La grande majorité des PME québécoises sont conscientes qu’elles ont des responsabilités sociales et environnementales, mais ne savent pas comment faire pour les assumer. C’est ce que révèle un sondage Léger commandé par l’Institut du Québec, Credo et le pôle IDEOS de HEC Montréal, dont les résultats sont publiés ce jeudi.

La plupart des PME du Québec, soit 88 % selon le sondage, sont préoccupées par leur impact social et environnemental et croient qu’elles ont un rôle à jouer dans la résolution de ces enjeux. Une majorité des PME interrogées, 63 %, jugent même avoir une bonne performance en matière de responsabilité sociale. Aucun dirigeant interrogé ne considère sa performance comme mauvaise ou très mauvaise. L’étude évalue la perception qu’ont les PME québécoises de la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

Cependant, malgré une certaine amélioration des pratiques de RSE, la partie n’est pas gagnée. « Il reste du travail à faire, parce que quand on pose des questions plus détaillées, il semble y avoir un écart entre la perception et la réalité », soutient Emna Braham, directrice adjointe de l’Institut du Québec, lors d’une entrevue avec La Presse.

« Par exemple, en ce qui a trait à la vision d’affaires, les intérêts des actionnaires et la génération de profits restent la priorité », poursuit-elle.

Plusieurs gestionnaires et propriétaires de PME perçoivent aussi que s’ils adoptent des pratiques plus responsables socialement, ils pourraient être pénalisés sur le marché si leurs compétiteurs ne font pas la même chose, ils pourraient perdre en compétitivité.

Emna Braham, directrice adjointe de l’Institut du Québec

Les PME sondées ont de bonnes intentions, mais ne savent pas comment aller plus loin dans leurs démarches de responsabilité sociale. L’étude indique que 30 % d’entre elles ne peuvent y allouer davantage de ressources financières et humaines, que 18 % doivent mobiliser leurs efforts vers d’autres priorités et que 8 % ne savent tout simplement pas comment s’y prendre.

Or, elles devront trouver des solutions, car les critères RSE sont dans l’air du temps et la pression pour transformer les pratiques des entreprises s’accentue. « On peut penser aux investisseurs qui intègrent des critères sociaux et environnementaux dans leurs investissements, aux gouvernements ici et à l’étranger qui investissement dans la lutte contre les changements climatiques, observe Emna Braham, et aux employés qui, dans un contexte de pénurie, vont être attirés par une entreprise ayant une marque employeur forte avec une raison d’être claire ainsi qu’une mission sociale et environnementale. »

Sources de motivation

Plusieurs éléments pourraient motiver les PME à réaliser leurs ambitions en matière de RSE, précise le sondage. Les gestionnaires et dirigeants ont mentionné le soutien financier (46 %), un plus grand degré d’adoption de ces pratiques par leurs concurrents (37 %), davantage de connaissances, d’expertise et d’accompagnement sur la question (36 %), une législation et des normes imposées par le gouvernement (34 %) et une meilleure intégration des objectifs RSE au cœur de leur entreprise (32 %).

D’où l’importance de renforcer l’écosystème de soutien aux PME afin que la responsabilité sociale devienne un levier stratégique pour leur développement, constate de son côté le professeur Luciano Barin Cruz, directeur au Pôle IDEOS de HEC Montréal.

Le sondage a été réalisé avec le soutien financier de Fondaction et Boralex, auprès de 216 gestionnaires de PME québécoises comptant entre 25 et 249 employés. Il s’inscrit dans le cadre d’une étude plus large, publiée prochainement, qui explore ce qui freine les PME dans leurs démarches de responsabilité sociale, tout en proposant des pistes de solution pour les aider à aller plus loin.