« J’ai trouvé des larves dans la cuisine, qu’est-ce que je fais ? »

C’est (approximativement) ce que la conjointe de Cédric Provost lui a annoncé au téléphone, quelque part vers 2016, alors qu’il était en voyage.

« À l’époque, chaque larve était très importante, alors je lui ai demandé de prendre les larves et de les remettre dans le bac, parce qu’on ne pouvait pas se permettre d’en perdre », relate le président et cofondateur d’Entosystem.

De telles larves de mouches soldats noires, l’entreprise en aura 400 millions en permanence, dans l’usine inaugurée le 23 mai à Drummondville.

Résultat d’un investissement de 66 millions de dollars, les installations de 100 000 pi⁠2 lui procurent la plus grande capacité de production d’insectes en Amérique du Nord, soutient l’entreprise.

« On a des larves jusqu’au plafond », commente Cédric Provost, à propos de l’usine et non de son condo.

Ces petites bêtes blanchâtres et dodues croîtront et se nourriront avec bonheur dans de larges bacs remplis de légumes, de fruits et d’autres résidus alimentaires impropres à la consommation, qui auraient autrement été voués à l’enfouissement.

Une fois qu’elles auront pris un tour de taille suffisant, les larves seront séchées et transformées en farines nutritives destinées à l’alimentation animale. Les résidus dans lesquels elles se sont vautrées, transformés par leurs soins, serviront pour leur part de fertilisants.

Entosystem prévoit ainsi de produire chaque année 5000 tonnes de succulentes larves protéinées et 15 000 tonnes d’engrais approuvé pour la culture biologique, tout en revalorisant 90 000 tonnes de matières organiques.

Mais revenons à notre conversation d’introduction.

Le stade larvaire de l’entreprise

Au milieu des années 2010, Cédric Provost élevait des larves de mouches soldats noires dans son condo de Sainte-Thérèse, tandis que son associé Jean-François Dépelteau, cofondateur d’Entosystem, faisait de même dans le sous-sol de sa maison montréalaise.

Désireux de « changer le monde en faisant pousser quelques légumes », les deux partenaires avaient pris conscience de certaines contradictions dans le milieu agricole.

« En général, un poisson d’élevage est nourri avec trois à cinq poissons sauvages », donne en exemple Cédric Provost. « On a essayé de voir s’il y avait une meilleure façon de nourrir ces animaux. De fil en aiguille, on a réalisé que la mouche soldat noire était non seulement une meilleure source de protéines, mais en plus, on pouvait la nourrir avec du gaspillage alimentaire, qui est une autre très grosse problématique dans notre société. »

Outre ses qualités nutritives, la larve de la mouche soldat noire est réputée pour sa croissance rapide. « Elle va être capable de grandir 10 000 fois en 10 jours, indique Cédric Provost. Pour donner une image, prenez un lapin, revenez dix jours plus tard, et c’est devenu un éléphant. »

En dépit des studieuses expérimentations qui avaient causé quelques émois chez la conjointe de Cédric, les deux associés se sont vite butés aux limites de leurs compétences entomologiques.

Ils se sont adjoint les services de Christopher Warburton, un jeune diplômé en immunologie qui avait commencé à élever des mouches soldats noires alors qu’il travaillait en recherche pharmaceutique.

« Il a fallu six ans de recherche et développement pour en venir à aujourd’hui », informe Cédric Provost.

L’usine

Bien que son siège social soit à Sherbrooke, Entosystem a installé son usine à Drummondville, près du grand axe routier de la 20, sur le trajet des camions de son partenaire Sanimax. À raison de 250 tonnes par jour, ils viendront directement y décharger leurs cargaisons d’aliments périmés, récoltés dans les épiceries et les restaurants.

Des systèmes automatisés en rempliront de larges bacs, dans lesquels les larves seront ensuite déposées. Des bras robotisés et des chariots élévateurs les rangeront dans de hauts rayonnages, où 30 000 bacs seront conservés pour un transit de six jours.

« Chaque jour, on va en déplacer 5000 », indique Cédric Provost.

Après ces six jours d’agapes, les larves auront tout consommé, laissant dans leurs bacs le résidu de leur digestion.

Ces caisses sont alors retirées et leur contenu sassé pour séparer les larves et leurs résidus. Une fois séchés, les résidus serviront de fertilisant. Après leur passage au séchoir, les larves seront pour leur part vendues entières, ou pressées pour être transformées en farine et en huile.

« En six jours, on transforme un déchet qui n’a plus d’utilité et qui allait potentiellement à l’enfouissement en deux produits à valeur ajoutée, dans une usine zéro déchet », résume le président.

L’élevage

D’où proviennent ces larves, vous inquiétez-vous ? Elles sont élevées dans une section inaccessible de l’usine, question de protéger ses secrets industriels.

Une larve sur 100 est préservée pour la laisser se transformer en mouche et ensuite se reproduire.

Certaines sections de l’usine sont déjà en activité, mais la grande production devrait être lancée vers la fin de juin. L’entreprise emploie présentement 45 personnes, dont des entomologistes, des biologistes, des ingénieurs. Elle prévoit de doubler son effectif d’ici la fin de l’année.

Aussi étonnant que ça puisse paraître, « pour tout ce qui est larve, tout est vendu d’avance, assure Cédric Provost. On a des clients qui vont faire de la nourriture pour chiens et chats avec ça et qui attendent impatiemment notre produit ».

Jambette poursuit sa course avec une nouvelle usine

IMAGE FOURNIE PAR JAMBETTE

La future usine de Jambette, à Lévis, devrait entrer en activité au printemps 2024.

Un autre pas sans trébucher pour Jambette. L’entreprise de Lévis, fabricant de modules de jeux extérieurs, vient de lancer la construction d’une nouvelle usine. Mais il s’agit d’un pas de côté, d’une certaine manière : l’entreprise a acquis le terrain adjacent à celui de son siège social pour y construire un édifice d’une superficie totale de 45 000 pi⁠2. L’investissement s’élève à environ 18 millions de dollars. Le projet vise à soutenir la croissance de l’entreprise, qui s’est maintenue à plus de 15 % annuellement au cours des dernières années, notamment grâce à son succès sur les marchés canadien et américain. Jambette conservera une partie de son édifice actuel, mais la production sera entièrement transférée dans la nouvelle usine, qui devrait ouvrir au printemps 2024. « Ce n’est pas un déménagement pour un déménagement », a informé Marie-Noël Grenier, présidente de l’entreprise, en conversation téléphonique. « On organise notre usine pour qu’elle soit plus productive. L’objectif n’est pas nécessairement de monter en main-d’œuvre, mais d’améliorer notre productivité. » Fondée en 1983, Jambette compte environ 90 employés.

Millenium Plus en pays de cocagne

Millenium Plus entre en pays de cocagne. Le distributeur et manufacturier de composants de toiture et d’enveloppe du bâtiment, qui possède des usines à Saint-Hubert et à Brampton, en Ontario, a acquis le petit fabricant de matériaux isolants Isox Manufacturing, situé à Cocagne, au Nouveau-Brunswick. L’entreprise québécoise, qui compte une centaine de points de distribution au pays, et l’entreprise néo-brunswickoise, qui emploie moins d’une dizaine de personnes, « unissent leurs forces pour révolutionner le marché de l’isolation de toitures au Canada », a fait valoir la page Facebook de Millenium, membre du Groupe Superteck. La transaction permettra de conserver les emplois locaux, d’élargir la gamme de produits offerts sur le marché régional et de créer « de nouvelles opportunités pour le futur ». Dans une entrevue accordée au journal L’Acadie nouvelle, le président de Millenium, Sylvain Lortie, a expliqué qu’il avait tenté d’acquérir Isox une première fois il y a quelques années. C’est son président, Joël LeBlanc, qui a fait cette fois les premiers pas. Isox a mis au point des produits innovants pour l’isolation de pente des toits industriels.

MSH Pharma acquise… par son président

Les perspectives de santé de MSH Pharma viennent soudainement de s’améliorer. L’entreprise de Mont-Saint-Hilaire vient d’être rachetée par Jaâfar Zerhouni, qui était président depuis 2021 de cette filiale d’Endoceutics. Cette nouvelle tombe trois jours après qu’Endoceutics a elle-même été acquise par la société américaine Cosette Pharma, le 23 mai dernier. L’entreprise de Québec et ses filiales s’étaient placées sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies à l’automne 2022. L’usine de Mont-Saint-Hilaire se targue d’offrir la plus grande capacité de production de suppositoires et d’ovules vaginaux en Amérique du Nord. Elle fabrique notamment l’Intrarosa, surnommé « le Viagra féminin », un traitement de l’atrophie vaginale reliée à la ménopause. Nouveau propriétaire de MSH Pharma, Jaâfar Zerhouni dit vouloir assurer le bien-être et l’avenir de ses 85 employés en mettant à profit ses 15 années d’expérience au sein de l’entreprise.

34

Pas moins de 34 participants, dont bon nombre d’entrepreneurs, prennent part depuis le 22 mai à la visite en France de l’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada, la plus importante mission commerciale canadienne reliée à la construction navale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.