L'INNOVATION: Amilia offre aux organismes communautaires et aux clubs sportifs une plateforme transactionnelle et de gestion adaptée à leurs besoins bien spécifiques.

Depuis trois ans, l'entreprise se tourne vers les municipalités en mettant au point un tableau de bord regroupant tous les organismes clients de leurs infrastructures, ce qui permet d'en optimiser l'utilisation et d'en contrôler les coûts. C'est ce qu'on appelle le « loisir intelligent ».

QUI ?

François Gaouette, fondateur et président d'Amilia, vient du monde du capital de risque. Il a eu l'idée en 2008 de mettre sur pied une plateforme de gestion et d'inscriptions en ligne qui permettrait, à moindre coût, aux milliers d'organismes et de clubs sportifs en Amérique du Nord d'avoir une présence sur le web.

« Je n'ai jamais rien vendu de ma vie, précise-t-il. J'ai eu une vision : ça ne devrait pas être plus difficile d'acheter un cours de natation qu'un livre sur Amazon. Si mon club de soccer ou mon centre sportif ne permet pas aux gens de s'inscrire, de trouver les activités, d'interagir via le web, ils sont morts. »

Une décennie plus tard, quelque 600 organismes, la majorité au Québec, le reste au Canada et dans de petites villes des États-Unis, utilisent ce que son fondateur appelle « le Shopify des organismes communautaires ». Ils peuvent utiliser gratuitement Amilia pour leur gestion hors ligne et paient 99 $ par mois, plus 1 % des transactions, pour les inscriptions en ligne. Amilia compte près d'une centaine d'employés sur deux étages d'un édifice très prisé par les jeunes entreprises, rue Richardson dans Pointe-Saint-Charles.

LE PRODUIT

Le « loisir intelligent », c'est une plateforme centralisée qui permet aux municipalités de gérer l'occupation de leurs édifices - arénas, gymnases, piscines, terrains de sport - par les dizaines, voire les centaines d'organismes qui les utilisent. Pour y arriver, ces organismes doivent eux-mêmes utiliser la plateforme Amilia, qui combine ensuite toutes les informations et en offre une synthèse.

Il s'agit d'une petite révolution dans cet univers « plutôt conservateur, où tout est basé sur des fichiers Excel », dit M. Gaouette. Il est par exemple très difficile pour une municipalité de connaître exactement la disponibilité de ses infrastructures sportives, dont les horaires sont souvent chamboulés et confiés à des organismes aux méthodes fort différentes.

Ce tableau de bord peut en outre être utilisé par le citoyen qui tente de répertorier les activités offertes dans son quartier, ou qui cherche une activité spécifique parmi toutes celles qui sont offertes dans les édifices municipaux.

« Aujourd'hui, essayez de trouver sur le web ce qui se passe autour de chez vous, vous n'allez rien trouver ; ça n'existe pas, note M. Gaouette. Mon travail à moi est d'essayer de regrouper ça. Il y a tout cet échange d'information qui ne se fait pas. Tout se fait dans des fichiers Excel. »

L'AVENIR

Le marché visé par Amilia est « gigantesque », dit son PDG, qui l'évalue à 240 milliards aux États-Unis seulement. « On a beaucoup de succès avec les organismes », précise-t-il. L'étape suivante, la séduction des municipalités avec le « loisir intelligent », est nettement plus ardue. « On y va par étapes : on courtise les petites villes au Québec et aux États-Unis. Montréal-Ouest a commencé à utiliser notre plateforme, avec quatre ou cinq organismes. Mais il n'y a pas encore toute l'interconnexion de l'intelligence. »

On a fait une croix sur Montréal, indique le PDG, tant l'ampleur du défi d'intégrer les arrondissements, les organismes et l'administration centrale s'est avérée insurmontable.

« Le plus gros défi, ajoute-t-il, c'est d'acquérir de la notoriété. Et il y a toute la logique des appels d'offres : c'est impossible qu'une ville demande cette plateforme-là puisqu'elle ne l'a jamais vue. Ce n'est pas un pont, c'est un logiciel. »

Plus concrètement, Amilia doit composer avec la rareté de la main-d'oeuvre pour réaliser ses ambitions. « J'ai 42 postes pour des développeurs, j'en ai présentement 27 ou 28. Notre objectif est de bâtir une entreprise de classe mondiale et pour ça, il faut attirer les talents. »

Source: Amilia

Saisies d'écran de la plateforme Amilia.

Source: Amilia

Saisies d'écran de la plateforme Amilia.