PAMA est un processus unique au monde rendant plus écologique l’utilisation d’un gaz couramment utilisé pour la stérilisation des équipements médicaux, l’oxyde d’éthylène, associé à des risques pour l’environnement et la santé à forte dose.

L’innovation

PAMA utilise 50 % moins d’oxyde d’éthylène, réduit le temps de stérilisation de sept à un jour et élimine à 99,95 % les rejets dans l’atmosphère.

Qui ?

Fondée en 2012 par deux entrepreneurs, Sylvain Robitaille et Luc Clouâtre, PAMA Fabrication et stérilisation se spécialise d’abord dans la fabrication d’équipements médicaux. En 2014, l’entreprise annonce un virage vert qui se répercutera notamment sur la conception de son bâtiment et sur ses procédés industriels. En 2016, une nouvelle usine est construite à Mirabel et un premier système de stérilisation est installé. C’est à partir de 2017 qu’on commence à travailler sur un nouveau système de stérilisation à l’oxyde d’éthylène, le gaz utilisé sur 50 % des équipements médicaux en Amérique du Nord.

En 2018, Rasha Al Hashimi se joint à l’équipe en tant qu’ingénieure responsable de la qualité et des procédés. Elle a été nommée directrice en janvier dernier. MM. Robitaille et Clouâtre sont aujourd’hui respectivement président et directeur du développement des affaires de cette entreprise qui fabrique et stérilise plus de 700 produits médicaux à usage unique. Blouses, masques, kits pour les pontages cardiaques, écouvillons, PAMA touche à pratiquement tous les secteurs médicaux et est un fournisseur important des hôpitaux au Canada.

PAMA (dont le nom est une boutade combinant PApa et MAman qu’on a finalement retenue, explique Mme Al Hashimi) compte 34 employés.

Le produit

D’abord, un peu d’histoire. L’oxyde d’éthylène est un gaz utilisé depuis les années 1930 pour la stérilisation à basse température, notamment pour les équipements médicaux. Il élimine les microorganismes de façon efficace, mais ses effets sur l’environnement et la santé humaine sont sous la loupe des autorités. Ce gaz inflammable, lorsqu’on y est exposé longuement et à forte concentration, a des effets irritants et a été classé cancérigène aux États-Unis par l’Environmental Protection Agency (EPA) en 2016. En 2019, on a en outre relevé des taux inquiétants de cancer à proximité d’usines de stérilisation utilisant ce gaz et notamment fermé une installation dans l’Illinois.

« Comme tout produit dangereux, il doit être bien manipulé », précise Rasha Al Hashimi, directrice. Ce danger, faut-il le préciser, ne concerne pas l’équipement médical stérilisé, qui contient des traces pratiquement indétectables à la fin du traitement.

C’est ici qu’intervient le processus développé à partir de 2017 par PAMA et qui a valu un premier contrat à l’entreprise de Mirabel en 2020, pour 5 millions d’écouvillons commandés par l’Agence de la santé publique du Canada. PAMA l’utilise pour les quelque 700 équipements médicaux à usage unique qu’elle fabrique et offre ce service de stérilisation à d’autres entreprises.

« Grâce à notre innovation, on utilise 50 % moins d’oxyde d’éthylène que ce qui est normalement requis dans l’industrie, ce qui permet de réduire le temps de stérilisation de 7 jours à 14 heures », explique Mme Al Hashimi. En outre, 99,95 % des émanations sont transférées directement dans un épurateur qui transforme ce gaz en banal éthylène glycol, lequel est notamment utilisé dans le lave-glace et comme liquide de refroidissement dans les voitures.

Ce système entièrement automatisé comprend en outre des détecteurs tout au long des installations. Deux fois par année, une firme externe est mandatée pour vérifier l’absence d’émanations d’oxyde d’éthylène dans les environs de l’usine de Mirabel.

Les défis

Le principal défi de ce domaine « très spécialisé », note Mme Al Hashimi, c’est la recherche et le développement. « Ce n’est pas un domaine connu par beaucoup de personnes, il faut faire énormément de recherches et apprendre. »

Il faut évidemment s’assurer qu’en plus de sa sécurité et de son caractère écologique, le procédé à l’oxyde d’éthylène remplit bien sa mission première, soit d’éliminer les bactéries et les champignons.

PAMA continue ses recherches pour valoriser l’éthylène glycol produit à partir des émanations d’oxyde d’éthylène.

L’avenir

Les activités de PAMA sont aujourd’hui essentiellement cantonnées à l’est du Canada. On prévoit bientôt une expansion dans l’Ouest canadien et aux États-Unis, notamment par l’entremise de clients qui utilisent les services de stérilisation de PAMA.

À plus long terme, on espère étendre les activités dans le reste du monde. Pour y arriver, on veut construire deux nouveaux stérilisateurs, à 2 millions pièce, pour répondre à la demande.