Pour la troisième année de suite, le magazine Robotics Business Review a classé Robotiq, de Lévis, parmi les 50 entreprises les plus influentes de l'univers de la robotique, en compagnie de géants comme Alphabet (Google), Toyota, Samsung, Amazon et Microsoft.

L'entreprise d'environ 25 employés est née en 2008 d'un essaimage du Laboratoire de robotique de l'Université Laval, que fréquentaient les trois cofondateurs Samuel Bouchard, Jean-Philippe Jobin et Vincent Duchaine.

« Nous voyions nos collègues partir pour aller faire de la robotique ailleurs ou rester au Québec et faire tout sauf de la robotique, et nous en sommes venus à la conclusion qu'il fallait lancer notre entreprise. » - Samuel Bouchard, cofondateur de Robotiq

Les jeunes entrepreneurs obtiennent de l'Université une licence pour sa technologie de main robotisée, pour laquelle ils entrevoient des usages industriels, en particulier dans le domaine de la construction automobile, l'une des industries les plus robotisées.

« En 2008, ce n'était pas le meilleur temps, se souvient M. Bouchard. L'industrie automobile était en pleine crise. Mais nous étions encore en développement, nous n'avions rien à vendre. »

La première version commerciale a vu le jour en 2010 et a rapidement trouvé une clientèle... dans des centres de recherche sur la robotique.

« Ce sont des ventes, mais nos robots n'étaient pas employés dans les usines de production. Ils étaient dans tous les plus gros laboratoires de robotique du monde. Nous étions fiers, mais ce n'est pas ce que nous voulions. »

L'équipe est donc retournée à sa planche à dessin pour en venir à une deuxième version simplifiée. Et voilà que celle-ci trouve sa niche un peu partout.

« Ce n'est pas une industrie en particulier, dit M. Bouchard. Il y a l'automobile, mais aussi l'électronique et les biens de consommation. Nous sommes présents tant dans des entreprises énormes que dans des PME. Le cycle de vie des produits est devenu beaucoup plus court, les entreprises veulent de la flexibilité dans leur chaîne de montage, et c'est ce que notre main robotisée leur offre. »

FLEXIBILITÉ ET FACILITÉ

C'est en effet l'une des grandes forces de la main produite par Robotiq : sa capacité à manipuler plus d'objets différents que ses rivales, peu importe leur taille ou leur forme.

Sa flexibilité vient aussi de sa facilité de programmation.

« C'est très plug and play, fait valoir M. Bouchard. C'est important quand on pense que plusieurs entreprises l'installent pour faire de la soudure, parce que les soudeurs sont rares. Mais elles ne sont pas avancées si la programmation de la main est compliquée, parce que les gars capables de le faire sont encore 10 fois plus rares que les soudeurs. Notre vision, c'est donc d'automatiser non seulement la tâche sur le plancher, mais aussi celle de celui qui programme le robot. »

L'entreprise exporte actuellement environ 95 % de ses produits, principalement aux États-Unis (40 %), en Europe (40 %) et en Asie (20 %).

La Chine est le plus grand acheteur de robots, mais Robotiq se concentre beaucoup sur les États-Unis et l'Allemagne. C'est que les avantages de son produit se font surtout sentir dans des entreprises qui en sont rendues à un deuxième ou un troisième stade de robotisation, plutôt qu'à leurs premières armes.

« D'où notre intérêt pour l'Allemagne, c'est de là que vient notre plus grosse croissance actuellement », confie M. Bouchard.

PHoto fournie par Robotiq

Samuel Bouchard, cofondateur de Robotiq, de Lévis

Robotiq

Qui 

Samuel Bouchard, Jean-Philippe Jobin, Vincent Duchaine et environ 25 employés

L'idée 

Une main robotisée

L'ambition 

Libérer les mains humaines de tâches ennuyeuses et dangereuses. « Encore aujourd'hui, quand on se promène dans une usine et qu'on voit un travailleur assis à faire une tâche répétitive, ça nous fait mal. On est convaincus qu'il peut en faire plus, autant pour lui que pour l'entreprise. »

Ils y croient et y ont investi de l'argent 

Les trois cofondateurs et certains employés par l'entremise d'un programme de coopérative.