L’innovation : à peine plus gros qu’un cube Rubik, il fait office de chandelle sur les tables de restaurant.

Mais l’appareil agit surtout à titre « d’aide-serveur », en permettant au personnel en salle d’être à l’affût des demandes des clients et éviter ainsi qu’ils attendent de longues minutes avant de se faire servir leur verre de vin ou de recevoir la facture. Son nom : l’Ordercube.

L’appareil, une technologie développée en Allemagne, s’illumine lorsque les gens assis à table appuient dessus. Selon un code de couleurs établi par le restaurateur, il tourne au bleu quand un client a par exemple besoin d’un peu plus de mayonnaise pour ses frites et au vert si celui-ci est prêt à régler la note. Quand l’Ordercube est activé, le serveur reçoit une notification sur sa montre intelligente lui indiquant qu’on a besoin de lui à la table n35.

Qui

Pierre-Antoine Morency, copropriétaire de plusieurs restaurants du Groupe Blanchette (Shaker, Portofino) à Québec, a entendu parler de l’Ordercube par l’intermédiaire des réseaux sociaux. À l’instar de tous ses collègues dans l’industrie de la restauration, il doit composer avec la pénurie de main-d’œuvre. M. Morency a donc vu, en ce petit cube lumineux, une façon d’améliorer son service auprès des clients, en dépit d’une diminution du nombre de serveurs disponibles.

« Ça a tout de suite sonné une cloche dans ma tête. Je me suis dit : wow, ça ne se peut pas que ça existe, a-t-il lancé spontanément au bout du fil. Toute ma vie, j’ai voulu inventer des choses comme ça. »

Il a donc décidé d’importer l’appareil ici, de le distribuer et de le développer pour l’ensemble du territoire nord-américain, histoire de l’adapter au marché d’ici.

Les premiers appareils ont été installés sur les tables de l’un de ses restaurants Sushi X, à Québec. S’il reconnaît qu’il y a eu une certaine période d’adaptation au début, tant du côté des clients que du personnel, l’expérience a été concluante. « On a développé un code QR qui mène vers un guide d’utilisation, indique M. Morency. Ça reste à la base deux touches : service et paiement. Ce n’est pas très compliqué. »

Actuellement huit restaurants et une salle de spectacle utilisent l’Ordercube. Deux autres établissements s’ajouteront à la liste.

Cette technologie a toutefois un coût. Chaque Ordercube coûte 250 $, auxquels il faut ajouter une mensualité de 5 $ pour maintenir le logiciel à jour. Puis, les montres intelligentes reliées à l’appareil valent environ 300 $.

Mais selon M. Morency, l’investissement vaut la peine. Un restaurant rentabilisera ses achats en trois mois, calcule-t-il. « Ça n’a rien à voir avec ce qu’on est habitué de vivre. Le client dont la fourchette est tombée par terre, c’est maintenant qu’il en veut une autre parce que son plat vient d’arriver, illustre-t-il. Toutes les fois que le client a quelque chose en tête, il a la satisfaction de savoir qu’en appuyant sur le cube, il n’a plus besoin de se poser de question, quelqu’un s’en vient. »

Le restaurateur soutient également que l’appareil permet de générer des ventes qui se perdent parfois en raison du temps d’attente causé par le manque de personnel.

« La personne qui veut un verre de vin de plus, elle ne le commandera pas si on ne vient pas la voir dans les quatre prochaines minutes. »

L’avenir

Pour la prochaine année, M. Morency a beaucoup d’ambitions. « On va intégrer la commande et le paiement en ligne dans le système », indique-t-il. Ainsi, lorsqu’un client réglera sa note par l’entremise de l’Ordercube, celui-ci changera de couleur pour aviser le serveur que le repas a été payé.

« Je vise une distribution volumineuse avec des projets pilotes dans des chaînes au début de 2023. Je m’attends à ce que ça devienne la norme. »