs lambrissés, des parquets de chêne, de lourds meubles en noyer.

Chez Delegatus, ce sont plutôt des murs blancs, un parquet de bois blond, un mobilier strictement et sobrement fonctionnel dans un aménagement ouvert.

« On n’a pas de bureaux propres fermés, informe Pascale Pageau. On s’installe pour les besoins. »

La présidente se défend de diriger un cabinet. « C’est vraiment un collectif d’avocats », formule-t-elle. Au milieu de 2023, Delegatus réunissait « 50 avocats entrepreneurs », pour un total de 62 personnes.

« Pendant l’été, dit-elle, j’ai reçu un courriel pour savoir si je souhaitais considérer l’acquisition d’un cabinet. »

Le lendemain matin, elle a appris qu’il s’agissait de la firme Novalex.

Un impact social

Novalex a été fondée en 2016.

« Sophie et moi, on s’est rencontrés dans un cabinet national », relate Ryan Hillier.

« On aimait beaucoup travailler dans les dossiers d’envergure, commerciaux et d’affaires, mais dans nos valeurs, il manquait quelque chose : d’un point de vue peut-être plus humain, c’était cette notion d’avoir un fort impact social dans notre collectivité. »

Ils ont eu l’idée de fonder un petit cabinet d’avocats d’affaires qui serait également « une clinique juridique pro bono, une chose qui ne s’était probablement jamais vue dans le marché ».

Pro bono est l’abréviation de la locution latine pro bono publico : des services offerts gracieusement « pour le bien public ».

« On allait desservir à la fois des grandes entreprises cotées en Bourse et monsieur et madame Tout-le-Monde démunis. »

Parmi ces démunis : des individus, des OBNL, des entreprises en démarrage à fort impact social.

« Après six ou sept mois, les premiers employés et avocats seniors se sont joints à nous », reprend Sophie Tremblay.

Ils sont maintenant une trentaine de personnes. En sept ans, le bureau a consacré des milliers d’heures aux mandats pro bono.

Ce qui n’empêche pas la rentabilité.

« Dans les dernières années, Novalex a été le cabinet en plus forte croissance de ses revenus au pays », soutient Ryan Hillier.

Cette performance n’était sans doute pas étrangère aux appels du pied reçus par de grands cabinets québécois.

« On était à la croisée des chemins, Sophie, moi et nos associés : soit on accélère la croissance chez nous en réinvestissant massivement dans notre talent et dans nos systèmes, soit on se joint à un autre groupe qui va nous permettre d’élargir notre offre. »

Un intermédiaire leur a suggéré de tâter le terrain du côté de Delegatus.

Curieusement, ils ne s’étaient jusqu’alors jamais croisés.

« On n’avait même jamais pris un café ensemble ! », constate Pascale Pageau.

Ils connaissaient toutefois leurs réputations respectives, d’autant plus qu’ils s’étaient quelquefois disputé les mêmes recrues.

Aimables négociations

Ryan Hillier et Pascale Pageau ont déjeuné à plusieurs reprises dans un bistro du quartier pour discuter de leur avenir commun, en toute discrétion. Sophie Tremblay s’est jointe à eux pour le sprint final.

« Les trois ensemble, on s’est dit : on le fait ! », lance-t-elle.

Les négociations entre de coriaces avocats se sont-elles bien passées ? Les réponses fusent dans la cacophonie.

« Tellement bien ! », « Harmonieuses ! », lancent simultanément Sophie Tremblay et Pascale Pageau.

« C’est vraiment le côté humain qui est sorti », ajoute Ryan Hiller, qui en a vu d’autres en litige commercial. « Avec Pascale, j’ai de la misère à appeler ça négocier. »

Sophie Tremblay se joint à Delegatus à titre de cheffe des opérations et responsable de l’impact social. Ryan Hiller devient conseiller stratégique à la présidente.

Leurs équipes respectives ont appris à la mi-décembre la nouvelle de cette acquisition, en vigueur le 1er janvier. La phase d’intégration devrait être achevée d’ici trois à six mois. « On se sent déjà très à l’aise : la machine à café n’a plus de secret pour nous ! », assure Sophie Tremblay.

Transaction majeure

Quelle est l’importance de cette transaction ?

« C’est majeur », assène Pascale Pageau.

« Premièrement, ce sont deux cabinets qui prônaient la modernisation de la pratique. On vient vraiment consolider cette position. »

Les deux firmes combinent par ailleurs leurs champs d’expertise, pour certains similaires, mais plus largement complémentaires.

« Chez Novalex, on devenait très forts dans le milieu des sociétés technologiques québécoises en forte croissance, alors que Delegatus est bien ancrée dans la grande entreprise québécoise », souligne Ryan Hillier. « On devient une solution de rechange très sérieuse aux cabinets traditionnels. »

Mais qu’advient-il de la clinique juridique pro bono ?

« Ça continue, j’en suis vraiment, vraiment heureuse ! », lance Sophie Tremblay, avec un large sourire ravi.

Depuis près d’un an, la clinique juridique avait pris la forme d’un OBNL sous le nom de Clinique Juste.

« Les avocats de notre équipe intègrent Delegatus, mais Delegatus va continuer de détacher les avocats au bénéfice des dossiers de la Clinique Juste », indique-t-elle.

« La clinique aura sa propre vie autonome, et sky is the limit. »

Nouveau lave-bouteilles et nouvelles liquidités pour Aquatech BM

PHOTO FOURNIE PAR AQUATECH BM

Le président d’Aquatech BM, Félix Bégin, avec son nouveau lave-bouteilles multifonctions compact

Il valait la peine d’en ouvrir une. Aquatech BM a dévoilé le 16 janvier son tout nouveau lave-bouteilles compact, en même temps qu’elle annonçait en toute transparence un substantiel investissement de 1,7 million de dollars. L’entreprise de Boucherville se spécialise dans la conception et la fabrication d’appareils de stérilisation et de lave-bouteilles commerciaux et industriels. Son nouveau lave-bouteilles multifonctions est destiné aux entreprises qui ne disposent pas de l’espace nécessaire pour un appareil standard. En lavant et en réutilisant leurs contenants de verre, elles réduisent leurs coûts et contribuent à l’économie circulaire et au développement durable. La somme de 1,7 million a été réunie par Fondaction, Investissement Québec et Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC), qui a fourni une contribution remboursable de 300 000 $. Fondée en 2007, Aquatech BM vend ses produits dans quelque 80 pays.

Nimonik s’étend aux États-Unis

PHOTO FOURNIE PAR NIMONIK

Le président de Nimonik, Jonathan Brun, à gauche, en compagnie du président de Document Center, Kyle Bach, qui devient vice-président de Nimonik.

Dans le domaine des normes, Nimonik est une entreprise hors normes. La firme montréalaise, spécialisée dans les logiciels de gestion de la conformité pour répondre aux exigences réglementaires et aux normes industrielles, vient de faire l’acquisition de Document Center inc., un revendeur de normes industrielles établi depuis 41 ans en Californie. Cette transaction, la cinquième depuis sa fondation en 2008, fait de Nimonik le plus important fournisseur de données de conformité pour l’industrie, soutient l’entreprise. « Cette transaction est très importante, car elle nous donne accès à plus de 600 000 normes industrielles de 30 institutions », a précisé par courriel son président, Jonathan Brun. Nimonik couvrait déjà plus de 550 000 réglementations dans plus de 600 juridictions dans le monde. La transaction procure également un bureau à Oakland, en Californie, qui s’ajoute à ceux que la firme montréalaise avait déjà ouverts à Shanghai, à Toronto et à Calgary. La propriétaire de Document Center, Claudia Bach, demeure à bord à titre de conseillère stratégique. Son président, Kyle Bach, devient vice-président de Nimonik. Nimonik compte une cinquantaine d’employés dans le monde.

Encore un partenariat pour Deep Sky

Deep Sky ne manque pas de souffle. L’entreprise montréalaise, qui développe des projets visant à éliminer des gigatonnes de carbone dans l’atmosphère, continue à multiplier les partenariats. Le dernier en date vient d’être signé avec Greenlyte Carbon Technologies, une entreprise allemande de captage direct du carbone dans l’air (CDA). Dans le cadre de cette entente, Greenlyte fournira et installera au Québec une unité de CDA pouvant éliminer 100 tonnes de CO2 par année. Greenlyte a mis au point une technologie qui capte le CO2 dans l’air ambiant et le convertit en sel. Son dispositif effectue ensuite une électrolyse de ce sel pour le transformer « en flux concentrés de CO2 et d’hydrogène, qui peuvent ensuite servir à remplacer les combustibles fossiles ou à générer des émissions négatives ». L’unité de CDA de Greenlyte devrait être installée en 2025 sur le site de test Alpha de Deep Sky. Les deux partenaires recueilleront des données sur le rendement de l’installation pour valider la technologie en vue d’un déploiement commercial au Canada. Greenlyte Carbon Technologies, située à Essen, a été fondée par deux entrepreneurs en série et un chercheur expérimenté en CDA de l’Université de Duisburg‑Essen.

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