Lancée ce jeudi à Sherbrooke, la Plateforme d’innovation numérique et quantique (PINQ2) aidera les PME des secteurs de la santé, de la fabrication, de l’environnement et de l’énergie dans leur transformation numérique.

Québec investit 16 millions dans cet OBNL de calculs de haute performance qui offrira aux PME du Québec une occasion en or de prendre un grand virage numérique. PINQ2 leur donnera non seulement accès à des logiciels de pointe et à des experts, mais surtout à un coût accessible et sans risque financier.

« Ce qui coûte cher, en général, ce sont ces phases d’innovation, où l’on cherche ce que ça peut apporter dans un modèle d’affaires. Est-ce que ça améliore les processus ? La qualité des produits ? Du service ? » a soutenu Éric Capelle, directeur général de PINQ2, lors d’une entrevue vidéo.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Éric Capelle, directeur général de PINQ2

On va dérisquer l’innovation des PME et accélérer leur transformation.

Éric Capelle, directeur général de PINQ2

Le directeur général explique que 70 entreprises ont déjà démontré de l’intérêt pour la plateforme et que des projets pilotes sont en cours, notamment dans le domaine de la simulation industrielle. « On est en train de travailler avec une société qui va passer de moteur à combustion au moteur électrique et elle doit mesurer l’impact sur sa chaîne de production », cite-t-il en exemple.

À la fin d’un projet de virage numérique d’une durée de deux ans, une PME aura les connaissances et les compétences nécessaires pour être complètement autonome, assure PINQ2. Une centaine d’étudiants d’universités et de cégeps du Québec seront invités à participer aux différents projets dans les entreprises.

« Le secret de PINQ2, c’est qu’on va encourager des projets de collaboration entre les secteurs privés et les secteurs académiques en utilisant les machines de calcul. On amène de l’expertise pour aider les entreprises tout en contribuant à la formation de personnel », soutient en entrevue Vincent Aimez, professeur à l’Université de Sherbrooke et vice-recteur à la valorisation et aux partenariats.

Leader mondial en quantique

Comme le Québec est déjà bien positionné sur le plan mondial dans le domaine quantique, Vincent Aimez affirme qu’on ne peut pas attendre que cette nouvelle technologie soit au point pour former la main-d’œuvre.

« Ce sont des technologies complexes, qui vont fonctionner de manière très différente des machines classiques. Et elles n’arriveront pas du jour au lendemain. Il va y avoir de petits succès et des technologies hybrides. On a donc tout intérêt à développer ce savoir-faire pendant qu’on aide les entreprises à être compatibles avec l’intelligence artificielle pour ensuite les préparer à pouvoir absorber les opportunités amenées par les technologies quantiques. »

PINQ2 a été développée au cours de la dernière année en collaboration avec l’Université de Sherbrooke, qui a injecté 1,6 million, et le ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui a accordé une subvention de 16 millions.

« Le Québec s’impose de plus en plus comme un leader dans les sciences et les technologies quantiques. Pour continuer dans cette voie, on a besoin des technologies les plus avancées, telles que PINQ2, qui permettent d’innover et de créer des liens entre les chercheurs et les entrepreneurs », a déclaré Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation.

Il y a d’ailleurs une collaboration de longue date entre les chercheurs et les entreprises, rappelle Marie-Paule Jeansonne, présidente du Forum IA Québec. « Le soutien du gouvernement montre qu’on est conscient du bienfait que peuvent apporter ces différentes technologies avec les gains de productivité de l’intelligence artificielle, par exemple, et qu’on met les moyens à la disposition de nos entreprises pour s’assurer qu’elles adoptent ces technologies », a-t-elle précisé lors d’une entrevue avec La Presse.

En attendant le quantique pour la modélisation de médicaments

Une jeune pousse en modélisation de médicaments a demandé l’aide de PINQ2 pour simuler des molécules de protéine plus rapidement et à moindre coût. Il faut compter actuellement plus d’un mois de traitement, et les prix vont de 500 000 $ à 1 million de dollars.

« On a une nouvelle génération de technologies qui arrivent, d’autres générations de processeurs qui vont de 7 à 10 fois plus vite que ce qu’on connaît. C’est un intermédiaire entre ce qu’il y a aujourd’hui et les technologies de l’avenir, le quantique. Donc, on va faire des essais avec la start-up. La technologie sera prête à être utilisée dans les prochains moins », relate Éric Capelle.

PINQ2 sera opérationnelle en octobre 2022. Elle compte faire 50 projets par année, pilotés par des étudiants et des experts de haut niveau.

« Les salaires sont suffisamment bons pour attirer des talents et avec la mission qu’on propose, on a un pouvoir d’attraction. Le fait de dire qu’on va commencer à s’intéresser au quantique dans les prochains mois, ça attire les talents », conclut Éric Capelle.